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| | Célébrités dans la guerre | |
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+15polchen57 a.piot VCDNDA BROMURE Christian Le Normand miel didier PascalB Yuth stef olnejean jeanbauduen paulodublesson Clem AD'HOC 19 participants | |
Auteur | Message |
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miel Amiral
Localisation : BRIERE Navire préféré : LA COURONNE LE SUPERBE ORENOQUE LE RENARD LE PEREGRINE GALLEY LE KING DU MISSISSIPI LE HELDER FIRE-BOAT VEDETTE LANCE TORPILLE LE CYGNE LE REQUIN BATEAU-JOUET
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mer 04 Mai 2011, 08:04 | |
| Démata Encore une fois très passionnant !!! _________________ | |
| | | AD'HOC Bagnard Banni
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Jeu 05 Mai 2011, 20:34 | |
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| | | Clem Second Maître
Localisation : Fitou Navire préféré : Tous les gris
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Jeu 05 Mai 2011, 22:45 | |
| Bonsoir Ad H'oc Alors...Alors... Bambou... était la petite fille de Von Paulus C'est bien ça...?
_________________ Amicalement Pascal
Avec les Baïonnettes on peut tout faire sauf s’assoir dessus Napoléon Bonaparte
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| | | AD'HOC Bagnard Banni
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Ven 06 Mai 2011, 00:46 | |
| Bien le bonjour Clem,
Bravo!!!! Eh oui, la belle Caroline Von Paulus
qui fut la dernière compagne (de 1981 à 1991) de Serge Gainsbourg avait pour grand-père Von Paulus.
Il convient de noter que Lucien Ginzburg (né en 1928) était juif d'origine russe. Ses parents Joseph et Olga avaient fui la révolution d'Octobre pour s'installer à Paris. Joseph était pianiste et peintre. Naturalisés français en 1932, quand ils se virent contraints de porter l'étoile jaune, ils passèrent en zone "libre" et s'installèrent près de Limoges. Les enfants furent mis en internat; Lucien était un littéraire et il apprit à jouer avec la langue française, tout comme du piano et du pinceau.
Au moment du débarquement de Normandie, comme les maquisards harcelaient les troupes allemandes qui montaient vers le front et que la région retentissait de tirs et d'explosions nocturnes, les parents Ginzburg envisagèrent de gagner un petit village tranquille où habitaient des amis de leurs amis.
Ils n'en firent rien, heureusement, car ce petit coin en-dehors des combats était:
En l'occurrence, gardons le souvenir de Serge et de Bambou:
A+ Amicalement | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Ven 06 Mai 2011, 07:55 | |
| ah les mysteres de l histoire sont captivant mercAd hoci |
| | | stef Aspirant
Localisation : haute normandie Navire préféré : corvette flower
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Ven 06 Mai 2011, 10:00 | |
| ah oui fallait le savoir c est toujour interressant !!! a+ stef _________________ demain j arrête | |
| | | olnejean Maître principal
Localisation : Sendrogne, (Dépt de l'Ourthe)
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Ven 06 Mai 2011, 10:13 | |
| Assez bizarrement, le "von" accolé au nom de Paulus est une invention. Je me demande si ce ne sont pas les Anglo-Saxons qui ont commencé. Sur la page Wikipedia en allemand consacrée à Stalingrad, il est appelé "paulus", sans plus. | |
| | | Clem Second Maître
Localisation : Fitou Navire préféré : Tous les gris
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Ven 06 Mai 2011, 17:22 | |
| Bonjour AD' HOC, Et oui encore une drole d'histoire, et une sale époque Merci AD' HOC _________________ Amicalement Pascal
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| | | AD'HOC Bagnard Banni
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Ven 06 Mai 2011, 17:26 | |
| Bien le bonjour à tous,
Pour l'enfance de Serge Gainsbourg, je l'avais entendu l'évoquer lui-même en 1990 sur France-Inter dans une longue émission dont j'ai oublié le titre (peut-être Radioscopie). En tout cas, j'avais été surpris par la tendresse, l'humour, l'auto-dérision du personnage dont j'aimais la musique. Bien loin du provocateur télévisuel. Quant à ses aventures amoureuses, je m'en fichais complètement, et c'est il y a quelques semaines, après avoir assisté au spectacle étrange de "L'Homme à la tête de chou", qu'un ami m'a parlé de Bambou et de son ascendance.
