[GÉNÉRIQUE] Tempêtes - à bord

"Le grand pétrolier VLCC dans la tempête de force 12 avec des vents de plus de 80 nœuds dans l'océan Atlantique Nord en hiver."

L'avant du navire est à un peu moins de 300 mètres pour donner une idée de la taille du navire et de la mer.

Quand on regarde l'avant depuis la passerelle sur ce genre de navire et une mer formée, on voit très bien le navire fléchir dans le sens de la longueur, on peut observer la plage avant se lever légèrement dans les coups de boutoir des vagues, au niveau du pont principal c'est encore plus perceptible. C'est normal bien sûr.  Les premiers VLCC étaient trop rigides, il y a eu beaucoup d'avaries sur les structures de coques.

Le Chêne un jour dit au Roseau :
"Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. "Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.

Jean de La Fontaine (1621-1695), Fables, 1668.



Dernière édition par Iceman29 le Sam 24 Fév 2024, 22:53, édité 1 fois

ça rigole pas...

A ce moment, la machine doit être plus agréable que la passerelle ?
Et devait l’être plus encore avec les navires ayant la machine plus en avant, ou tel qu’un remorqueur de haute mer, non.
Question centre de gravité ? Tout en faisant abstraction du bruit et des odeurs d’huile et de fuel.

Cette vidéo est impressionnante ce n'est pas le moment de mettre le nez dehors.
Dan.

Alors, rien n'est agréable, car on là pour faire avancer le navire vers sa destination "coûte que coûte" tant que c'est possible au niveau contraintes sur la structure générale du navire. Les marins ne sont pas tous insensibles au mal de mer ou au manque de sommeil, car ce mauvais temps peut durer plusieurs jours et on n'est pas nombreux à bord, en moyenne 20/25 marins, les ressources humaines ne sont donc pas inépuisables, je parle pas de blessé éventuel à cause du mauvais, glissades, chutes d'objet en tous genres mal arrimés.

A la machine, le travail est réduit aux tâches essentielles pour faire tourner l'ensemble des équipements, les groupes électrogènes, les séparateurs d'huile et de fuel lourd et le ou les moteurs principaux étant au centre de nos attentions. Le chef mécanicien cherche aussi à ménager son équipe machine, une dizaine de marins, car si un problème survient, il faudra réagir vite et en nombre, parfois longtemps, si la réparation dure des heures, dans des conditions difficiles de roulis et parfois chaleurs ( 42°c ) suivant sur quel mer on se trouve.

Quand on est sujet au mal de mer, les odeurs machines, huile, fuel, l'enfermement dans un local très bruyant et la chaleur sont bien sûr des facteurs aggravants.

Après il faut pouvoir dormir. Pour ma part, mon bureau et ma cabine était sous la passerelle à bâbord, donc au plus haut des superstructures, donc l'effet "culbuto" est énorme, on est à 30 mètres du centre gravité, c'est comme dormir par gros temps au sommet d'un mât de voilier.

Bien sûr tous les objets présents sont en mouvement à chaque coup de roulis ou tangage ou parfois les deux, même si ils ont été saisis dans un tiroir ou placard, ca gigote bruyamment. Donc trouver le sommeil est plutôt compliqué à cause du bruit engendrer par les mouvements sur la structures du navires, les vibrations très fortes de l'hélice et les objets de la cabines et du bureau qui suivent le mouvement.

J'ai navigué sur un RORO en Méditerranée à mes débuts avec un chateau allant de l'avant (Passerelle comprise) jusqu'au centre du navire, pour ma part ma cabine était en centre fort heureusement, mais les cabines des officiers était sur l'avant. Par mauvais ce genre de configuration est terrible pour ceux qui dorme sur l'avant, car les mouvements sont bien sûr très brusques, on ne peut pas dormir, et c'est sans compter sur les chaines d'ancres dans le puits au chaines qui tapent dans l'écubier de descente vers le puit, des coups de masse caractéristiques. Beaucoup venait  dormir plus à l'arrière dans les cabines destinées au convoyeur, chauffeurs de camions qu'on transportait depuis Alger, Oran, Tunis La Goulette, vers Marseille.

Je garde un mauvais souvenir dans le mauvais temps de ce navire de la SociétéNC/Daher, le Lubéron, un RORO de 1500 tonneaux, très peu marin, avec une stabilité incertaine. Il faisait partie d'une série de navires mal nés sortant des chantiers de La Rochelle Pallice.  On s'est fait souvent des frayeurs en passant le Cap Blanc au large de la Tunisie par gros temps.



