La navigation
Parlons d’abord de l’embarcation, elle est motorisée avec un moteur plus ou moins puissant (140 à 300 cv et parfois plus) la coque ressemble plus à une boite à chaussure dont les angles à l’avant et a l’arrière sont plus ou moins arrondis, ça ,n’a pas la finesses d’un destroyer lancer à pleine vitesse et qui fend les flots, au contraire on va les pousser. L’hélice ne dépasse pas les fonds, son alimentation en eau est loin d’être toujours parfaite, car les lignes d’eau des navires sont faites pour que l’écoulement contre les flancs et sur les fonds (les fonds de l’embarcation) arrive aux hélices, qui sont en relative profondeur. Ils naviguent en général avec beaucoup d’eau sous la quille. L’inverse d’un FREYCINET en charge et la belle vaque d’étrave du destroyer va se traduire sur une péniche par une vague qui va monter sur l’avant parce ça pousse et qui va créer un creux dans l’eau, de chaque coté au niveau de «l’épaulure », de 40 à 60 cm; la « ronfle » dont j’ai déjà parlé. Comme on pousse l’eau quand on ralenti, par exemple pour entrer une écluse, l’eau pousser poursuit par inertie, percute sur l’écluse et revient, le bateau se soulève de quelques centimètres, le temps que le mouvement d’eau dépasse d’avant en arrière. Dans un petit bief cela, le mouvement d’eau peut faire plusieurs allés retours avant de ce calmer. Si vous êtes à la présentation, pour entrée dans l’écluse ou à l’étalage (freinage pour arrêter le bateau avec un câble) ça relance vers l’avant.
En rivière, la navigation est totalement différente du canal, d’abord elle va varier en fonction de la saison, quand les « points d’eau » sont bas en été, on suivra scrupuleusement la carte de navigation (par exemple sur la SAONE , avant les travaux qui ont relevé les points d’eau et supprimés des écluses) pour rester dans le chenal navigable. Dans les premiers temps ou mon père venait sur LYON, il ne connaissait absolument pas la rivière, il y avait beaucoup plus d’écluses et les niveaux d’eau plus bas. Aussi on prenait un pilote qui connaissait à fond le cours de la rivière et qui vous l’apprenez. Sur les rivières navigables, rive droite ce trouve des panneaux kilométriques tous les 500 m. Le km 0 est à l’embouchure (LA MULATIERE pour la SAONE) et le km 35 au dessus de TREVOUX. Il y avait ainsi des conversations, entre le pilote et mon père, dans la « marquise » (timonerie) du style
- à cet endroit, il faut traverser, dés que tu vois le clocher tu t’aligne dessus et tu reste dessus jusqu'à l’appontement, ensuite tu reste bien à droite car il y a un banc de sable qui est dragué tous les ans et qui revient à chaque crue
- et quand il y un peu d’eau ?
- ne dépasse pas le milieu et quand tu es aux « fiches », c’est pas la peine de changer de coté
- Mon père notait sur sa carte tous ces renseignements, et au bout de quelques temps, il faisait la descente seul à la carte puis sans carte.
Je reviens sur les « fiches », les barrages à l’époque, étaient des barrages à aiguilles et fermettes ce qui ne permettait pas des chutes d’eau importantes. La régulation du débit de la rivière ce faisait en retirant plus ou moins d’aiguilles. En cas de crue importante, on enlevait toutes les aiguilles et on « coucher les barrages » car la pression de l’eau risquait de détruire les fermettes. A ce moment on passait avec les bateaux sur les barrages, mais dans certains endroits l’eau envahissait les champs et il n’était plus possible de suivre le lit de la rivière aussi les berges étaient plantées de « fiches » d’une hauteur de 3m environ peintes en rouge et blanc à bâbord et vert et blanc à tribord (tous le monde sait bien sur que le sens du courant détermine la rive gauche et droite). Il suffit de suivre entre les fiches. Conditions de navigation particulièrement dangereuses, bien souvent à ce stade, la navigation était interrompue.
