Bonjour tout le monde
Suite à l’affaire « Photobucket », où cet énorme hébergeur a changé ses conditions d’accès fin juin 2017 pour « virer » des milliers d’utilisateurs, j’ai entrepris de corriger quelques-uns de mes sujets pour rétablir les images, désormais hébergées ailleurs. En revoyant mon premier sujet sur ce forum j’ai pensé qu’il serait plus intéressant de le reprendre dans l’esprit de la Royale. Voici, non pas une redite, mais ce sujet déjà ancien (2014) « remasterisé » avec plus de photos du montage.
Il s'agit du pré-dreadnought Américain USS
Vermont (BB-20) de la classe
Connecticut.
Lancé en Août 1905, il faisait partie de la dernière fournée de cuirassés "ancienne mode" avant la révolution apportée par le
Dreadnought en Grande Bretagne et le
South Carolina en Amérique.
Le
Vermont fit partie de la "Great White Fleet" lors de son tour du Monde en 1907-1909.
Rendu obsolète par l'entrée en service des
Dreadnoughts, il fut démoli en 1923.
A l'origine, le
Vermont portait les traditionnels mâts militaires. En 1909 il fut refondu : les mâts militaires furent remplacés par les fameux "mâts-cage" si caractéristiques des navires Américains jusque dans les années 30.
Niko Model (Pologne) a sorti deux magnifiques petits kits au 1/700e : l'un du
Louisiana (BB-19) dans son état d'origine et celui du
Vermont (BB-20) après installation des mâts-cage.
Ces kits en résine sont extrêmement détaillés. Les pièces sont parfois minuscules et la planche de photo découpe est très impressionnante.
Des photos du modèle :
Dans l'état d'origine, avec les mâts militaires :
Après modifications :
La maquette à présent.
La bête mesure 19cm de longueur et fourmille de détails.
On commence par la peinture générale. Dans cette période, les cuirassés US portaient une livrée "Battleship Slate Gray" qui correspond à un gris ardoise très foncé (équivalent du Tamiya XF-69 German Grey).
A cette échelle, ce gris doit être corrigé sous peine d'apparaitre quasiment noir.
J'ai utilisé ma règle habituelle qui est d'ajouter 23% de blanc pour restituer l'effet d'échelle.
Surprise a été de constater que je retombais pile poil sur le #Gray de la gamme des camouflages communs USN_RN de la première Guerre Mondiale (gamme produite par WEM)... donc j'ai pu utiliser ladite peinture sans modifications.
J'ai utilisé ma technique habituelle (peinture à l'aérographe avec masquage au Parafilm), mais en renversant l'ordre des couleurs pour essayer : le gris foncé d'abord, le teck ensuite. Essai pas très concluant.
La maquette est présentée selon mon habitude : vissée-collée sur un bloc de chêne massif traité à l'huile de 30mm d'épaisseur (un bon vieux chêne de Normandie) avec une "mer" faite de Gesso acrylique étalée au doigt et "tapotée" à la brosse à dent, puis peinte à l'acrylique et, après achèvement, qui sera vernie avec du "realistic water".
La coque est fixée sur le bois à l'aide de deux vis qui passent dans des trous percés dans les barbettes principales. Cela prévient une éventuelle cambrure qui peut se produire à la longue avec les modèles en résine.
La peinture générale achevée, montage de l'artillerie principale, secondaire et tertiaire (en casemates).
Noter tous les petits ronds gris sur les ponts : ce sont les écoutilles de chargement du charbon.
La bête prend forme :
La drome attend sa peinture « bois laqué »
Le pont-château arrière avec tout son équipement. Il manque le mât-cage. Notez les berceaux de la drome d’embarcation.
Détail :
L’avant du pont-château :
Je m’attaque à présent à la passerelle :
C’est vraiment petit… De plus, je suis habitué à mes propres bastingages que je photo découpe dans du maillechort. Ce métal, plus rigide, se prête admirablement à ces petits éléments car il n’est pas ultra-sensible aux « faux mouvements ». Les plis sont francs et les parties droites… restent droites.
Il n’en est pas de même avec les pièces en laiton, métal plus ductile : il faut sans cesse redresser les pièces qui partent dans tous les sens, même avec l’outillage spécial de pliage… on perd beaucoup de temps.
Je songe sérieusement à laisser tomber les bastingages Niko pour les miens…
Hier j’ai tenté « la » partie difficile : la mise en forme des fameux mâts-cage.