On peut voir que le navire est très étroit et très haut sur l'eau. Il était quasi neuf quand je suis embarqué dessus comme ouvrier mécanicien électricien. Quelques semaines plutôt, 50 tonnes de boulons et de béton avait été coulé dans la cale machine suite à la découverte de problèmes de stabilité.





Dans la cabine quand c'est encore gentil au niveau roulis, voici un exemple d'ambiance les premières heures, cette vidéo montre une cabine/bureau sur un cargo  assez basse au niveau de l'eau.

Quand ca roulaient trop, je dormais dans le canapé de mon bureau attenant à ma chambre qui est en général dans le sens du roulis, c'est plus confortable, on est au moins pas éjecté de son lit comme une vieille saucisse.

Merci pour ce partage d’expérience personnelle.
Cela devait effectivement être bien difficile ces mouvements 24/24 plus le service avec un sommeil réduit et un chahut sans fin avec tout ce qui peut bouger dans un bateau...en émettant des bruits étranges.
Trente mètres au dessus du centre de gravité
Je suppose que les repas ne devaient pas non plus être évidents à préparer,  ni à essayer de manger sans trop batailler...


Dernière édition par maqars le Sam 24 Fév 2024, 22:51, édité 1 fois

Merci pour ce partage, ça permet de se rendre compte (bien au chaud chez soi) des conditions extremes de ces métiers

Dans le genre, celle là est pas mal aussi

Par gros temps, c'est toujours la chandeleur à bord car le cuistot ne peut que faire sauter des crêpes.

des images impressionnantes.
C'est là où tu te sent tout petit face aux éléments.

Bien le bonjour 

comme disait un pote de la Marine "on voyait sous ses jupe"

Ca rappelle des bons souvenirs   
Pour les amateurs du genre, je conseille Le Crabe Tambour avec de superbes imagse du Jauréguiberry (dans sa version escorteur d'escadre) lors de sa dernière sortie avant désarmement

Bonjour à tous
Photo prise part mon fils il y a quelques années en arrière à bord du "  F797 Commandant Bouan".



A+
Philippe

Hello
 Quelques souvenirs racontés par un copain marin sur un dragueur de mines, dans le mauvais temps ,debout sur les cloisons,  manger des sandwitchs, assis par terre dans la coursive adossé aux cloisons ; Impossible pour le cuistot de travailler et en plus les portes du placard se sont ouvertes et toute la vaisselle en vrac dans la place
 Dans les années soixante , mon pére fana d'électronique ,il suivait les cours par correspondance "Eurelec", il a monté un poste de radio et plus tard ,un téléviseur, En réglant son poste de radio, il est tombé sur la radio maritime -Saint nazaire radio-, et tous les soirs a l'heure de la vacation, on entendait le bulletin météo, l'appel des chalutiers, et leur réponse; Quelque fois des  communications entre une femme et son mari embarqué;  Un jour c'était un marin du MAGDALA, il racontait, en direct ,que le pétrolier se vrillait l'avant d'un coté et l'arriere de l'autre

Départ du MAGDALA en 1968, vu depuis le balcon de notre maison
Michel

Belle photo, Philiparus !

Concernant la vidéo du Latouche Treville, les "anciens" me disaient que ces coques étaient beaucoup plus "confortables" que les escorteurs notamment, et le système anti-roulis actif fonctionnait assez bien. En fait ces coques sont très marines mais on se fait bien secouer quand même par mauvais temps.

On a eu qq  jours de mauvaise mer avant d'entrer dans le golfe persique, tout le monde bouclé à l'intérieur pendant trois jours (en théorie ), malgré la clim ça n'était pas très joli coté olfactif... 
Coup de bol j'avais trouvé une porte donc le contacteur était débranché ( contact porte fermée pour la citadelle NBC ) donc j'allais très régulièrement me rincer les poumons et le nez surtout, il faudrait juste que je retrouve mes photos.... c'était moins fort que dans la vidéo mais il fallait se cramponner quand même. 
Sinon la soute à peinture était tout à l'avant, là aussi par mauvais temps il faut se tenir !



bizutage à 1min 20 ?

Super la vidéo.
Dan.