Bonjour
Les désirs d'Albatros55, de Thimarie et d'Ekis ont eu pour effet de déclencher chez moi ce sujet. Merci pour leur suggestion.
A côté de mon métier et de mon activité de maquettiste j'ai développé depuis 41ans cette autre passion dévorante : la conception et la réalisation d'instruments de "Musique Ancienne", la musique en usage en Europe entre 1 500 et 1 680, précédant la musique baroque.
Je joue de la musique depuis l'âge de huit ans, initialement de la flûte à bec, en autodidacte, avec quelques cours de solfège au piano à 12 ans, mais énormément de pratique à la maison. Durant mon adolescence j'ai découvert grâce à un ami d'autres musiques (Sud-américaine) et surtout d'autres instruments et d'autres timbres, démarrant une passion pour les "instruments bizarres".
Pendant mes années universitaires j'ai rencontré puis intégré un ensemble amateur de musique ancienne dirigé par un excellent professionnel et là le virus a frappé définitivement. Ne pouvant pas m'offrir un instrument "de facteur", trop cher pour un étudiant, j'ai résolu... de les fabriquer moi-même.
Je ne suis pas parti de rien : mes deux premiers "bébés" étaient des kits à monter soi-même. Puis j'ai commencé à correspondre avec des luthiers étrangers (les luthiers français, en général, gardent jalousement leurs secrets et ne les communiquent pas aux "amateurs").
Je suis enfin devenu membre du FoMRHI (Fellowship of Makers and Restorers of Historical Instruments, Guilde des facteurs et restaurateurs d'instruments de musique historiques), ce qui m'a ouvert de nombreuse portes. J'ai correspondu avec les principaux musées d'Europe (Paris, Bruxelles, Bologne, Berlin, Nuremberg, Edimburgh et Vienne) et d'Amérique (New York et Sioux Falls) et j'ai pu obtenir des plans et des radiographies X d'instruments de leurs collections.
Bilan provisoire : 92 instruments réalisés (oups, je pensais en avoir fabriqué 112 mais en repassant mes notes j'ai éliminé ceux qui ont échoué ou ont été abandonnés).
Des instruments au nom étrange, voire exotique, qui ne sont connus que d'un tout petit public en France (un peu plus dans les pays germaniques et anglo-saxons). Jugez-en plutôt :
Instruments à vent : flûte d'Allemagne (= flûte traversière), cromorne, courtaud, dulciane, bombarde, sordun, cervelas, cornamuse, hûmmelchen, rauchpfeife (ou hautbois de Poictou), cornet à bouquin, lizard, serpent d'église, gemshorn.
Instruments à clavier : clavicorde, virginal, épinette, clavecin
Instruments à cordes pincées : guiterre (ancêtre de la guitare), luths, théorbe, chittarrone, cistre, orpharion, bandora, harpes, psaltérion
Instruments à cordes frottées : viole de gambe, tromba marina... et un violon renaissance en projet...
Allez, quelques petits exemples pour commencer :
Un clavicorde (l’ancêtre du piano) d'après Domenicus Pisaurensis (Pessaro, 1543) :
Un clavecin florentin d'après Giovanni de Perticis (1690)
Un "kind virginaal" flamand d'après Andreas Rückers (1620) :
Un serpent d'église d'après Mersenne (1636) :
Un ensemble de cornamuses (à gauche) et de cromornes (à droite) d'après Praetorius (1619) :
Un chittarrone romain d'après Mateo Sellas (1592) :
Un luth vénitien à 8 rangs, d'après Wendelio Venere (1590) :
Deux "harpes de genou" -kneeharps d'après deux modèles irlandais du 17e Siècle :
Un orpharion à 8 rangs d'après Francis Palmer (1615) :
... et encore plein d'autres instruments.