Effectivement, Olnejean, le Generalfeldmarschall Paulus était de la classe "moyenne" et n'a jamais porté la particule "von". Aucune idée de l'origine de cette invention. Peut-être par assimilation avec tous les généraux et maréchaux de l'époque??? Si quelqu'un sait, je suis preneur.
A+ Amicalement | |
| | | miel Amiral
Localisation : BRIERE Navire préféré : LA COURONNE LE SUPERBE ORENOQUE LE RENARD LE PEREGRINE GALLEY LE KING DU MISSISSIPI LE HELDER FIRE-BOAT VEDETTE LANCE TORPILLE LE CYGNE LE REQUIN BATEAU-JOUET
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Ven 06 Mai 2011, 17:28 | |
| Démat Toujours aussi instructif Vivement le prochain!!!! _________________ | |
| | | AD'HOC Bagnard Banni
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 08 Mai 2011, 11:14 | |
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| | | Clem Second Maître
Localisation : Fitou Navire préféré : Tous les gris
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 08 Mai 2011, 12:06 | |
| Bonjour AD'HOC Facile certes, mais là...là... l'un c'est Mendes France et l'autre sa tète me dit quelque chose, mais je n'arrive pas à lui mettre un nom Salutations Amicales
_________________ Amicalement Pascal
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 08 Mai 2011, 14:30 | |
| allez je me lance ils étaient tous deux dans l'aviation du coté des alliés |
| | | AD'HOC Bagnard Banni
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 08 Mai 2011, 15:09 | |
| je sais que Mendès france a été député de l'Eure donc pour la province je dirais la Normandie |
| | | AD'HOC Bagnard Banni
| | | | Clem Second Maître
Localisation : Fitou Navire préféré : Tous les gris
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 08 Mai 2011, 15:19 | |
| Bon du coup AD'HOC, j'ai fait des recherches, et je pense avoir trouvé, mais pour faire avancer le smilblick et laisser la réponse à un autre camarade, je dis "Lorraine"
_________________ Amicalement Pascal
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 08 Mai 2011, 15:25 | |
| c'est l'escadron ou volait Mendès France dans les FAFL |
| | | PascalB Maître
Localisation : SAUMUR (49) Mais Ciotaden pour toujours
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 08 Mai 2011, 17:12 | |
| Mendes France et Romain Gary ont en commun d'être compagnons de la liberation et d'avoir servi tous les deux au sein du groupe de bombardement Lorraine.
AD'HOC ta question m'a permi m'aprendre que Gary est Né Russe et qu'il est arrivé en France à Nice avec sa mère en 1928 avant de faire des études à Aix et de faire l'école de l'air à Salon de Provence...
Formidables tes post sois-en remercié !
Pascal _________________ "Même la gloire du fleuve s'achève à la mer" Proverbe russe
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| | | AD'HOC Bagnard Banni
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 22 Mai 2011, 01:28 | |
| Bien le bonjour à tous,
Vous êtes forts, bravo les gars: vous avez tout bon!!! Eh oui, Pierre Mendès-France et Romain Gary ont tous deux servi dans le Groupe de bombardement Lorraine. D'avance, je vous prie de m'excuser mais je vais être un peu long. Si ça vous gave, n'hésitez surtout pas à me le dire; je continuerai quand même... -----------------------------------------------------------------------
Roman Kacew est né à Vilnius (Wilno) en Lituanie le 8 mai 1914. La Lituanie est alors russe; il n'a pas connu son père, mobilisé dans l'armée tsariste, qui ne lui a laissé que son nom, mais ce nom est difficile à porter à une époque où sévit un antisémitisme violent. Aussi, en 1922, sa mère Mina et Roman s'installent à Varsovie (la Lituanie est entretemps devenue polonaise) mais la vie n'y est pas plus facile. Mina, couturière et modiste, artiste, francophile et francophone, mère possessive aussi, ô combien, apprend les rudiments scolaires nécessaires à Romain pour qu'il puisse entrer au collège français. Mais leur rêve à tous deux: la France, celle de Voltaire, Diderot, le pays de la Liberté...
