J'en reviens à l'avant dernier quizz trouvé par PATDXFR.
Il s'agit bien du
projet HabbakukD'ailleurs, si ça intéresse un scratcheur fou....au 1/200, ça devrait le faire....
[i]En 1942, les U-Boote de la Kriegsmarine étaient la hantise de l'Angleterre dans l'Atlantique Nord.
En effet, ils pouvaient la mettre à genoux, risquant même de l'obliger à capituler.
Pour contrer cette menace, une idée fût de découper d’énormes morceaux de glace de la banquise, puis de les remorquer jusqu’au milieu de l’Atlantique afin de les utiliser comme piste flottante pour les avions.
L’idée atteint vite ses limites et on s’orienta vers la construction d’un navire plus conventionnel, mais construit en glace, idée abandonnée à son tour.
Dans cette état d'esprit, Churchill reçut en décembre 1942, Lord Mountbatten et G. Pyke qui venaient lui présenter un projet pour le moins audacieux.
Un porte-avions de glace et de pâte à papier !!!
[i]Geoffrey Pyke était un inventeur affecté au War Office, mais qui avait une imagination un peu débordante.
L'homme avait déjà présenté plusieurs projets à l'utilité ou l'efficacité douteuse, un side-car transport de civière, fournir aux commandos des véhicules transportant des latrines pour officiers afin d'infiltrer les zones occupées par les allemands et collecter des renseignements.Si l'idée pouvait paraître saugrenue au premier abord, elle n'en restait pas moins intéressante.
Le mélange (86% d'eau et 14% de pâte à papier) appelé PYKRETE en honneur de G. Pyke, qui avait proposé et nommé ce projet Habakkuk, était très résistant. D'ailleurs, le prototype mit trois ans à fondre.
Par ailleurs, le Habakkuk était considéré comme insubmersible grâce à ce nouveau procédé de fabrication.
La petite histoire raconte que lorsque Pike aurait présenté son pikreke à Mounbatten, ce dernier aurait été si emballé par le concept, qu'il aurait accouru chez Churchill, qui se trouvait alors en train de prendre un bain. Mounbatten aurait alors déposé le bloc de pikrete dans la baignoire du Premier Lord, soulevant ainsi l’enthousiasme de ce dernier.
Churchill, qui avait la tête sur les épaules, accepta ce projet fou, sans doute influencé par l'aval que portait Lord Mountbatten aux idées de Pike.
Lors de la conférence de Québec, pour convaincre les amiraux et les généraux qui accompagnaient Churchill et Roosevelt
, Lord Mountbatten fit une démonstration audacieuse pour prouver la résistance de ce matériau.
Il apporta un bloc de GLACE et un bloc de PYKRETE.
Afin de prouver la solidité de ce matériau, Mounbatten tira une balle de pistolet dans chaque bloc
Si le bloc de glace éclata sans autre conséquence, la balle tirée sur le bloc de pykrete ricocha, frôla la jambe de l'amiral E. King et se nicha dans un mur.
Cette démonstration assez risquée permit cependant de valider le projet:cheers: et on se mit à travailler.
Cependant, en raison du budget et de la masse humaine nécessaire à la construction, 70 millions de $ et plus de 8 000 ouvriers, Churchill jugea plus prudent de commencer par la réalisation d'une maquette.
Au Canada, La société Montreal Engineering Company Ltd. fut chargée de concevoir l'Habakkuk en 1943.
Les scientifiques du CNRC mirent les bouchées doubles pour terminer leurs travaux avant la fin de l'hiver 1943.
Les essais d'assemblage du pykrete débutèrent sur le lac Louise dans l'état d'Alberta et furent suivi de la construction d'un prototype sur le lac Patricia, situé non loin et choisi pour sa situation à l'écart et ses basses températures.
Le prototype fût construisit dans une remise à bateaux bâtie spécialement pour cela.
Il mesurait dix-huit mètres de long, neuf de large, six de haut et pesait neuf-cent-dix tonnes
Au fur et à mesure de l'avancée du programme, de nombreux doutes sur les capacités d'un tel concept s'accumulèrent.
Il souleva également de vives critiques, comme celles de Sir Charles Goodeve, qui signifia qu'outre les besoins démesurés en hommes, dollars et autres glaces, l'immobilisation de plusieurs centaines de tonnes de pâte à papier aurait mis en péril de nombreux programmes nécessaires à l'effort de guerre, sans parler des énergies nécessaires pour faire fonctionner ce bâtiment qui n'aurait pas dépasser les six nœuds.
Finalement, le programme fût abandonné en janvier 1944 à cause de son côut faramineux, d'une délai d'exécution impossible et la mise en service d'avions de longue portée capables de couvrir tous les secteurs de l'Atlantique Nord en décollant soit des USA, du Canada ou d'Angleterre.
Ce qui reste du prototype et de la remise à bateaux qui l'abritait, gît maintenant au fond du
lac Patricia. En 1988, Susan Langley, directrice de recherche à l'Alberta Underwater Archaeology Society, y immergea un cairn pour marquer la valeur historique de ce site unique.
Bien que le gouvernement britannique mit fin à l'expérience, les recherches du CNRC sur les propriétés de la glace et du pykrète gardent encore une grande utilité et ont concouru à établir l'expertise du Conseil sur la construction de pistes d'atterrissage dans le Nord et la neige.
Données techniques Ce "bâtiment" devait faire 610 m de long, 100 m de large, le tirant d'eau estimé était de 46 m et son déplacement devait dépasser les 1 800 000 tonnes !!
A titre de comparaison, les Ford-Class qui vont entrer en service à l'horizon 2020 déplaceront 100 000 tonnes, soit 18 fois moins que ce projet
Les porte-avions de classe Essex qui étaient alors ce qui se faisaient de plus gros à l'époque, avait un tirant d'eau maximum de 44 000 tonnes.
Le porte-avions, construit avec pas moins de 280 000 blocs de glace, serait doté d’un système de réfrigération pour l’empêcher de fondre et propulsé à 10 noeuds par 26 moteurs électriques placés dans des nacelles extérieures individuelles.
Il aurait été armé de 40 tourelles de 4,5 pouces DP à doubles tonneaux et plusieurs canons antiaériens.
Il aurait eu une piste d’atterrissage/décollage et une capacité de 150 bombardiers et chasseurs bimoteurs.[/i][/i]
Comparaison avec le porte-avions G. Ford et le cuirassé New Jersey
Maquette