Si mon travail vous intéresse je peux poursuivre ce sujet en publiant des "pazapas" de la fabrication d'une dizaine de ces instruments. Depuis 1990 j'ai photographié les étapes de la réalisation, puis à partir des années 2000 je me suis filmé dans l'idée (folle) de monter ces images en petits films... quand j'en aurai le temps ! A ce jour je n'ai achevé que celui sur les Hümmelchen (cornemuse d'intérieur).
Dites-moi ce que vous en pensez...
Et excusez-moi pour la qualité des images : cela date d'avant les APN et les négatifs, malgré un stockage bien au sec et à l'abri, se sont dégradés jusqu'à être inutilisables. J'ai donc dû scanner les nombreux tirages papier qui, eux, avaient survécu.
A part quelques instruments tirés de kits fortement modifiés, la grande majorité est inspirée de sources d'époque et ont été réalisés avec des méthodes d'époque, mis à part les découpes et rabotages réalisés par des moyens modernes.
Ce travail est essentiellement de l'ébénisterie fine qui est identique à la réalisation de maquettes de bateau d'arsenal... d'où le lien dans mon cerveau décidément bien malade.
Mis à part l'ébénisterie et, bien sûr, l'acoustique, je me suis progressivement auto-formé (bouquins, correspondances) en marquèterie, dorure, sérigraphie, peinture, sculpture, tôlerie, perçage sur tour et tournage sur bois, fonderie... et dans le déchiffrage de fac-simile en vieil allemand gothique, vieux français, vieil anglais et italien de la renaissance :clown2:
Voilà pour survoler le sujet.
à suivre... peut-être.
_Bruno
Dernière édition par bgire le Lun 11 Nov 2019, 15:58, édité 1 fois
_________________
Hi Bob!
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases
Si Vis Pacem Parafilmum
La sous-couche, c'est un apprêt que l'on met avant
Si on bricolait plus souvent on aurait moins la tête aux bêtises
Omnes stulti, et deliberationes non utentes, omnia tentant
Une journée au cours de laquelle on n'a pas ri est une journée perdue
Espérons que le fond de la mer est étanche
Oh, ça c'est le Quacta qui se moque du Stifling
Telle est la Voie !
Les désirs d'Albatros55, de Thimarie et d'Ekis ont eu pour effet de déclencher chez moi ce sujet. Merci pour leur suggestion.
A côté de mon métier et de mon activité de maquettiste j'ai développé depuis 41ans cette autre passion dévorante : la conception et la réalisation d'instruments de "Musique Ancienne", la musique en usage en Europe entre 1 500 et 1 680, précédant la musique baroque.
Je joue de la musique depuis l'âge de huit ans, initialement de la flûte à bec, en autodidacte, avec quelques cours de solfège au piano à 12 ans, mais énormément de pratique à la maison. Durant mon adolescence j'ai découvert grâce à un ami d'autres musiques (Sud-américaine) et surtout d'autres instruments et d'autres timbres, démarrant une passion pour les "instruments bizarres".
Pendant mes années universitaires j'ai rencontré puis intégré un ensemble amateur de musique ancienne dirigé par un excellent professionnel et là le virus a frappé définitivement. Ne pouvant pas m'offrir un instrument "de facteur", trop cher pour un étudiant, j'ai résolu... de les fabriquer moi-même.
Je ne suis pas parti de rien : mes deux premiers "bébés" étaient des kits à monter soi-même. Puis j'ai commencé à correspondre avec des luthiers étrangers (les luthiers français, en général, gardent jalousement leurs secrets et ne les communiquent pas aux "amateurs").
Je suis enfin devenu membre du FoMRHI (Fellowship of Makers and Restorers of Historical Instruments, Guilde des facteurs et restaurateurs d'instruments de musique historiques), ce qui m'a ouvert de nombreuse portes. J'ai correspondu avec les principaux musées d'Europe (Paris, Bruxelles, Bologne, Berlin, Nuremberg, Edimburgh et Vienne) et d'Amérique (New York et Sioux Falls) et j'ai pu obtenir des plans et des radiographies X d'instruments de leurs collections.