Finalement, en 1928, ils arrivent à Nice. Roman, devenu Romain, une fois bachelier, choisit les études de Droit, alors qu'il est brillant en Lettres. D'Aix à Paris, Romain fait tout un tas de petits boulots pour vivre tout en poursuivant ses études (et les filles aussi).
Licence en poche, en 1938, il suit la préparation militaire supérieure pour devenir pilote. Classé 4ème, il est d'abord à Salon-de-Provence, puis à Avord où sont sélectionnés les élèves-officiers. Il n'a aucun doute sur sa promotion: rien à lui reprocher, il est resté un mois de plus que les autres à Salon sans trop savoir pourquoi mais il a vite rattrapé le niveau. Et pourtant, juif récemment naturalisé (en 1935), il devient... caporal. Un adjudant lui dira "C'est à la cote d'amour qu'il t'ont baisé!". Mais il est quand même dûment breveté observateur-navigateur.
1939, c'est la guerre. Bref retour à Salon où enfin un certain capitaine Moulignat reconnait les compétences du simple caporal et obtient qu'il soit nommé instructeur sur Potez-25, avec le grade de caporal-chef.
L'avion date de la 1ère guerre, mais il vole et même plutôt bien, et il apprend à piloter. Les pilotes d'ailleurs volent plus souvent comme observateurs-navigateurs que comme pilotes proprement dits. De plus, à bord des "multiplaces de combat" français, selon les vieilles traditions, c'est le plus souvent l'observateur qui est commandant de bord.
Sa mère vient lui faire une visite qui fera la joie de tous. Elle s'est en effet abondamment pourvue de victuailles pour son "petit" et en offrira à ses élèves. Elle passe alors en revue les avions, escortée par son fils, remarquant au passage que ces avions ont leur cabine à l'air libre et que Romain a la gorge fragile. A son départ, le capitaine Moulignat très digne, brusquement chargé de salamis et de pots de cornichons, s'incline pour un baise-main à Mina, vieillie mais toujours attachante. (L'anecdote n'est pas avérée du tout, mais Romain Gary ne veut surtout pas passer pour un héros, et "La Promesse de l'Aube" n'est pas une autobiographie mais un roman picaresque, où il pratique l'auto dérision et s'efface derrière les copains.)
En 1940, l'Ecole est transférée à Bordeaux-Mérignac où Romain vole 5 à 6 heures par jour sur Potez 540, toujours comme instructeur:
Il est promu sergent et totalise déjà un nombre respectable d'heures de vol, dont une cinquantaine comme pilote.
Et puis un accident dont il sort avec des fractures au visage et à la mâchoire, qu'il camouflera tant bien que mal pour ne pas être réformé. Il en gardera pour la vie de violents maux de tête et une paralysie faciale partielle, avec l'incapacité de sourire vraiment.
En France, finie la "drôle de guerre". Malgré le courage des troupes, c'est la débâcle et l'aérodrome de Mérignac devient un chaos peuplé d'avions hétéroclites et d'hommes de toutes sortes: ministres, députés, personnalités et autres militaires qui ont fui sous la poussée des Allemands. "Un étrange Dunkerque aérien" écrira-t'il plus tard.
Pour Romain, devenu sergent-chef, pas d'hésitation, il est français et fier de l'être. Comme tel, il doit se battre et rejoindre l'Angleterre, ou alors le Maroc que le général Noguès, dit-on, n'entend pas laisser à l'ennemi. Pas facile pourtant de partir. Dans ce chaos, les pilotes et les équipages veillent jalousement sur leurs avions et ne sont pas tous certains de savoir comment continuer le combat, au point que le jeune sergent se fait tabasser par 3 sous-officiers qui le traitent de "déserteur" et de "sale juif" (vrai? Possible.)
