:pirat:
Puisque c'est Noël......
La découverte du Bismarck par le Catalina du commandant Dennis Briggs. Tableau de Wes Lowe (collection personnelle)
8h46 :
Brusquement l’opérateur radio surgit sur la passerelle du King Georges V, il est surexcité :
—Sir, le Bismarck vient d’émettre en clair !
—Alors vous avez sa position ?. Demande Tovey.
—L’amirauté ne nous a transmis que les indications de relevé.
—Nous allons faire les calculs nous même. Intégrez les relevés à ceux de nos destroyers (équipés de dispositifs de recherche par radiogoniométrie), ainsi nous aurons un point plus précis.
Malheureusement pour Tovey, une erreur de calcul place le Bismarck à 90 milles plus au nord de sa position réelle. Tovey convaincu que le Bismarck va regagner la Norvège ordonne de mettre le cap au nord-est et fait envoyer le message suivant :
—« Par radiogoniométrie, estimons position ennemie le 25 à 9h52 ; 57°latitude nord et 33°longitude ouest. Toutes les forces coalisées dans cette direction pour recherche ».
11H30 :
Toute la flotte Britannique fonce à toute vapeur dans la direction opposée à celle du Bismarck.
A bord du Rodney , le capitaine Dalrymple- Hamilton est perplexe :
—Nos calculs ne collent pas avec ceux de Tovey, les Allemands ne peuvent être à la position indiquée. Pour moi le Bismarck fait route vers la France.
Hamilton passe outre les ordres et le Rodney maintient son cap.
11h58 :
Tovey se rendant compte de son erreur, donne l’ordre suivant :
—« Agissez comme si l’ennemi se dirigeait vers le Golfe de Gascogne »
Wellings et Gatacre sur le Rodney, peuvent se féliciter d’avoir eu raison depuis le début.
Mais le temps que les navires anglais virent de bord, le Bismarck a pris une avance de 150 milles. De plus toutes les forces en présence se trouvent plus ou moins à court de carburant et doivent relâcher dans les ports les plus proches.
Le Prince of Wales, le Victorious, le Repulse et le Suffolk deviennent hors course. Le Ramillies reçoit l’ordre d’escorter le Britannic.
Tovey se retrouve seul avec le King Georges V et le Rodney, ce dernier pouvant éventuellement intercepter le Bismarck grâce à l’insubordination de son commandant.
De son côté Wake-Walter refuse de ravitailler. Il décide quoiqu’il en coûte d’accompagner Tovey avec le Norfolk.
—Mais commandant si nous nous trouvons en panne de mazout ?. Objecte un officier.
—Hé bien, nous nous ferons remorquer !
Reste tout de même la force H qui continue à foncer vers le nord.
21h :
Le Rodney qui a poussé ses machines toute la journée vers le nord-est, oblique vers l’est.
Churchill dans son bureau des Chequers est pendu au téléphone. Il a demandé à toute la Home-Fleet de prendre la mer contre le Bismarck.
« Coulez le Bismarck » devient un leitmotiv sur les ondes. Il faut dire qu’un échec pourrait coûter cher au premier ministre. Sans compter le coup terrible porté au moral de la marine anglaise. En cet instant Churchill à fait du naufrage du cuirassé une priorité nationale. Si le Bismarck atteint Brest, Il est plus que probable que la RAF va le bombarder chaque nuit, faisant fi des pertes dues à la Luftwaffe. La situation deviendra intenable pour les allemands (comme ce fut réellement le cas)* l’homme à déjà donné des ordres en ce sens.
En outre l’amirauté puisant dans les réserves, racle tous les fonds des ports pour rajouter 6 destroyers à la chasse au Bismarck.
Tandis que le Rodney et le King Georges V traversent des eaux infestées d’U boats. Les destroyers Cossack,Sikh et Zulu recoivent l’ordre de rejoindre le King George V.
—Le Maori et le Piorun (Polonais) doivent rejoindre le Rodney. Précise Tovey
26 mai 3h30 :
Un hydravion Catalina décolle de Lough Erne au nord de l’Irlande. A son bord se trouve Leonard B.Tuck Smith de l’US Navy « en détachement illégal »( pour instruire les pilotes anglais) et le commandant Dennis Briggs. Il y a également 8 autres membres d’équipage à bord.
Le Catalina vole vers l’ouest en direction de sa zone de recherche.
Au bout de 3 heures de vol de nuit, les visages sont gonflés par le manque de sommeil. Les paupières lourdes, Smith penche de plus en plus vers les instruments :
—Ce vol est interminable commandant !. Lance Smith à travers le bourdonnement des moteurs.
—Ca ira mieux à l’aube, vous verrez ! répond Briggs.
6H30 :
L’apparition du « cuistot » avec ses œufs au Bacon est nettement appréciée par l’américain qui avale littéralement son petit déjeuner :
—Je dois dire que vous autres Britanniques savez vivre.
—Merci, vous savez à bord il y a tout ce qu’il faut pour rendre ces longs vols agréables.
Tandis que « Georges » le pilote automatique maintient le Catalina à 500 pieds, les 2 pilotes se dévissent la tête afin de percer les nuages.
—Vous pensez qu’on trouvera le Bismarck ?. Demande Smith.
—Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.
10H30 :
Une forme noire de la taille « d’une boite à cigare » apparait sur la mer entre deux nuages.
—« Qu’est ce que c’est que ce truc ? ». Demande Smith.
—« on dirait un navire de guerre ». Ajoute t-il.
—Il n’a pas de destroyer d’escorte, c’est probablement un Allemand. Répond Briggs.
—Vous pensez que c’est le Bismarck commandant ?.
Soudain des éclats d’obus font trembler la carlingue du Catalina.
—Je crois que vous avez votre réponse !. Crie Briggs.
Les deux hommes décident de descendre et tourner autour de la poupe pour confirmation. Mais ayant mal jugé leur altitude, l’hydravion surgit brusquement à la verticale du cuirassé qui tire de toutes ses pièces.
—On va y laisser notre peau !. Crie Smith.
L’hydravion tremble sous les impacts. Un homme qui dormait dans sa couchette est projeté au sol. La coque est percée comme une écumoire. Le gabier devant sa vaisselle casse des assiettes en porcelaine à son grand désespoir.
—Prenez les commandes et remontez ! ordonne Briggs en se dirigeant vers la table de l’opérateur radio pour lancer un message.
Les 2 moteurs à fond, Smith bascule l’avion sur l’aile et tire sur le manche comme un forcené. A cet instant un obus traverse l’espace entre les 2 pilotes !.
Mais le Catalina bien que touché se retrouve à l’abri des nuages. Par miracle personne n’est blessé et l’avion réussit à rentrer.
(*) Brest devint intenable pour la marine allemande, tant elle fut bombardée pendant la guerre. Seuls les abris pour sous-marins résistèrent.
A+
joyeux Noël à tous!