Bonjour,
Je me permets ici de recopier ce que j'ai fourni à François sur l'autre forum pour en faire profiter les copains.Comme vous allez le voir, la découverte des plans de la Gascogne est une aventure à elle seule.Je suis la personne qui, en 2004, à la demande d'Harold Winkel (de Vienne) a entrepris des recherches au CAA de Châtellerault pour, éventuellement, trouver des plans du projet
Gascogne.
Sur place, nous ne trouvions rien dans les catalogues, l'archiviste et moi, quand celui-ci m'a suggéré de "fouiller" dans un nouvel ensemble d'archives, le Fonds Potsdam, qui venait d'être transféré du SHD vers le CAA.
Ce Fonds a une histoire toute particulière :
Il s'agit d'archives constituées de tout ce que l'armée allemande avait pu rafler dans les chantiers et arsenaux français en 1940. Ces archives (plans, études, rapports, factures, etc...) ont été envoyées vers le service de renseignement de la Kriegsmarine à Berlin, où elles ont été décortiquées, analysées pour en tirer tout renseignement utile.
En 1945, lors de la chute de Berlin, ces archives ont été transférées par les soviétiques à Moscou où elles ont été à nouveau analysées. Les plans en ont gardé la trace, portant des traductions annotées en allemand et en russe.
Enfin, les archives sont revenues à Potsdam où elles ont été archivées dans les sous-sols du ministère de la marine de la RDA. C'est là que les officiers de la RFA les ont retrouvées en 1990 après la chute du mur.
L'Allemagne a pris alors contact avec la France pour restituer ces archives (143m linéaires tout de même). Les archives sont revenues à Vincennes où une équipe sous la direction d'un amiral en retraite a procédé à un classement et une indexation terminée en 2002. Deux ans plus tard l'ensemble a été envoyé à Châtellerault.
J'ai eu le privilège d'être l'un des premiers à les consulter au CAA. Le personnel de l'établissement ne savait pas ce qu'il y avait dedans et les plans sans titre étaient difficiles à identifier.
Je me rappelle l'excitation de découvrir des plans du croiseur De Grasse (avant projet de 1935 et projet mis en chantier de 1938), du fameux croiseur de bataille de 37 000t, chaînon manquant entre les cuirassés de la Grande Guerre et les Dunkerque, les plans du porte-avions Joffre et une grande série de plans d'exécution du Clemenceau et de la
Gascogne.
J'ai photographié et fournis ces plans à Harold qui a conçu sa reconstitution de la
Gascogne.
Voulant aller plus loin tout en m'entourant de spécialistes, nous avons organisé en juillet 2007 une "rencontre au sommet" au CAA pour la remise officielle des plans d'Harold. Etaient présent Harold, Robert Dumas, Jean Moulin et moi-même :
"La" rencontre. De gauche à droite, devant les plans de la
Gascogne : le commandant du CAA, Harold, Jean Moulin, Mme Destouches (chef archiviste), moi-même et Robert Dumas.
Cette rencontre a eu des conséquences inattendues : Robert a découvert ces plans qu'il ne connaissait pas. Il avait dessiné la
Gascogne dans son ouvrage sur le Jean Bart d'après des plans partiel trouvés à Vincennes plus de vingt ans avant que le Fonds Potsdam ne soit (re)découvert. Nous sommes partis dans une analyse détaillée qui nous a posé des problèmes car des plans se contredisaient. Quelques années plus tard, Robert s'est associé avec John Jordan pour concevoir un livre sur les cuirassés français (1921-1955) qui servirait de mise à jour de ses livres précédents et permettraient au public anglophone de profiter des dernières découvertes.
J'ai donc été mis à contribution avec John qui a utilisé les plans que j'avais photographiés pour étudier les navires. Ainsi le livre "French Battleships 1921-1955" (Seaforth) fait une petite place pour la toute première fois au croiseur de bataille de 37 000t et solutionne le problème de la
Gascogne : dans sa reconstitution Harold a mélangé deux types de plans. La
Gascogne a été modifiée in-extremis juste avant sa mise sur cale pour être raccourcie de quelques mètres par le déplacement d'un compartiment de diesels auxiliaires.
John a publié dans ce livre une reconstitution du Clemenceau et de la
Gascogne qui tiennent vraiment la route. Ce dessin est fiable à 98% à mon humble avis; plus que celui d'Harold.
Qu'avons nous découvert qui puisse être utile à la réalisation d'une maquette?
- Les hydravions embarqués : Les plans du Clemenceau ET de la
Gascogne indiquent clairement que l'hydravion prévu était le tout nouveau bimoteur NC-420. Un prototype fut construit qui ne vola jamais (interdit par la convention d'armistice), mais parcourut plus de 2 000km de le sud de la France démonté et en camion pour échapper à l'ennemi.
Un article détaillé sur cet avion est paru dans le Fanatique de l'Aviation n°317 d'avril 1996 (merci à Pierre66 qui m'a fourni une copie de l'article).
Un plan trois vues du NC-420 :
La plage arrière de la
Gascogne qui montre bien les bimoteurs :
- La DCA : celle-ci fait la part belle aux nouveaux matériels.
La tourelle bitube de 37mm à commande à distance, envisagée sur le Strasbourg, puis sur le Richelieu et expérimentée pour la première fois sur l'Aviso Amiens
Un plan de la tourelle reconstitué par Harold Winkel :
Le système de commande à distance de la tourelle de 37mm :
La nouvelle tourelle double de 100mm semi-automatique était aussi prévue pour le De Grasse, le Clemenceau et la
Gascogne. Matériel tout nouveau, qui n'a jamais été complété, mais dont les études ont servi de base pendant la guerre pour la conception de matériels qui ont abouti dans les nouvelles tourelles embarquées sur le Jean Bart en 1950.
Enfin, le Clemenceau et la
Gascogne devaient embarquer des
"affuts quadruples de 37mm zénithaux". Ce mystérieux équipement dont il ne reste rien était destiné à tirer à la verticale de façon semi automatique, pilotés à distance par un télépointeur de nouvelle génération. Rien ne subsiste mais je pense que le matériel avait été confié à Hotchkiss. Le Fonds Potsdam ne comprend qu'une note manuscrite que voici :
Après de nombreux échanges avec John Jordan nous en avons déduit cette interprétation de l'engin :
Ils étaient probablement noyés dans le pont de part et d'autre de la drome d'embarcation, au milieu du navire.
Les plans de la
Gascogne aux couples 108-110 montrent, au niveau du pont principal et du pont château les quatre conduits d'approvisionnement des 37mm zenithaux, ce qui permet de bien les situer à l'extérieur sur le navire :
Voilà pour la
Gascogne.
A présent place à la maquette de François qui doit être la première à ma connaissance à utiliser avec précision les plans du Fonds Potsdam.
_Bruno
Dernière édition par bgire le Lun 21 Mar 2016, 17:56, édité 1 fois
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Hi Bob!
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases
Si Vis Pacem Parafilmum
La sous-couche, c'est un apprêt que l'on met avant
Si on bricolait plus souvent on aurait moins la tête aux bêtises
Omnes stulti, et deliberationes non utentes, omnia tentant
Une journée au cours de laquelle on n'a pas ri est une journée perdue
Espérons que le fond de la mer est étanche
Oh, ça c'est le Quacta qui se moque du Stifling
Telle est la Voie !