L'appel du général De Gaulle, il le devance dès le 17 juin où il quitte Mérignac sur un Potez 63 dont l'équipage lui a donné casse-croûte et coups de rouge.
Direction le Maroc, via Alger. Il ne sait pas que ce même De Gaulle vient lui aussi ce jour à 9 h 00 de décoller du même aérodrome pour gagner Londres. Tout comme il ignore évidemment qu'un autre observateur-navigateur est sur place pour rejoindre son unité au Levant, un certain lieutenant Mendès-France. Encore moins que toujours ce même jour, un officier évadé mouline d'un mollet rageur sur un vélo pour rejoindre la Gironde, un certain capitaine Leclerc...
Quand le Potez se pose à Meknès, ils apprennent que le Résident-Général Noguès
hésite encore à choisir son camp.
Mais, dès le 30 juin, malgré le soutien affiché des futurs Alliés, De Gaulle et Churchill, c'est chose faite et tous les avions sont mis en panne pour éviter les "désertions": réservoirs vidés, pneus dégonflés, magnétos enlevées, etc. Noguès a manqué une occasion historique (mais ceci est une autre histoire). Désormais, tous les militaires "dissidents" n'acceptant pas l'armistice seront considérés comme déserteurs et passibles de la prison, voire de la peine de mort.
Après quelques jours à parcourir les ruelles du mellah et de la médina,
Kacew file en car à Casablanca où il retrouve deux aspirants, Forsans et Daligot, un pilote de chasse, Yves Brière, qui cherchent eux aussi à gagner l'Angleterre.
Comme il parle parfaitement le polonais, il n'a guère de difficultés à embarquer clandestinement avec ses compagnons sur le cargo britannique SS Oakcrest (torpillé en novembre suivant) qui transporte des troupes polonaises en Angleterre.
Après une nuit passée dans une cale bondée de soldats polonais, ils ne sont pas peu surpris au matin d'être accueillis en héros par les marins britanniques; Escale à Gibraltar où l'Oakcrest embarque quelques autres "déserteurs": Hirlemann, Wainstein, André Millet, il y découvre aussi l'adjudant Henry Bouquillard,
pour qui il gardera toujours une affectueuse admiration.
Ils y apprennent la tragédie de Mers-El-Kébir du 3 juillet. Personne n'y comprend plus rien, mais tous les Français, malgré le doute et le ressentiment, décident de continuer.
Enfin le 22 juillet, après avoir échappé à plusieurs torpilles et à la dangereuse curiosité d'un Condor, l'Oakcrest accoste à Glasgow et c'est là que Romain et beaucoup d'autres entendent parler pour la première fois du général De Gaulle qui continue la lutte. Après des adieux, bien arrosés, aux Polonais, ils gagnent Londres où ils sont incorporés dans les F.A.F.L., Romain pour sa part le 8 août 1940, avec le grade d'adjudant.
Romain Kacew se choisit un nom de guerre. Lui revient en mémoire une romance tzigane "Brûle, brûle, mon Amour"; en russe, "brûle" se dit "gari". Comme Gary Cooper est l'une des stars de ces années, Gari devient Gary; c'est sous ce nom devenu prénom que ses camarades l'appellent. On le connait aussi sous le nom complet de Gary de Kacew.
A Odiham, les jeunes aviateurs repartent à l'école pour s'adapter au Blenheim MkIF, "short nose":
Il leur faut aussi convertir les distances métriques en miles, les litres en gallons et parfaire leur anglais, ce que Gary s'empresse de perfectionner par des cours particuliers pris auprès de la gent féminine...(fort probable). Les Blenheim sont armés en cas de mauvaises rencontres et les vols d'entraînement sont déjà des vols de guerre auxquelles succèdent quelques missions d'application sur Wellington et Blenheim.
