Histoire de la Méduse

Andy notre illustre intellectuel a peut être la réponse

Etrange, on trouve cette figure de proue de la Méduse dans le salon de Pablo Neruda à Isla Negra, s'agit-il de la véritable figure de proue du navire?

A+
http://pablo-neruda-france.blogspot.com/

Sur la demande d'Andy qui souhaite qu'on précise les circonstances de l'abandon du radeau..
Cet abandon à t-il été volontaire?.
Je sais qu'il n'y a pas vraiment eu concertation entre Chaumareys et ses officiers, mais plutôt lâcheté.
Le remorquage est difficile, le radeau ne bouge pas, mais au contraire l'ensemble chaloupes-radeau dérive vers le large.
Les officiers responsables des chaloupes s'observent de loin.
Maudet voyant la dérive générale vers le large et de peur d' heurter les
autres chaloupes coupe l' amarre. Voyant cela Espiaux largue également.
Chaumareys revient et constate, mais ne donne aucun ordre et fait demi tour.
Reynaud et Lapeyrère qui commandent les 2 autres chaloupes larguent aussitôt, persuadés que c'est Chaumareys qui a donné l'ordre.
A+

merci de ces précisions cher corsaire, une bien vilaine affaire surtout de la part d'un officier de marine

pascal 94 a écrit:

merci de ces précisions cher corsaire, une bien vilaine affaire surtout de la part d'un officier de marine

De rien fidèle lecteur!
A+

Merci Surcouf.

Quelques précisions supplémentaires.

Comme Surcouf l'a indiqué, le radeau fait 20m sur 7m. Il a été fabriqué avec les bois de la drome (les bois de rechange), des espars, des vergues. Ce sont des bois lourds et rien que par son propre poids, il ne flotte déja pas en surface. Il s'enfonce au fur et à mesure que les passagers embarquent, au point qu'ils auront de l'eau à mi-cuisses avant même que le remorquage ne commence.

Voici le radeau :



152 personnes dont une femme prendront place à bord. Chaumareys en a confié le commandement à l'enseigne Jean-Daniel Coudein.

Choix contestable. Depuis le départ de l'expédition, Coudein souffre d'une blessure à la jambe qui ne cicatrise pas et peut à peine marcher. Un autre enseigne proposera de le remplacer. Chaumareys ne donnera pas suite.

Autre facteur qui conduira à l'abandon du radeau, les canots ne sont pas tous remplis correctement et l'état de certains est plus que mauvais.

Canot-major 42 personnes. Capacité 50.
Canot du commandant 28. Capacité 46.
Chaloupe (en très mauvais état et dépourvue de rames) 88.
Canot "du Sénégal" destiné au service du port de St Louis 25.
Petit canot 15.

41 personnes supplémentaires auraient donc pu embarquer dans les canots.

Les 5 embarcations partent à la queue leu-leu, en remorque et traînent le radeau qui les fait dériver.

La chaloupe fait eau. Le LV qui la commande demande au premier canot de lui prendre quelques hommes. On lui refuse. Idem sur le second. Il aborde le troisième (sans rames, il gouverne mal et ses voiles lui sont de peu de secours). Pour éviter le choc, son canot ayant déja le bordé défoncé et colmaté avec une plaque de plomb, l'enseigne Maudet largue l'amarre qui le relie au canot-major (derrière lui). La ligne des canots est désormais divisée en deux.

Deux canots sont encore à leur poste, remorquant le radeau. Ils doivent être rejoints par Maudet et Chaumareys qui reviennent prendre leur place. C'est alors que le canot-major se sépare de celui qui est encore relié au radeau, qui à son tour largue la remorque.

Cela se passe à 2 lieues de la Méduse. Le lieutenant Espiau veut venir reprendre la remorque, mais son équipage s'y oppose. Tous établissent les voiles et s'éloignent, abandonnant le radeau.

Sur les 15 survivants recueillis par l'Argus, 3 décèderont dans les jours suivants.

L'aventure ne s'arrête pas la.

Source : Naufrage de la frégate La Méduse. Editions Jean de Bonnot. Récit de Corréard et Savigny.

merci andy

Merci Andy pour ces précisions chirurgicales, comme d''habitude si précises
(quelles bonnes sources pour un auteur!)
A+

re , mervi a vous ,

hhhhaaaa!!! quel plaisir , le matin la tete dans l'sac , je lis la gazette du forum ; et la , d'un seul coup:
je me sens moins con!!!!

tres amicalement a vous , nos historiens de ce forum

herve

Les canots poursuivent leur route.

Ils ne tarderont pas à se séparer, la chaloupe et le canot du Sénégal ayant une marche très inférieure.

La chaloupe finira par aborder la côte près du cap Mirik, débarquant une soixantaine d'hommes et reprendra la mer. Elle réussit à rejoindre les autres canots et tous parviendront à St Louis le 8 juillet Ils seront accueillis par l'Echo et l'Argus qui sont arrivés sans encombre.

Durant la navigation, les hommes ont souffert du manque d'eau, du rationnement des vivres mais surtout de la chaleur accablante. Tous sont sains et saufs.

La flûte La Loire arrive à bon port dans le courant de la matinée du 9.

Ne voyant pas La Méduse, qui a une marche supérieure à l'Echo, à son arrivée à St Louis, M. Venancourt a compris qu'il lui était arrivé malheur. Celle des embarcations confirme ses pressentiments.

Source : Op. cit. Récit d'Alexandre Rang des Adrets.



Maintenant, il faut revenir à l'objectif de la mission, se faire rendre la colonie par les Anglais, en exécution du Traité de Paris. Mais là...

J'm'escuse de vous d'mander pardon dit le gouverneur Brereton, bien sûr au courant du naufrage. Je n'ai pas reçu d'instructions (Ce qui est certainement faux). Le pauvre homme n'a pas non plus, dit-il, suffisamment de navires pour déménager troupes, ressortissants et matériel. Les Français offrent de lui préter La Loire. Refus poli.

Pourquoi soulèvera-t-il tant d'obstacles, aussi souvent que les circonstances le lui permettront?

Pour deux raisons.

C'est la saison de la traite négrière. S'il rend la colonie, le bénéfice en reviendra aux Français au préjudice des commerçants anglais (L'interdiction de la traite atlantique a bien été votée par l'Angleterre, en 1807, mais bon...).

S'il rend la colonie, ils devront se replier sur la colonie anglaise de Gambie et y passer l'hivernage. Or, en cette saison, il n'est pas rare que les deux-tiers des Européens nouvellement arrivés, soient emportés par des maladies mortelles.

Alors, il tergiverse, le bon M. Brereton et la colonie ne sera finalement rendue qu'en janvier 1817.

Source : Op. cit. Récit de Corréard et Savigny.

Mais qu'est-il arrivé aux Naufragés du Désert? C'est le lieutenant d'Anglas de Parviel qui va nous le raconter.

Dernière édition par Andy le Jeu 17 Juin 2010, 11:38, édité 1 fois

Avec plaisir Andy, raconte cette terrible marche dans le désert* Naufragés prisonniers des Maures qu'il faudra sans cesse amadouer pour ne pas se faire massacrer.
(*) Pourtant une marche dans le désert en grande partie le long de la côte. L'Argus apercevra même la caravane au loin, mais pensera se trouver en présence uniquement de Maures.
Merci.
A+

eh oui! Andy raconte nous c'est passionnant tout ça

les anglais ils ont dû bien rigoler en entendant parler de l'histoire, j'imagine : "Rha ces français, même pas besoin de leur taper dessus pour les couler hahaha - my dear -" :twisted: