Belle finesse dans le travail
" Les installations d'aviation
Les installations d'aviation (un hangar, deux catapultes et une grue) sont situées à l'extrême arrière, comme sur le Dunkerque, pouvant accueillir quatre hydravions, des Loire 130, deux avec les ailes repliées dans le hangar, un sur chaque catapulte54.
Les matériels et les installations sont du même type que sur le Dunkerque. Les Loire 130 sont des hydravions à coque monomoteur (un Hispano-Suiza 12 cylindres de 720 CV). Pesant 3 500 kg en pleine charge, leur vitesse maximale est de 210 km/h, leur plafond de 6 500 m, leur endurance de 7h30 à 150 km/h. Ils ont un équipage de trois hommes, sont armés de deux mitrailleuses de 7,5 mm, et peuvent emporter deux bombes de 75 kg. Les catapultes à air comprimé, d'une longueur de 22 m, peuvent projeter un aéronef de 3 500 kg à 103 km/h. Au retour, les hydravions se posent à côté du cuirassé, et sont hissés à bord par la grue qui peut soulever 4,5 tonnes55.
La différence avec la classe précédente tient à ce que l'espace occupé par les chaudières a pu être réduit de cinq mètres, grâce à une largeur de coque supérieure, et à la disposition des chaudières suralimentées sur deux rangs de trois et non plus trois rangs de deux56. Ceci permet de placer la tourelle VII (arrière axiale) au couple 68,85 au lieu de 44,30 sur le Dunkerque, alors que les tourelles V et VI (arrière latérales) sont au couple 54,45 au lieu de 53,3057,58. On observera qu'ainsi les tourelles latérales arrière de 152 mm (V et VI) sont plus à l'arrière que la tourelle VII axiale de quelque 15 mètres, sur le Richelieu, alors que c'est l'inverse sur les Dunkerque. De ce fait le hangar peut être situé plus en avant, d'une part, laissant plus de place sur la plage arrière (37 mètres au lieu de 30), pour installer une seconde catapulte, et, d'autre part, permettant d'avoir un hangar plus long de cinq mètres sur un seul étage, ce qui permet d'y installer deux hydravions à la file, et non pas de les parquer sur les plates-formes, en position basse, d'un ascenseur intérieur dans un hangar à deux étages, comme c'était le cas sur les Dunkerque. Du hangar, les hydravions sont amenés sur des rails à un élévateur qui permet de les hisser sur l'une ou l'autre catapulte, la plus à l'arrière se trouvant dans l'axe du bâtiment, la plus en avant étant alors presque perpendiculaire à l'axe du bâtiment sur tribord59. "
" À Dakar, aux ordres de Vichy
Le Richelieu mouilla en grande rade. À l’annonce des événements de Mers el-Kébir, le commandant Marzin fut conforté dans sa conviction qu’il ne lui fallait pas chercher abri dans le port, pour éviter de s’y trouver bloqué, mais on embossa des cargos anglais réquisitionnés, sur son flanc gauche, exposé à une attaque d’avions-torpilleurs venus du large. Le 7 juillet, l’amiral Onslow, à bord du porte-avions HMS Hermes signifia un ultimatum identique à celui de Mers el-Kébir, auquel il ne fut pas répondu. Au cours de la nuit suivante, quatre charges anti-sousmarines furent déposées furtivement par une vedette du porte-avions, sous la coque à l’arrière du Richelieu, mais elles n’explosèrent pas. Au petit matin, une attaque de six avions-torpilleurs Fairey Swordfish eut plus de succès, une torpille fit but : une énorme déflagration a secoué tout le navire, jusqu'au télépointeur des 380 mm de la tour avant qui fut soulevé de son chemin de roulement qu'il endommagea en retombant. On attribua la violence du phénomène à l'explosion de la torpille en eau peu profonde, mais on conjectura aussi que l'engin avait pu faire exploser les charges mouillées sans succès, plus tôt dans la nuit. Mais surtout les lignes d’arbre d’hélice tribord ont été sérieusement endommagées et une brèche ouverte dans la coque à tribord arrière. L'eau envahit petit à petit les compartiments arrières par les chemins de cables électriques qui ne sont plus étanches, le tirant d'eau s'accrut, et très vite la coque s'est posée au fond à marée basse, immobilisant le cuirassé75,76.
HMS Barham, ici dans les années 1930, avec lequel le Richelieu échangea des coups de canon, à Dakar, en septembre 1940
Le Richelieu ramené à l’intérieur du port, fut amarré au Quai des Pétroliers, et les canonniers de la tourelle I de 380 mm, allèrent armer la batterie côtière du cap Manuel, constituée de canons de 240 mm, provenant de l’artillerie secondaire des pré-dreadnoughts de la classe Danton77,78. Les 23, 24 et 25 septembre 1940, les Britanniques et les Français libres se présentèrent devant Dakar (opération « Menace ») sommant la garnison de rallier la France libre. Ils furent accueillis à coups de canon. Dans la bataille qui s'ensuivit, le Richelieu échappa avec des dégâts minimes à quelque 250 obus de 381 mm des cuirassés HMS Barham et HMS Resolution. Mais, le second jour, un des canons de la tourelle II de 380 mm explosa et deux autres furent mis hors service. Le commandant Marzin fit remettre en service la tourelle I et le Richelieu, au cours de ces trois jours, aura tiré au total vingt-quatre coups de 380 mm79, une centaine de coups de 152 mm, et 500 coups de 100 mm. En recherchant l'origine des accidents de tir du 24 septembre, on incrimina d’abord la poudre SD 19 des gargousses que le Strasbourg avait laissées sur place au cours de l’hiver précédent, et que l’on avait reconditionnées pour pallier le nombre insuffisant des gargousses de poudre SD 21, que le Richelieu avait emportées de Brest. Une commission d’enquête, présidée par l’amiral de Penfentenyo de Kervéréguin établira en 1941 qu’une explosion prématurée des obus résultait d’un vice de conception de leur culot80,81.
Le Richelieu, pendant l'hiver 1940 reçut, sur place, des réparations sommaires, en s'efforçant de rétablir l'étanchéité de la coque pour la vider de l'eau qui y a pénétré. En avril 1941, le cuirassé est en état de reprendre la mer, en marchant à 14 nœuds. Ses moyens contre-avions furent renforcés avec quelques mitrailleuses de 13,2 mm et des affûts de 37 mm, dont certains prélevés sur l’épave du contre-torpilleur L’Audacieux, gravement endommagé au cours des combats de septembre 1940.
Il fut le premier navire français à recevoir, en 1941, un équipement de « détection électro-magnétique », ancêtre français du radar. Cet équipement fonctionnait avec une longueur d'ondes de 2 mètres, les antennes d'émission se trouvaient sur les vergues de la tour avant, et les antennes de réception sur celles de la tour arrière. Les avions étaient repérés à 80 km, s'ils volaient à plus de 1 500 mètres, à 50 km, s'ils volaient à 1 000 mètres, à 10 km, s'ils volaient au ras de l'eau. Les navires étaient repérés entre 10 et 20 km, avec une précision de 500 mètres82.
En juillet 1941, trois hydravions Loire 130 de l'escadrille 4E, arrivés de Brest, seront rebaptisés HDR (Hydravions Du Richelieu) 1, 2 et 3, et seront basés à la base aéro-navale de Bel-Air, en baie de Hann, à proximité de Dakar. Le premier catapultage aura lieu le 7 octobre 194183.
orionv a écrit:.....J espere que tu ne vas pas te heurter à de gros probleme de documentation...