N'empêche, tous les équipages de bombardiers, qui jugent leur rôle peu glorieux, regardent avec envie et admiration les cercles
que tracent dans le ciel les chasseurs qui combattent furieusement, avec parmi eux quelques copains français dont Lafont, Mouchotte, Bouquillard. Le S/Lt Bouquillard, le 11 mars 1941, aura le triste honneur d'être le 1er aviateur FAFL tué en combat aérien. "Il n'a pas sa rue à Paris, mais pour moi toutes les rues de France portent son nom." écrira Gary.
En octobre, on leur distribue casques coloniaux, shorts british, chemisettes, sans explication. Mais en cet automne certes encore tiède, il est clair que ces effets ne sont pas destinés à des combats sur l'Europe. De fait, le 17 octobre 1940, Gary est affecté à l'escadrille "Topic" commandée par le capitaine Jean Astier de Villatte,
qui va regagner l'Afrique à bord du RMS Arundel Castle.
Deux jours plus tard, le paquebot appareille, et peu après, échappe de peu à un torpillage. Mais le voyage n'est pas triste; à bord, en effet, se trouve une unité du Motorised Transport Corps, composée de jeunes femmes. C'est alors une fureur de vivre dans laquelle Romain plonge, mais il ne néglige pas pour autant d'écrire des nouvelles. "Comment le navire n'a pas pris feu, je me le demande encore..." écrit-il. Vrai? Oui mais pas tout à fait: en fait les jeunes personnes sont une troupe de théâtre aux armées.
L'Arundel Castle, dont les machines ont été poussées au maximum pour semer d'éventuels sous-marins, arrive à Takoradi (Ghana ou Gold Coast) le 1er novembre 1940. C'est dans ce port que sont assemblés les Blenheim, Hurricane et Lysander arrivés en caisses; pris en compte par les équipages, ils sont convoyés par air sur plus de 6000 km au-dessus du Nigeria, du Tchad, du Soudan pour arriver enfin en Egypte. Gary, Bimont et les autres débarquent à Lagos. La mission de l'escadrille est de rejoindre les unités en place pour appuyer les maigres troupes (quelques centaines d'hommes) du capitaine auto promu colonel et bientôt général Leclerc
qui vont remonter à travers le désert vers le groupe d'oasis de Koufra.
Le 1er décembre, le Blenheim IV.F T1935 (version de chasse), pris en compte par l'équipage S/Lt Hirlemann, Asp De Kacew et I/Cl Briand, effectue le 1er vol de l'escadrille. Après quelques incidents de parcours, les 8 bimoteurs de Topic s'installent à Maiduguri, près du Lac Tchad. La chaleur est infernale, mais les nuits sont glaciales, les tempêtes de sable arrivent sans crier gare, les écarts de température sont énormes: au sol les tôles des avions sont brûlantes, le plexi se déforme, mais dès 4000m il gèle. Les vols éprouvent terriblement hommes et matériel. Les mécanos se dépensent sans compter pour maintenir en état les moteurs où s'engouffre le sable.
A basse altitude, permettre au pilote de tenir un cap dans les nuages de poussière et les turbulences violentes relève de l'exploit et Gary s'y révèle un maître, sachant concilier viseur-dérivomètre, intuition, pifomètre et utiliser les ombres portées des obstacles. Entre deux vols, il engrange dans son inséparable calepin ses impressions de paysages, d'odeurs, de lumières.
On n'a pas oublié qu'il était instructeur et il entraîne les moins expérimentés. Le 12 décembre, son Blenheim bousculé au décollage par une brusque bourrasque heurte une balise et se vautre, mais l'équipage s'en sort indemne. L'avion servira de magasin de pièces détachées. Le 18 décembre, les bimoteurs repeints aux couleurs françaises sont presque tous transformés en bombardiers par suppression de la nacelle ventrale de 4 mitrailleuses. Le 24, Topic est agrégée avec le GMC1 (groupe mixte de combat) pour former le GRB1, désormais basé à Ounianga Kébir.
Romain y retrouve le S/Lt Robert Sandré de sa promotion de 1938.
