Merci Surcouf.
Quelques précisions supplémentaires.
Comme Surcouf l'a indiqué, le radeau fait 20m sur 7m. Il a été fabriqué avec les bois de la drome (les bois de rechange), des espars, des vergues. Ce sont des bois lourds et rien que par son propre poids, il ne flotte déja pas en surface. Il s'enfonce au fur et à mesure que les passagers embarquent, au point qu'ils auront de l'eau à mi-cuisses avant même que le remorquage ne commence.
Voici le radeau :
152 personnes dont une femme prendront place à bord. Chaumareys en a confié le commandement à l'enseigne Jean-Daniel Coudein.
Choix contestable. Depuis le départ de l'expédition, Coudein souffre d'une blessure à la jambe qui ne cicatrise pas et peut à peine marcher. Un autre enseigne proposera de le remplacer. Chaumareys ne donnera pas suite.
Autre facteur qui conduira à l'abandon du radeau, les canots ne sont pas tous remplis correctement et l'état de certains est plus que mauvais.
Canot-major 42 personnes. Capacité 50.
Canot du commandant 28. Capacité 46.
Chaloupe (en très mauvais état et dépourvue de rames) 88.
Canot "du Sénégal" destiné au service du port de St Louis 25.
Petit canot 15.
41 personnes supplémentaires auraient donc pu embarquer dans les canots.
Les 5 embarcations partent à la queue leu-leu, en remorque et traînent le radeau qui les fait dériver.
La chaloupe fait eau. Le LV qui la commande demande au premier canot de lui prendre quelques hommes. On lui refuse. Idem sur le second. Il aborde le troisième (sans rames, il gouverne mal et ses voiles lui sont de peu de secours). Pour éviter le choc, son canot ayant déja le bordé défoncé et colmaté avec une plaque de plomb, l'enseigne Maudet largue l'amarre qui le relie au canot-major (derrière lui). La ligne des canots est désormais divisée en deux.
Deux canots sont encore à leur poste, remorquant le radeau. Ils doivent être rejoints par Maudet et Chaumareys qui reviennent prendre leur place. C'est alors que le canot-major se sépare de celui qui est encore relié au radeau, qui à son tour largue la remorque.
Cela se passe à 2 lieues de la Méduse. Le lieutenant Espiau veut venir reprendre la remorque, mais son équipage s'y oppose. Tous établissent les voiles et s'éloignent, abandonnant le radeau.
Sur les 15 survivants recueillis par l'Argus, 3 décèderont dans les jours suivants.
L'aventure ne s'arrête pas la.
Source : Naufrage de la frégate La Méduse. Editions Jean de Bonnot. Récit de Corréard et Savigny.