Tout d’abord, pour assurer mes arrières, j’ai tourné un gabarit pour les deux mâts dans un morceau de buis des Pyrénées bien sec :
Puis j’ai formé autour les deux parties du mât arrière. Ouf ! Pas de problème : le cintrage est impeccable du premier coup. C’était l’étape que je craignais, vu la ductilité désagréable de la photo découpe Niko.
Un petit ajustement des plateformes en résine :
Et un premier essai, juste posé, juste pour voir :
En parallèle, j’ai commencé à dessiner une mini-planche de photodécoupe que je vais graver dans du maillechort. Cela résoudra mes problèmes avec les bastingages. J’en profiterai pour rajouter un peu de détaillage.
Une autre vue des passerelles : j’en ai bavé avec les bastingages en laiton, qui sont trop mous.
Je m’amuse de plus en plus avec ce petit bijou…
Je remplace les chaines d’ancre en photo découpe de Niko, trop « plates », par de la « vraie » chaine (16 maillons par centimètre, à peu près exact pour l’échelle). Celle-ci a l’avantage d’être déjà oxydée en noir mat.
Enfin ! Mon Vermont est ancré ! Il était temps : le navire commençait à dériver et s’approchait dangereusement du bord de sa planche-support.
Un gentil maquettiste (merci, Bruce !) me fournit quatre canons de 13,5 pouces en laiton. Ce sont des canons anglais (NNT, pour le HMS Dreadnought), d’un calibre plus grand. En les raccourcissant de quelques mm, ils feront parfaitement l’affaire et remplaceront les pièces en résine du kit :
La finition du pont à présent. Sur une couche de « Teck » passée à l’aérographe, j’applique un jus d’aquarelle (noir + brun), je laisse sécher un petit moment, puis je frotte avec un coton-tige et l’un de ces « crayons » en buvard qu’on utilise pour étaler le fusain (ils sont taillables en pointe et sont très pratiques pour accéder aux petits détails)
Puis vient le moment de poser la photo découpe. La planche Niko est très complète, mais les pièces me semblent un peu trop épaisses et surtout l’ensemble est gravé dans un laiton trop mou qui rend les plis et la pose inutilement difficile (comme pour les planches WEM).
Je suis plus habitué au maillechort qui est plus rigide et bien plus facile à manipuler, en particulier pour les pièces fines.
J’ai donc conçu et dessiné une planche complémentaire, qui reprend les pièces Niko, en modifie certaines (plus fine) et ajoute les bastingages, dessinés le plus fin possible.
Je voulais tester, au passage, jusqu’où je pouvais descendre en finesse avec le matériel dont je dispose.
Les « filins » des bastingages, ici, mesurent 0,07mm de largeur…
La pose se révèle très facile car le maillechort est assez rigide pour une manipulation aisée.
Détaillage des trois cheminées.
Je débute par la pose des trois échelles en photo découpe :
Allez, cette fois on descend plus bas dans le détail.
Aujourd’hui, équipement des cheminées et retouches de peinture.
Les grilles de cheminées sont photo fournies en photodécoupe : trois petits cercles de 5mm de diamètre (1 dans la photo ci-dessous).
Comme elles doivent prendre une forme hémisphérique, il va falloir les « former » sur une petite bille d’acier du bon diamètre. Cette opération va froisser la circonférence des petits cercles.
Je pratique donc une petite échancrure (2), puis je « forme » la grille (3) et je coupe l’emplacement du tuyau auxiliaire.
Et voilà les trois grilles en place :
Le gréement des cheminées est réalisé avec du plastique étiré à la flamme. J’utilise du plastique noir issu d’une grappe de maquette plastique. Les morceaux de fil sont trempés dans une goutte de super glue et mis en place.
C’est un boulot de précision et je profite que le bateau est fixé sur un gros socle pour une manipulation plus aisée sans risque d’abimer ce qui est déjà monté. L’ensemble représente tout de même trois heures de montage !
Ce n’est vraiment pas gros…
J’en arrive aux finitions : avant de mettre en place les mâts-cage, il me faut « peupler » le navire.
Après avoir photo découpé une planche « maison » de marins et dégotté sur internet des planches d’époque montrant les uniformes, j’ai opté pour une tenue d’été : veste et pantalon blancs avec calot blanc pour les marins, uniforme bleu pour les officiers.
D’abord, il convient d’épaissir un peu ces silhouettes photo-découpées qui sont trop plates.
