Serge, il faut que tu t'offres le dernier hors série d'Aéro jurnal, en kiosque en ce moment. Il est entièrement dédié au Corsair (sans E à la fin pour le Navion).
Ces photos, Bruno, sont sensationnelles. On ressent vraiment l'ambiance du bord.
Lors de la visite de l'amiral "Brit", il est rigolo de noter la nonchalance du garde à vous des matafs en arrière plan. Chose inconcevable en temps de paix, mais que l'on voit sur l'ensemble des photos des marines alliées au cours de cette période.
Ah, le boulot de "propagandiste" diffère selon les nations impliquées et le message à faire passer! (c'est un autre sujet)
Cela n'enlevait rien à la valeur professionnelle, à bord, de ces recrues, dont le job dans le civil était parfois, selon les spécialités, "à des lieux" de ce qu'elles exerçaient dans la vie civile.
Ce qui est remarquable, chez les Ricains, sans pour autant tomber dans une admiration aveugle de leur lutte (là aussi c'est un autre sujet), c'est leur capacité à avoir organisé, à tous les niveaux (social, économique et militaire) leur guerre.
Le bien-être du soldat et l'économie de la vie humaine, ressort sur ces clichés. Les "Gonzes" sont détendus. Certains pourront rétorquer qu'ils ne sont qu'à la campagne des Gilberts, fin 43 et qu'ils n'ont pas encore connu le stress permanent des attaques suicides massives de la fin du conflit, mais ils sortent de deux années durant lesquelles les japs leur en ont fait baver sur mer (au dessus aussi) comme sur terre, et le SARA n'a pas été épargné.
Deux anecdotes et après, promis, je clôture.
Pour illustrer le soucis du bien-être de la troupe en premier lieu.
J'ai lu un témoignage de marins français présents aux USA en 43 - 44 ( navires refondus, le Rich, les 3 croiseurs de 76000t, les CT type Fantasque, mais aussi des soums, des avisos, ou bien des navires cédés, les PC, SC, dragueurs etc...). Ils étaient interloqués (pour les D'jeuns, je traduis: ils étaient total hallucinés) de constater que leurs homologues Ricains dormaient sur des banettes et non dans des branles (hamacs) comme dans la Royale. Qu'ils avaient, à bord, des fontaines à eau réfrigérée, et même des distributeurs d'ice cream!!! (je suis à peu près sûr que c'est une des raisons de la victoire de l'arme sous marine US sur le commerce maritime du Japon. Là même où Karl a échoué dans l'Atlantique - quelques bonnes glaces plutôt que le Metox!!!!
).
A noter, les PA type Essex (conception 1938 pour mise en service 1942) sont les premiers navires à avoir l'air climatisé dans les locaux vie (nos avisos coloniaux avaient un doublage de la coque en amiante et une simple ventilation. Souffle de l'air chaud, là où il fait chaud, et tu crèves de chaud!).
Ensuite, à un niveau plus militaire (tu ne gagnes pas une guerre avec des cornets de glace!). Ces mêmes marins français ont constaté l'efficacité de la formation à la mode US. Les servants de pièces de 20 et 40 mm s'entraînaient sur les premiers simulateurs. Une pièce dans une salle sombre dans laquelle étaient projetés des films d'attaques aériennes... (à en faire rougir les frères Lumière, merde, sauf que là, c'est l'Arroseur qui arrosait!).
Je ne vous parlerais même pas des ops, il y aurait trop à dire. Pour résumer, après mon cours Chéqua dans la Royale, j'ai suivi un stage de chef de quart "opérations". Toutes les procédures utilisées, du pragmatisme en absolu, datent de cette époque. Gestion d'une CAP (combat air patrol) ou d'une force navale avec des codes simples. Cela ne paraît rien, mais je puis vous assurer que lorsque vous êtes responsable de la manoeuvre d'une trentaine de bâtiments ( re merde, c'est plus que ce que possède notre marine!) étrangers (ah, je me disais bien!), il est vraiment très confortable que tout le monde parle un même langage simple... et, compréhensible (eh oui, les neuneus ne sont pas qu'en face!). Donc, les procédures sont les mêmes qu'en 44. (J'ai tout à la maison, donc si vous voulez des renseignements dessus comme sur les pavillons de signaux ou autres, n'hésitez pas).
Trêve de plaisanterie. Le SARA était un bien beau navire (bien que laid).
Lionel en lançant le sujet et Bruno en nous déclarant son amour de jeunesse, nous présentent un post aussi passionnant, bien que différent, de celui de Fox et son Strasbourg mais tout aussi fédérateur, et ça, c'est bon!
Promis, je parlerai moins à l'avenir.
Dernière chose. Pour ceux qui s'intéressent ou ont envie de s'intéresser à ce théâtre d'opération, je les engage à lire les trois tomes de Bernard Millot, ZZZZZE spécialiste français de la guerre du pacifique parus chez Docavia (Midway, Mariannes et Leyte). Je les ai à la maison, je peux les prêter avec plaisir (me contacter par MP).
_________________
Hugues.
"Le plaisir que l'on prend vient surtout de celui que l'on donne."
F. Sauvage