Bonsoir,
En accord avec papylolo85 je vous poste ici un résumé-bilan de ce qui peut aider notre ami Lionel dans sa réalisation.
J'ai conscience que les infos apportées durant ces derniers jours ont été réparties sur deux sujet dans ce forum, alors je rapatrie tout sous le même toit pour plus de clarté.
Pour ceux qui ont suivi depuis le début il y a des redites, mais j'ai ajouté quelques détails et photos.
1- La genèse de Lex et Sara. Là, je fais court mais c'est pour pointer des particularités qu'on retrouve presque toutes sur cet excellent kit.Les deux PA sont des croiseurs de bataille mis en chantier en 1917 et dont la construction a été interrompue par le traité de Washington. Pour l'époque, ce sont des monstres, très grands et puissamment armés et leur fonction de croiseur de bataille (= cuirassé très rapide) entraine des lignes d'eau très fines aux deux extrémités. A l'époque de la conception (1916) on ne maitrise pas encore la propulsion par turbine de grande puissance. Les ingénieurs buttent sur le réducteur qui n'est pas assez costaud en sortie de turbine.
Comme pour les cuirassés de la classe Colorado construits en même temps on opte pour une propulsion turbo-électrique. Pas moins de 16 chaudières envoient de la vapeur à quatre grosses turbines qui entrainent des alternateurs hors norme pour l'époque.
Le courant actionne huit gros moteurs électriques à cage d'écureuil (deux par arbre) qui fonctionnent avec la même puissance en avant ou en arrière.
Le grand nombre de chaudières implique beaucoup de conduits d'évacuation. Le projet de 1916 comportait 7 cheminées en quinconce, réduites à deux grosses dans celui mis en chantier. Le porte avions impliquera de rassembler les évacuations en une énorme cheminée, très haute, mais qui sera rabaissée sur Sara en 1943. Pour la hauteur, Tamiya n'a pas commis la même erreur que Fujimi il y a 40 ans.
Dès la construction des croiseurs de bataille on intègre deux bulges pare-torpille de chaque côté qui n'étaient pas sur le projet d'origine de 1916.
A l'époque on pense que le porte-avions ne pourra pas se défendre tout seul avec ses avions contre une attaque de surface. L'expérience de Billy Mitchell qui coula à la bombe l'ex cuirassé allemand Ostfriedland pour démontrer la puissance de l'aviation est toute fraiche (1921) et n'a pas encore commencé à faire bouger les lignes. On équipe donc le navire de quatre tourelles doubles de 203mm, un ensemble très lourd et dont le souffle des tirs va perturber les activités sur le pont d'envol et ses biplans fragiles et légers.
Pour compenser, on étend le bulge bâbord vers le haut. Le kit Tamiya représente très bien sa partie émergée.
On voit ici en rouge les bulges originaux, en bleu l'extension ajoutée pour compenser le poids de l'ensemble îlot, armement et cheminée et en vert le gros bulge ajouté pendant la refonte de 1943 pour compenser les modification importantes.
Avec ces ajouts, la carène est désormais asymétrique et le gouvernail doit être braqué à bâbord de 3° pour que le navire avance droit. Mais la puissance électrique est telle qu'il n'est pas gêné.
Le pont d'envol est une zone expérimentale et sera beaucoup modifié jusqu'en 1945.
Deux ascenseurs :
- à l'avant, un ascenseur principal en "T" et en deux parties. La "barre du T" est la partie principale et la "jambe du T" deux panneaux qui sont ouverts quand l'avion est trop long, comme le bombardier biplan Martin BM-1. Après l'attaque kamikaze de février 1945 cet ascenseur sera remplacé par un ascenseur standard pour porte-avions Essex, plus grand et surtout plus rapide.
- à l'arrière un ascenseur secondaire rectangulaire qui sera condamné en juillet 1944 car peu fiable et supprimé en mai 1945
Ici un Wildcat sur l’ascenseur avant : comme il n'est pas bien grand le panneau correspondant à la "jambe du T" est resté fermé. Cela veut dire que si Lionel veut le représenter en position baissée, il doit laisser en place cette partie qui ne descend pas :
Le plancher : le plancher est atypique et reflète les expérimentations. Il est transversal comme sur tous les PA américains. Il comprend des points de saisine individuels encastrés dans le bois et espacés selon un réseau avec un pas de 48 pouces (non représenté sur le kit Tamiya).
Quatre bandes de trois planches courent le long du pont et correspondent aux quatre lignes de guidage peintes pendant les années trente. Le kit Tamiya ne représente pas ces lignes, mais sur ces photos elles sont bien visibles :
Est-ce que le pont en bois de Pontos les représente ? Il me semble qu'on en avait causé il y a deux ou trois ans avec Kim lors d'un salon de Telford. J'étais alors en compagnie de Pierre Marchal qui est aussi un "spécialiste" de Sara.
Le kit représente fidèlement, par contre, les deux zones obliques à l'avant, qui sont des "patchs" recouvrant l'emplacement des catapultes installées au début de la carrière. Ces catapultes (et bandes) sont convergentes.
Par-dessus/ au travers, le kit représente bien les deux catapultes montées en 1942-43 et qui sont parallèles.
2- Les modifications tardives (44-45) de Sara :Comme Lionel est parti sur une version fin 44 ou début 45 je vais simplifier.
Le kit Tamiya est clairement ciblé pour la période septembre 1944 au 21 février 1945.
En 1943-44 Sara est peint en Measure 21 (Navy Blue) et revient de son détachement avec l'Eastern Fleet anglaise (qui comprend le Richelieu) fin juin 1944.
