Brutale rencontre avec un pinardier:
https://www.letelegramme.fr/ig/dossiers/campagne_jeanne/7-brutale-rencontre-avec-un-pinardier-25-11-2009-671015.php
Une autre collision avait été tout aussi spectaculaire, en plein brouillard, au large des États-Unis, en 1967. (Photo DR, à paraître dans le prochain ouvrage sur la Jeanne de Luc-Christophe Guillerm, aux Éditions Le Télégramme)Surmédiatisée, la Jeanne a su aussi se faire oublier. Le navire assurant la formation finale des officiersde Marine a essuyé quelques fortunes de mer, dont une incroyable collision juste devant le port de Brest.
Que s'est-il passé le 21 octobre 1988, à 8h30 du matin? La Jeanne rentre d'un entraînement, à quelques jours du départ pour sa prochaine campagne. Le pilote vient d'embarquer à 100 mètres des passes marquant l'entrée du port militaire. Le porte-hélicoptères est quasiment arrêté, prêt à embouquer, la mer est calme, la visibilité est bonne. Au même moment, un cargo tanker de 91mètres, battant pavillon panaméen et transportant 1.400 hectolitres de vin d'Italie, fait route à 11 noeuds après avoir passé le goulet.
La Jeanne prioritaire
Le Pointe-de-Lesven a décidé de longer la digue militaire puisque d'autres bâtiments gris sont en mouvement dans la rade plus au sud. Ça bouchonne dans le secteur ! Et ça ne fait que commencer. Un pilote, tout aussi expérimenté que celui qui a pris place à bord de la Jeanne, est monté à bord du pinardier. Les deux professionnels se voient mais n'échangent pas par radio. Le pinardier arrive sur la gauche de la Jeanne par son trois-quarts avant; il se doit de laisser la priorité au navire militaire progressant sur sa droite.
En passerelle, les militaires sont sûrs d'avoir été remarqués et mettent en route, en envoyant le signal sonore réglementaire. Le porte-hélicoptères accélère, alors que le cargo continue sa route et force même l'allure, d'après certains témoins, pensant sans doute avoir le temps de passer. Au dernier moment, les deux navires s'efforcent de battre en arrière mais c'est trop tard. Le choc est brutal. L'étrave du porte-hélicoptères vient s'empaler dans le cargo.
1 400 hectolitres de vin ont gavé les poissons de la rade..
Ouvert jusqu'à la quille
L'avant de la Jeanne accuse une estafilade de 10 mètres sur 40 centimètres de large au-dessus de la flottaison. Le Pointe-de-Lesven est ouvert jusqu'à la quille et menace de couler. Mais pas de victime et plus de peur que de mal. L'incident aura les conséquences qu'on imagine pour le pacha. On essaiera bien vite de gommer cet épisode peu glorieux pour le navire étendard de la Marine française.
« L'étrave de la Jeanne d'Arc est entrée comme dans du beurre dans la tôle du pinardier, qui a subi d'importants dégâts. Ses flancs sont ouverts jusqu'à la quille », raconte le journaliste. Une citerne a éclaté. « On estime qu'il a perdu au minimum 1 400 hectolitres de vin qui ont gavé les poissons de la rade ». Le breuvage venait d'Italie, il avait été chargé à Gallipolli. Le cargo de 90 m de long, qui battait pavillon panaméen et comptait 14 hommes à bord, tous Yougoslaves, a pu rejoindre le quai malgré des dégâts important. La Jeanne, 180 m de long, 600 hommes à bord, s'en tire « quasiment sans bobo », si ce n'est une brèche de 40 m sur 10 mètres.
Quelques égratignures qui ne devaient pas, selon l'article du Télégramme du 22 octobre 1988, avoir d'autre conséquence que de retarder d'un jour ou deux l'appareillage pour l'Afrique prévu quelques jours plus tard.
https://www.letelegramme.fr/soir/retour-vers-le-futur/collision-en-rade-de-brest-des-milliers-de-litres-de-vins-a-la-mer-03-10-2018-12095697.php