denis25 a écrit: Ce que l'on peut comprendre, c'est que ces magnifiques bâtiments sont devenus totalement obsolètes avec l'avènement de l'aéronavale. Les japonais pensaient encore aux combats entre cuirassés, mais c'est avec leurs avions qu'ils ont attaqué Pearl Harbour et engagé la bataille de Midway.
Si on excepte les théories du colonel Mitchell en 1921 (celui qui a donné son nom au B-25) qui a démontré qu'un avion pouvait couler un cuirassé (il n'a pas été pris au sérieux), ce sont les anglais qui les premiers ont validé la supériorité de l'aviation sur le cuirassé avec l'attaque de la flotte italienne à Tarente en 1940. Curieusement l'évènement n'a pas été bien compris et on a mis le succès de l'opération sur le fait que les navires étaient au mouillage (comme dans le cas de Mitchell, d'ailleurs).
Cela n'a pas échappé à Yamamoto qui a réitéré l'opération à Pearl Harbor avec le succès que l'on sait 18mois plus tard... mais toujours sur des navires à l'ancre.
C'est dans ce manque de vision que je vois l'erreur fatale anglaise d'envoyer le KGV et le Repulse sans protection aérienne dans des eaux ennemies : là, les anglais ont appris dramatiquement que la supériorité de l'avion était avérée et définitive. Cette supériorité a été enfin consacrée lors de la bataille de la Mer de Corail en mai 42, premier affrontement au cours duquel les deux flottes ne sont jamais venues en vue l'une de l'autre.
Les japonais -et les autres- ont continué de construire des cuirassés (jusqu'au Vanguard anglais et Jean Bart français) à la fois par "habitude" mais surtout parce que celui d'en face en construisait un plus gros que le précédent. C'est ce que j'appelle l'inertie dans une course à l'armement : c'est très difficile à ralentir ou arrêter car cela suppose que le gars d'en face en fait autant.
denis25 a écrit: De plus ces grosses pièces d'artillerie pouvaient faire des dégâts autant à l'ennemi (croiseur de bataille Hood) qu'au bâtiment lui-même
L'exemple le plus frappant est celui du Rodney. Celui-ci était en partance pour une refonte aux USA lorsqu'il a été détourné pour tenter d'intercepter le Bismarck. Il y avait même de l'équipement -pom-pom- en caisse sur le pont pour installation là-bas, ainsi que des passagers militaires US qui rentraient aux States et vécurent l'action en spectateurs.
Le Rodney fut "l'exécuteur" principal du Bismarck avec ses neuf pièces de 406 et tira dessus sans discontinuer pendant le combat final, ravageant ses superstructures et tuant les officiers sur la passerelle.
A la fin du combat, le Rodney présentait des dommages très importants un peu partout... dommages uniquement provoqués par son propre tir.
Il ne fut touché que quatre fois par le Bismarck, à chaque fois sans gravité par les canons de 150.
Voici un témoignage de l'officier américain Miller présent à bord (ma traduction) :
Les dommages causés par le choc des départs de salves furent considérables, entrainant un inconfort pour l'équipage et beaucoup de travail pour rendre des compartiments à nouveau habitables.
Le parement de carrelage dans les salles d'eau, WC et lavabos était fracturé dans tout le navire. Les urinoirs descellés, les conduites d'eau rompues et les douches inondées.
Des poutres longitudinales étaient rompues ou fissurées dans plusieurs endroits du navire et durent être débarquées. Note : le Rodney était construit avec une structure longitudinale et non transversale comme il se pratique le plus souvent. Quelques ponts étaient fracturés et beaucoup d'infiltration apparut là où des rivets avaient sauté ou pris du jeu. Tous les compartiments du pont principal étaient plus ou moins inondés. Les Britanniques n'utilisent pas d'écouvillon (swabs) mais des chiffons mouillés (wet rags) pour éponger l'eau, ce qui demande beaucoup plus de travail avec un résultat moins efficace.
Beaucoup de tuyauterie et équipement en pièce de fonderie fut brisé, entrainant des inondations.
L'éclairage électrique était en service pendant l'action. Toutes les ampoules électriques furent désintégrées et certaines se décrochèrent, laissant pendre des fils non isolés un peu partout.
Des cloisons, des meubles, des armoires et autre équipement se détachèrent, causant des dommages aux structures permanentes quand le navire roulait.Pour finir un petit film anglais sur la démolition du Vanguard :
https://www.youtube.com/watch?v=Db6bgu0gs-g#t=512
_Bruno
_________________
Hi Bob!
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases
Si Vis Pacem Parafilmum
La sous-couche, c'est un apprêt que l'on met avant
Si on bricolait plus souvent on aurait moins la tête aux bêtises
Omnes stulti, et deliberationes non utentes, omnia tentant
Une journée au cours de laquelle on n'a pas ri est une journée perdue
Espérons que le fond de la mer est étanche
Oh, ça c'est le Quacta qui se moque du Stifling
Telle est la Voie !