En février 1941 enfin, les Blenheim IV Long Nose
effectuent des reconnaissances sur Koufra, groupe d'oasis fortifié, doté d'un aérodrome, qui peut menacer la route aérienne de Takoradi au Caire. Les premiers bombardements, en semi-piqué comme l'exige Leclerc, ne sont pas concluants mais les Italiens, même s'ils sont au courant de mouvements ennemis, ne sont pas peu surpris d'être attaqués par des avions français qui surgissent du Sud à basse ou moyenne altitude. Dans les 2 cas, les équipages font preuve de beaucoup de courage et d'allant: à basse altitude, malgré la brume de poussière sableuse, les bombardements sont précis mais la DCA l'est aussi; à moyenne altitude, la visibilité est bonne mais les appareils, outre la DCA, subissent les attaques, il est vrai pas trop dangereuses, des Ghibli (Caproni 309).
Les pertes sont lourdes, car le pire ennemi est bien le désert, l'absence de repères et de cartes fiables, les vols à la limite du rayon d'action (entre 1800 et 2000km aller-retour sans escale). Sans compter le paludisme, le scorbut et quelques cas de typhus. Après 3 missions sur Koufra, les équipages apprennent que le 1er mars les troupes de Leclerc ont pris l'oasis sans subir de perte.
Les drapeaux français et britanniques flottent le 1er mars 1941 sur le fort, bien au-dessus du symbole fasciste.
Mais le Groupe a été durement éprouvé: 6 appareils perdus sur quatorze, 4 en panne, 4 qui se traînent vers Bangui, 3 équipages perdus dont 7 tués, 3 prisonniers et 3 blessés. Un Blenheim a disparu corps et biens et ne sera retrouvé qu'en 1959 par les méharistes d'une compagnie saharienne:
Ils sont morts de soif, et l'on retrouvera quelques notes retraçant leur calvaire.
Les Français apprennent le débarquement de quelques bataillons allemands à Tripoli, l'avant garde de l'Afrika Korps que Hitler a confié à son ami Rommel. Celui-ci a pour seul ordre de protéger la retraite des troupes italiennes, mais, ambitieux, il compte bien faire plus; on connait la suite...
Pendant que le Groupe gagne Khartoum
pour des opérations franco-britanniques en Abyssinie, Erythrée et Somalie française, trois Blenheim gagnent Bangui où est installé un parc de mécanique. Outre Gary, il y a là Hirlemann,
Bimont, Grillet,
le Lt de Starhemberg (ancien vice-chancelier d'Autriche, évadé après l'Anschluss),
Paul-Jean Roquère,
et Becquart, équipier de Hirlemann.
Romain a la joie d'être promu sous-lieutenant, et il est légitimement fier de son galon d'or. Là encore, il se nourrit des images et des bruits de la brousse, les grandes plaines ocres et grises, les empreintes des grands fauves, les animaux furtifs et les éléphants surtout qui vont le fasciner pour toujours. C'est à cette période sans doute que se réunissent les matériaux du futur prix Goncourt "Les Racines du Ciel".
Comme ils ont l'impression d'avoir "une guerre de retard", c'est un vrai bonheur fin juillet 1941 quand arrive un télégramme: " Les sous-lieutenants Bimont et Kacew sont désignés pour rejoindre leur unité à Khartoum."
C'est d'abord deux jours de route jusqu'à Fort-Archambault dans un paysage de sable, de cailloux et d'épineux. Puis les bords de la piste reverdissent: Ensuite l'embarquement à bord d'une baleinière pour remonter le Chari sous un soleil de plomb qui brouille les rives, les hippopotames qui paressent, les troncs rugueux qui s'enfoncent doucement, crocodiles, et, après des couchers de soleil féeriques, les nuits passées à se protéger des nuées d'insectes, dans un concert de cris venu des berges obscures, les douches rigolardes aussi, car pas question de se baigner. L'eau vient à manquer et les hommes sont contraints de boire le liquide trouble du fleuve.
