Bonjour,
Je m’immisce dans ce sujet curieux.
Tout d'abord je voudrais faire une distinction entre ce que j'appelle le "never-were" qui correspond à un navire dont les plans ont été tracés ou le design finalisé mais qui n'est pas sorti des chantiers et le "what-if" qui est une interprétation libre de ce qu'aurait pu être un navire qui n'a jamais existé. Attention, ces deux définitions ne sont pas officielles et juste sorties de mon cerveau malade pour classer les choses.
Le Never-were, c'est plus confortable : les plans existent, on sait quel matériel était embarqué, etc...
Pour les cuirassés français on a la classe Normandie (plans détaillés d'exécution), la classe Lion (plan généraux), le Clemenceau et la Gascogne (plans d'exécution).
Le What-if donne lieu à plus de latitude : soit on imagine en se basant sur les matériel et les tendances architecturales de l'époque, soit on s'affranchit plus ou moins et il n'y a plus de limites.
Pour les cuirassés français je mettrais dans cette catégorie le type Gilles de 1919, le croiseur de bataille de 1927-29, la classe dite Alsace de 1940.
La page World of Warship présente quelques curiosités :
La page passe sous silence le Clemenceau et la Gascogne qui devraient se trouver dans le type VIII. En 1940 le Clemenceau était déjà sur cale, la citadelle étant presque achevée, et les marchés pour le matériel de la Gascogne commençaient à être passés.
Ici, l'état final du Clemenceau, mis à l'eau par les allemands pour dégager la forme de Brest :
Pour ce qui est du "type X", là, on est dans le "what-if" complet.
Les seules infos certaines (sources : SHD, CAA compilées et présentées dans le bouquin de Jordan et Dumas qui est pour moi LA référence)
- Évolution des Richelieu
- Armement principal en tourelles triples de 380 sur demande expresse de Darlan qui ne voulait plus des quadruples. Mon opinion personnelle, après échange avec Jordan et Dumas, est que la dispersion désastreuse ainsi que la grande fragilité des norias d'approvisionnement avaient convaincu l’amiral, alors chef des constructions navales, qu'il fallait viser moins "complexe" pour délivrer une puissance de feu plus grande. A ce propos, est-ce que le jeu qui semble très perfectionné intègre la dégradation importante de la précision du tir des Richelieu en raison de la dispersion ?
- Armement secondaire en 152mm triple. Darlan exige que les trois tourelles soient axiales pour pouvoir toutes tirer des deux bords.
- Armement AA (en grande partie oublié par wows) faisant la part belle au nouveau matériel ACAD de 37mm (celui que Pierre66 est en train de reconstituer) et au mystérieux ACAQ 37mm zénithal. L'ACAD était prévu depuis longtemps puisque qu'on en trouve deux sur le plan original du Dunkerque en 1935.
- L'aviation embarquée : à partir des plans du Clemenceau (1938) il ne s'agit plus de Loire 130 mais d'un bimoteur à aile haute, très probablement le NC-420.
Voilà ce qui est certain. Le reste, c'est du "what-if" pur jus, sans base documentée. Je m'interroge à lecture de la phrase "
Selon des archives historiques, nous pouvons affirmer que le cuirassé armé de canons de 431 mm serait entré en service au plus tôt au début des années 1950". Les auteurs cités n'ont jamais rien trouvé de ce genre dans les archives à ma connaissance.
Un aspect des what-if n'apparait pas dans le raisonnement des concepteurs de wows: nous savons de façon certaine que les constructions navales sous la France occupée (ou non si l'Histoire avait été différente) suivaient de très près l'évolution de la guerre navale.
Citons par exemple le projet de porte-avions PA 5-B, étudié pendant la Guerre comme un Joffre évolué et qui intègre un tunnel de carène pour protéger les hélices d'une frappe de torpille... exactement ce qu'avaient subi le Prince of Wales en 1941 et, pour le gouvernail, le Bismarck six mois plus tôt.
Dès 1944-45 les services techniques avaient complètement remodelés l'ilot du Joffre (encore sur cale) pour l'adapter aux contraintes de la menace aérienne : plus de tourelles de 133mm AA mais des ACAD et des Bofors suédois.
Il est dommage que les évolutions proposées ne soient en fait qu'une extension des installations d'origine alors que la menace et la façon de la parer avait changé depuis l'attaque de Tarente en 1940.
Que la France ait été occupée ou non, ses navires auraient forcément évolué comme les marines adverses avec profusion d'armement AA.
Mais ceci est l'essence même du what-if qui permet de libérer l'imagination... c'est tant mieux pour les joueurs, mais attention de bien distinguer ce qui trouve ses sources dans les archives et ce qui est purement de la fiction.
Bon sang... Si j'avais eu ce genre de jeu il y a trente ans... je me serais éclaté grave!
_Bruno
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Hi Bob!
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases
Si Vis Pacem Parafilmum
La sous-couche, c'est un apprêt que l'on met avant
Si on bricolait plus souvent on aurait moins la tête aux bêtises
Omnes stulti, et deliberationes non utentes, omnia tentant
Une journée au cours de laquelle on n'a pas ri est une journée perdue
Espérons que le fond de la mer est étanche
Oh, ça c'est le Quacta qui se moque du Stifling
Telle est la Voie !