Sara sort de refonte à Bremerton en septembre 1944 :- Il porte une
livrée 3 tons appelée Measure 32-Design 11A (le seul à porter ce schéma). Les couleurs sont Noir, Ocean Gray et Light Gray. Ce schéma est appliqué tardivement : il est conçu pour tromper les sous-marins mais les américains réalisent que ce danger n'est plus très important et bientôt supplanté par le danger kamikaze qui débutera le 25 octobre.
Sara appareille pour Pearl Harbor le 22 septembre où il va passer deux mois d'entrainement pour sa nouvelle mission : la chasse et le bombardement de nuit avec la Carrier Division 11. Les américains veulent rationaliser l'organisation de la flotte et utiliser seulement deux types de navire pour les opération aériennes de jour : les Essex et les petits Independence qui sont maintenant en nombre suffisant. Sara et Big E (Enterprise CV-6) sont vieux et atypiques et sont relégués à la nouvelle fonction de nuit.
Pendant cette période il embarque des avions en version "N" (night), Hellcat et Avenger, peint uniformément bleu foncé (Non specular sea blue) mais sans marque de groupe aérien. J'ai encore un doute, faute d'iconographie, pour la déco des Avenger pour ces deux mois seulement (septembre et octobre). L'Enterprise, à la même époque et dans la même fonction et même division embarque des Avenger en déco 3 tons. A partir de janvier 45 la couleur est bleu.
Début novembre 44, Sara passe au bassin à Pearl pour deux semaines préparation au combat et réparations après collision avec le destroyer Clark.
Il est repeint en Measure 21 : entièrement Navy Blue.
Il reçoit un faux ascenseur avant peint devant celui en "T". Les kamikazes frappent durement depuis un mois et cela fait partie des premières mesures adoptées pour les détourner des ascenseurs.
Le PA appareille dans cette configuration pour Ulithi le 29 janvier 1945.
Le même jour son groupe aérien, le CVG(N) 53 est créé.
Les avions sont des Hellcat F6F-5, F6F-5N et Avenger TBM-3D.
Il embarque 53 Hellcat et 17 Avenger.
Ils sont peints en bleu foncé et portent la marque du CVG 53, un V blanc inversé sur les deux côtés de la dérive et le dessus de l'aile droite.
Un Hellcat F6F-5 (sans le radar de nuit) dans cette livrée le 21/02/1945 :
Puis il prend sa place dans l'opération autour d'Iwo Jima.Il forme avec l'Enterprise la Night Carrier Division 7 qui fournit la couverture aérienne de nuit sur Iwo et Chichi Jima.
Le 21 février 1945, profitant du plafond bas (photo ci-dessous) un groupe d'avions japonais le touche de cinq bombes en trois minutes. Trois avions s'écrasent sur le pont d'envol.
Très endommagé (192 morts), il quitte le front et retrouve Bremerton le 16 mars. La guerre est finie pour lui et son groupe aérien est dissout ce même jour.
Sara est peint en Navy Blue. Ici le 21 février 45 pendant l'attaque :
Sara ressortira des chantiers pour essais fin mai 1945. Il est maintenant transformé en porte-avions d'entrainement et n'est plus combattant (en plus une tourelle de 127 a explosé lors d'un tir d'essai).
Cette configuration est assez différente de celle du kit :
- ascenseur arrière supprimé, son puits transformé en logement pour les élèves pilotes.
- une partie du hangar transformée en salles de classe.
- 5 000 pieds carrés de son pont, en avant de l'ascenseur avant sont reconstruits avec un standard "Essex" : plancher transversal avec des bandes métalliques de points de saisine espacées.
- l'ascenseur avant est remplacé par un équipement commun avec les Essex (plus grand).
- une petite plateforme est aménagée à bâbord en face de la cheminée : elle sert à balancer à la mer les avions endommagés à l'appontage (aircraft jettison platform).
Sur cette vue verticale on voit le nouvel ascenseur avant :
Après la capitulation japonaise Sara est encore utilisé pour rapatrier les combattants du front au cours de l'opération Magic Carpet. Le hangar est maintenant totalement équipé de bannettes pour les 5 000 passagers :
Un an plus tard, Sara est désigné pour expérimenter les effets d'une explosion nucléaire sur une flotte au mouillage. Il est amené dans le lagon de Bikini.
La première explosion (tir Able) est aérienne. Une bombe largué d'un B-29. Le souffle et la chaleur abattent une partie de la cheminée et mettent le feu au pont en teck. Sara flotte toujours.
Le deuxième tir (Baker) est sous-marin, la bombe étant 370m du porte-avions. L'effet de bélier de l'onde de choc est terrible et écrase le grand bulge tribord, abattant ce qu'il reste de la cheminée. Sara ne coule pas mais prend l'eau par les bordés disjoints et enfoncés. Il est trop radioactif pour qu'on intervienne et coule le lendemain par 40m de fond.
Il reste là, posé bien à l'endroit. Un demi siècle plus tard la radioactivité des eaux ayant baissé, des plongées sont autorisées sur l'épave et depuis 2011 Sara devient un lieu de plongée incontournable chez les spécialistes.
Un dessin de l'épave qui montre bien le bulge tribord écrasé par l'explosion et l'arrière du pont enfoncé par les immenses retombées d'eau :
_Bruno
_________________
Hi Bob!
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases
Si Vis Pacem Parafilmum
La sous-couche, c'est un apprêt que l'on met avant
Si on bricolait plus souvent on aurait moins la tête aux bêtises
Omnes stulti, et deliberationes non utentes, omnia tentant
Une journée au cours de laquelle on n'a pas ri est une journée perdue
Espérons que le fond de la mer est étanche
Oh, ça c'est le Quacta qui se moque du Stifling
Telle est la Voie !