salanon 123 a écrit: Les avions au plafond,j·ignorais ( calcul des risques ??..) et superbe ascenseur ...
Vous aurez remarqué que toutes les photos montrant des avions suspendus au plafond du hangar datent, au plus tard, d'octobre 1941, un mois avant l'entrée en guerre.
Cette pratique permettait de dégager de la place dans le hangar. Elle sera bien évidemment supprimée au début des opérations en 1942, à l'exception probable du Raid sur Tokyo. Là, les B-25 ne devaient pas revenir et le Hornet devait pouvoir disposer de son parc aérien complet en cas d'attaque sur le chemin du retour.
Puisque vous me tendez la perche, un petit topo sur les hangars ouverts et non protégés (USNavy) contre les hangars fermés et ponts protégés (Royal Navy).
Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer la résilience des PA américains était très forte malgré le pont d'envol non protégé :
- Une bombe passant au travers explosait au contact du pont du hangar, celui-là blindé. Le souffle de l'explosion, certes, détruisait les avions à l'intérieur, mais était évacué par les ouvertures. Tout le monde sait qu'une explosion dans un espace fermé a un effet dévastateur, contrairement à un espace ouvert.
- A l'exception des Lexington et Saratoga les PA américains ravitaillaient et armaient leurs avions sur le pont d'envol pour limiter les risques d'incendie. Les japs, eux, réalisaient ces préparations dans le hangar, fermé de surcroît, avec les conséquences fatales qu'on a vu à Midway. Seul, l'Hiryu était expérimentalement équipé pour ravitailler sur le pont d'envol.
- Une preuve par les faits ? Le 19 mars 1945 quand l'USS Franklin fut touché par deux bombes de 250kg, celles-ci furent activées par le pont d'envol et explosèrent dans le hangar. Au-dessus du pont du hangar, blindé, tout fut la proie des flammes et complètement démoli mais en dessous (machines, soutes à munitions) presque tout fut épargné et le PA put rejoindre Brooklyn via Ulithi, Pearl Harbor et Panama par ses propres moyens.
Ici un plan des dommages subis par le Franklin qui parle de lui-même :
- Les Illustrious anglais avaient un pont blindé et un hangar fermé : quand une bombe de Stuka passait au travers et explosait dans le hangar l'effet de souffle déformait les parois et le toit.
- Un pont non blindé était facile à réparer en cas de trou causé par une bombe (le Yorktown réparé en 48h avant Midway). Un pont blindé à l'anglaise nécessitait le retour dans un chantier pour être réparé.
Enfin une considération qui n'a pas échappé à l'époque aux ingénieurs qui calculaient ces structures :
Un navire dans la houle peut être comparé à une poutre-caisson (on parle de "poutre-navire") qui subit des flexions dans les deux sens concave et convexe selon qu'il se trouve entre deux lames ou au sommet d'une autre.
La rigidité de la poutre dépend surtout de ses deux faces opposées, en haut et en bas. Ici elle se joue entre la quille et le pont blindé.
- Si celui-ci est le pont du hangar la rigidité est assurée entre la quille et lui, le pont d'envol ne jouant aucun rôle mécanique. Équipé de joints d'expansion il absorbe les déformations sans problème. S'il est endommagé, la rigidité globale de la poutre-navire n'est pas impactée. Le centre de gravité du navire est plus bas, améliorant la stabilité, d'autant que la fonction du navire impose un pont d'envol le plus haut possible au-dessus de l'eau pour épargner les paquets de mer aux fragiles avions.
- Si celui-ci est le pont d'envol la rigidité est assurée entre la quille et lui et amène un centre de gravité plus haut. S'il est endommagé la rigidité de la poutre-navire est affaiblie. Dans le contexte de limitation du tonnage total en vigueur depuis 1921, y compris dans la conception des Essex et Illustrious, on ne pouvait "rester dans les clous" qu'en abaissant la hauteur du pont d'envol sur l'eau pour économiser du poids... et le navire devenait "humide". Ce fut l'un des grand défauts des Illustrious et des Midway américains (ce dernier le premier conçu en s'affranchissant des limitations) qui "plongeaient" facilement. Sur les PA anglais on économisait du poids et de la résistance en abaissant la hauteur du hangar, si bien que les Corsair de la Fleet Air Arm durent être modifiés -saumons d'aile rognés- car il ne rentraient pas dedans ailes repliées. Pendant l'Affaire de Suez les Corsair derniers modèles ne rentraient plus du tout et restèrent stockés sur le pont durant toute l'opération.
En 1953 l'HMS Indomitable (classe Illustrious) fut victime d'un gros incendie dans le hangar. Après réparation il fut constaté que la structure du navire avait été déformée et ce problème condamna le porte-avions qui devait être pris en charge quelques années plus tard pour une reconstruction à la manière du Victorious.
De nos jours on combine le pont blindé et le hangar semi-ouvert (accès aux ascenseurs), mais on s'est débarrassé de la limite de poids en passant de 36 000t (Essex) à 42 500t (CdG) et 102 000t (Bush), on utilise des aciers spéciaux non disponibles à l'époque et on sait mieux "jouer" avec la souplesse d'une structure, donc on peut renforcer comme on veut, on a de la marge.
(Sources : nombreux bouquins de Friedmann, Tully, Hobbs, Jordan)_Bruno
Dernière édition par bgire le Dim 26 Avr 2020, 20:53, édité 2 fois
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Hi Bob!
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases
Si Vis Pacem Parafilmum
La sous-couche, c'est un apprêt que l'on met avant
Si on bricolait plus souvent on aurait moins la tête aux bêtises
Omnes stulti, et deliberationes non utentes, omnia tentant
Une journée au cours de laquelle on n'a pas ri est une journée perdue
Espérons que le fond de la mer est étanche
Oh, ça c'est le Quacta qui se moque du Stifling
Telle est la Voie !