Les aiguilles sont en bois, de forme carré d’environs 15 X15 avec une poignée sur le dessus et sont posées cote à cote. Les fermettes sont en métal
A gauche, l’écluse, à droite, la « citrouille » qui sert à ancrer le barrage
Il faut aussi savoir « lire » la rivière, ce n’est pas plus compliqué que « lire » la route.
Alors qu’à vide on ne pousse plus l’eau, on a tendance à monter dessus et sans ballastage on est très léger ,(c’est relatif) il n’y a pas d’inertie mais on est une jolie voile de 110 m2 sensible au vent latéral surtout l’avant qui à le plus faible tirant d’eau, on a vue par ailleurs le problème du tunnel qui doit s’amorcer correctement pour un bon rendement (sur une péniche on peut amorcer le tunnel avec le gouvernail même si celle-ci est à moitié hors de l’eau mais chaque fois que la vitesse de rotation de l’hélice va diminuer, ça va désamorcer) en plus comme le tirant d’eau est faible avec la vitesse il y a des « troues d’air » qui se forme au niveau de l’hélice et celle-ci à tendance à avaler tous ce qui flotte à proximité et les bois flottant sont redoutables pour casser un pale ou un morceau d’hélice. On se déplace toute fois sur de petits trajets de cette manière
Donc pour des parcours plus long : ballastage de 60 à 180 tonnes pour le POULBOT en fonction du trajet car ça augmente la consommation en gas oil mais cela facilite la navigation.
On reprend la navigation
Une fois chargé, on redescent le canal de Bourgogne pour retrouver la saone, que l’on remonte jusqu’au canal d’HEUILLIEZ, c’est un canal ancien et à l’époque la manœuvre aux écluses se fait à la main. Le passage d’une écluse se fait de la manière suivante
- l’écluse est prete
- mon père rentre le bateau dans l’écluse
- quand un tiers environ est engagé dans l’écluse il donne la conduite à ma mère et se dirige vers l’avant
- à l’aide d’un cable de 20 passé dans une bitte d’amarrage et dans les boulards, il va freiner et arreter les 280 tonnes sur 10 m environs, la vitesse n’est pas bien grande mais il ne faut pas se rater, si l’arret est trop court les porte de l’écluse ne fermeront pas, si c’est trop long avalant vous percutez les portes, si c’est trop long montant, vous percuté le radier, dans tout les cas plus ou moins de casse sur le bateau et l’écluse
- une fois arrété, on passe une deuxieme amarre pour empécher le recul, pendant ce temps ma mére à replier le gouvernail de braque et va fermer une des portes de l’écluse à l’arrière, l’éclusier ferme l’autre, si vous vous naviguez montant, il faut donc monter à l’échelle pour aller fermer la porte
-les portes fermées,l’éclusier se dirige vers l’avant pour commencer à ouvrir les vannes,
- pendant la monté ou la descente mon pére reste aux amarrages, en effet il faut « raccourcir » quand on monte ou au contraire donner « du moue » quand on descent
- arrivé au niveau, ouverture des portes comme pour la fermeture un de chaque coté
-des que les porte sont ouvertes, ma mère rembarque et se dirige vers la « marquise » pour prendre les commandes , mon père retire « l’étalage » et dès que le bateau commence à avancer il retire « la retraite » puis se dirige vers l’arriere pour remplacer mère à la barre
- deux variantes
1/ l’éclusier avec qui pour des raisons X ou Y vous avez eu des mots, fait la manœuvre tout seul, c’est plus long mais ça lui fait les pieds car quand il a manœuvré une porte il fau faire tout le tour de l’écluse pour manœuvrer la deuxieme porte
2/ on est 3 à bord dans ce cas un aux amarrages, un aux manœuvres de l’écluse et un dans la marquise
Bien souvent c’est une éclusière, son mari lui s’occupe de l’entretient des voies de halage