Ford-Lamy. Même s'il juge la ville laide,
rongée par les vents de sable, Romain admire la prestance naturelle des tchadiens et les hautes silhouettes des bergers au milieu des herbes sèches.
Enfin, Bimont et Kacew embarquent dans un Blenheim de la RAF
qui les dépose à Khartoum le 14 août. A bord d'un train ils gagnent Le Caire puis Damas-Mezzé où les unités aériennes vont être réorganisées. Le 1er septembre en effet, le GRB1 avec 20 Blenheim neufs mais seulement 15 équipages, devient officiellement le Groupe Lorraine, à deux escadrilles, Metz et Nancy. Le Lorraine s'installe à Abu-Sweir, en octobre, puis sur divers autres terrains à partir desquels les Blenheim vont effectuer près de 400 missions sur la Lybie. Les conditions sont rudes et les installations précaires:
A ces opérations Romain ne participe pas car l'eau du Chari se venge: fin octobre 1941, foudroyé par une typhoïde aigüe, Gary est à l'agonie. Dans un état terrifiant, squelettique, ses vieilles fractures du visage infectées, à la surprise de tous pourtant, sa rage de vivre va l'emporter.
Bimont profite d'une permission pour lui rendre visite et découvre, stupéfait, un demi-cadavre vêtu de quelques pansements et de sa casquette d'officier titubant dans un couloir derrière une jolie bonne-sœur...(anecdote bien sûr dont aucun de ses compagnons, Bimont y compris, ne se souvient...)
Noël 1941: pour le Lorraine, croyants ou pas, chrétiens, juifs, musulmans, pratiquants ou pas, les équipages et la mécanique célèbrent avec ferveur le souvenir des copains disparus, blessés ou malades. Le fougueux Yves Ezanno est même l'enfant de cœur. Bimont pense à ce vieux Gary qu'il a abandonné mourant à Damas.
Lequel se rétablit lentement et au printemps 1942, il rejoint son unité.
A suivre...!
A+ Amicalement | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 22 Mai 2011, 08:22 | |
| merci pour cette evocation tres documentee elle n est pas longue car elle est tres bien relatee par son auteur |
| | | didier Elève officier
Localisation : Bruxelles - Watermael Boitsfort Navire préféré : Mercator
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 22 Mai 2011, 12:24 | |
| Superbe évocation très bien documentée et écrite . Je découvre la personne de Romain Gary dont je ne savais quasi rien. Merci à toi. _________________ Sévissant aussi sur ce forum sous les alias de "Desiderius", "le sous-marinier belge" ou encore "l'ophtalmo sadique" :twisted: Prétendu descendant d'un volontaire du 7ème (*) rgt de Hussards de Napoléon Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères (Voltaire) (*) pourquoi le 7ème ? Pardi c'est le seul à s'être battu à Waterloo ! | |
| | | miel Amiral
Localisation : BRIERE Navire préféré : LA COURONNE LE SUPERBE ORENOQUE LE RENARD LE PEREGRINE GALLEY LE KING DU MISSISSIPI LE HELDER FIRE-BOAT VEDETTE LANCE TORPILLE LE CYGNE LE REQUIN BATEAU-JOUET
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 22 Mai 2011, 14:01 | |
| D2MAT Merci pour ce cours d'histoire Tu dis être un peu long je n'ai pas vu le temps passé!!! _________________ | |
| | | PascalB Maître
Localisation : SAUMUR (49) Mais Ciotaden pour toujours
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 22 Mai 2011, 19:09 | |
| Encore une fois trés interessant. Merci _________________ "Même la gloire du fleuve s'achève à la mer" Proverbe russe
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| | | stef Aspirant
Localisation : haute normandie Navire préféré : corvette flower
| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 22 Mai 2011, 19:13 | |
| ad hoc tu devais etre prof ou historien on adore tes ecrits toujours illustrés comme il faut c est du talent!!!!!!!! amitiés stef _________________ demain j arrête | |
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| Sujet: Re: Célébrités dans la guerre | |
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| | | | Célébrités dans la guerre | |
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