Bilan provisoire : 92 instruments réalisés (oups, je pensais en avoir fabriqué 112 mais en repassant mes notes j'ai éliminé ceux qui ont échoué ou ont été abandonnés).
Des instruments au nom étrange, voire exotique, qui ne sont connus que d'un tout petit public en France (un peu plus dans les pays germaniques et anglo-saxons). Jugez-en plutôt :
Instruments à vent : flûte d'Allemagne (= flûte traversière), cromorne, courtaud, dulciane, bombarde, sordun, cervelas, cornamuse, hûmmelchen, rauchpfeife (ou hautbois de Poictou), cornet à bouquin, lizard, serpent d'église, gemshorn.
Instruments à clavier : clavicorde, virginal, épinette, clavecin
Instruments à cordes pincées : guiterre (ancêtre de la guitare), luths, théorbe, chittarrone, cistre, orpharion, bandora, harpes, psaltérion
Instruments à cordes frottées : viole de gambe, tromba marina... et un violon renaissance en projet...
Allez, quelques petits exemples pour commencer :
Un clavicorde (l’ancêtre du piano) d'après Domenicus Pisaurensis (Pessaro, 1543) :
Un clavecin florentin d'après Giovanni de Perticis (1690)
Un "kind virginaal" flamand d'après Andreas Rückers (1620) :
Un serpent d'église d'après Mersenne (1636) :
Un ensemble de cornamuses (à gauche) et de cromornes (à droite) d'après Praetorius (1619) :
Un chittarrone romain d'après Mateo Sellas (1592) :
Un luth vénitien à 8 rangs, d'après Wendelio Venere (1590) :
Deux "harpes de genou" -kneeharps d'après deux modèles irlandais du 17e Siècle :
Un orpharion à 8 rangs d'après Francis Palmer (1615) :
... et encore plein d'autres instruments.
Si mon travail vous intéresse je peux poursuivre ce sujet en publiant des "pazapas" de la fabrication d'une dizaine de ces instruments. Depuis 1990 j'ai photographié les étapes de la réalisation, puis à partir des années 2000 je me suis filmé dans l'idée (folle) de monter ces images en petits films... quand j'en aurai le temps ! A ce jour je n'ai achevé que celui sur les Hümmelchen (cornemuse d'intérieur).
Dites-moi ce que vous en pensez...
Et excusez-moi pour la qualité des images : cela date d'avant les APN et les négatifs, malgré un stockage bien au sec et à l'abri, se sont dégradés jusqu'à être inutilisables. J'ai donc dû scanner les nombreux tirages papier qui, eux, avaient survécu.
A part quelques instruments tirés de kits fortement modifiés, la grande majorité est inspirée de sources d'époque et ont été réalisés avec des méthodes d'époque, mis à part les découpes et rabotages réalisés par des moyens modernes.
Ce travail est essentiellement de l'ébénisterie fine qui est identique à la réalisation de maquettes de bateau d'arsenal... d'où le lien dans mon cerveau décidément bien malade.
Mis à part l'ébénisterie et, bien sûr, l'acoustique, je me suis progressivement auto-formé (bouquins, correspondances) en marquèterie, dorure, sérigraphie, peinture, sculpture, tôlerie, perçage sur tour et tournage sur bois, fonderie... et dans le déchiffrage de fac-simile en vieil allemand gothique, vieux français, vieil anglais et italien de la renaissance :clown2:
Voilà pour survoler le sujet.
à suivre... peut-être.
_Bruno
Dernière édition par bgire le Lun 11 Nov 2019, 15:58, édité 1 fois
_________________
Hi Bob!
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases
Si Vis Pacem Parafilmum
La sous-couche, c'est un apprêt que l'on met avant
Si on bricolait plus souvent on aurait moins la tête aux bêtises
Omnes stulti, et deliberationes non utentes, omnia tentant
Une journée au cours de laquelle on n'a pas ri est une journée perdue
Espérons que le fond de la mer est étanche
Oh, ça c'est le Quacta qui se moque du Stifling
Telle est la Voie !