Une goutte de colle à bois de chaque coté fait bien l’affaire :
Ensuite, on passe à la peinture des personnages :
(Pour les cheveux, j’ai prévu des bruns et des blonds)
Après séchage, mise en place de l’équipage sur le pont :
Noter ici les marins à l’intérieur du mât-cage. Il y en aura d’autres, sur les échelles qui seront collées dedans.
Cette fois, je commence le sprint final (enfin j’espère…)
Tout d’abord, une petite plaque en laiton photo découpé pour baptiser le bateau…
Le détaillage continue : installation des derniers canons, de l’accastillage et des échelles de coupée :
Puis mise en place du « filet » intermédiaire au niveau de la première plateforme du mât cage arrière. Il s’agit d’une pièce en photo découpe « maison », bien sûr :
Pendant ce temps, la plage avant se peuple de plus en plus :
… le reste aussi… j’en suis à 137 marins et officiers !
Puisqu’on en est à rendre ce diorama plus « vivant », un petit extra : sur une photo de NavSource de l’USS Nebraska, on voit un voilier de plaisance passer le long du cuirassé. J’ai voulu reproduire la scène près du Vermont.
La goélette comprend une coque sculptée dans un éclat de planche de prototypage. Le mât est en laiton, ainsi que les vergues et bômes. Les voiles sont en papier à cigarette peint à l’aérographe. L’équipage est en photodécoupe, bien sûr. Le bateau mesure 11mm de longueur.
Pendant que le reste se prépare, en guise d’apéro, voici le petit bateau terminé, gréé et tout et tout.
Les cordages sont en plastique étiré, le drapeau est un décal « maison ».
Confection d’une toile pour la plage arrière.
Le taud (canvas) sera réalisée en papier à cigarette peint légèrement à l’aérographe.
Préparation du papier (peinture) :
Après peinture j’ai assemblé une structure porteuse en fil de laiton de 0,4mm qui est masquée par la « toile », donnant l’impression que celle-ci est suspendue… à un simple fil de plastique étiré de 0,12mm de diamètre.
L’ensemble est fixé à la colle à bois sur les bastingages arrière et la structure porteuse :
A présent, j’attaque les fameux mâts-cage, typiques de ces navires Américains.
Chacun est constitué de deux cônes en photo-découpe d’une ouverture différente pour coller au plus près à la forme parabolique des originaux.
Les photo-découpes fournies par Niko étaient à la fois trop épaisses et réalisées dans du laiton, métal que je trouve difficile à manipuler, en particulier s’il faut rouler la pièce en cône.
J’ai donc réalisé une autre version des mâts-cage avec des tiges de 0,08mm de large, qui se rapprochent du modèle.
Pose du mât avant :
Vermont-70
Ajout de la passerelle :
Pour les sections supérieures, il s’agit de coller à mi-hauteur une plateforme support de projecteurs en photo-découpe. La hauteur doit être différente pour chaque mât. Les plateformes sont positionnées en plaçant le mât dans un tube de papier à la bonne hauteur (17 et 13mm) :
Assemblage des plateformes et de leur bastingage :
Juste pour le fun, j’ai placé un marin sur l’échelle intérieure au mât :
Fabrication des deux grandes vergues pour chaque mât. Ces pièces ne sont pas dans le kit d’origine et je les ai réalisées en photo découpe, bien sûr :
Voilà les mâts terminés.
Les mâtereaux sont faits… avec le rab des mâts conçus pour les remorqueurs de St Nazaire (19mm de long, coniques, pomme de mât incluse, le tout commandé chez BMK) :
Maintenant on attaque le gréement, entièrement en fil de plastique noir étiré à la flamme :
Et voilà le bestiau enfin achevé :
Pour la petite histoire, le Vermont a été présenté lors de ma première participation au salon de Telford en novembre 2011.
La maquette a été disqualifiée car présentée dans la catégorie « bateaux, 1/700
e ». Or elle contenait un voilier, c'est-à-dire un bateau non relié au cuirassé : c’était donc un diorama, qui est une catégorie différente. Le jury m’a quand même décerné une « Commendation », ce qui veut dire en gros « si elle avait été présentée dans la bonne catégorie elle aurait gagné quelque chose ». J’ai appris bien plus tard, en faisant partie de ce même jury, que chaque jury peut demander au président du concours l’autorisation de changer de catégorie un modèle. Lui seul peut décider. Le jury « bateaux », lui, est réputé pour ne jamais faire ce genre de demande.
Enfin ce montage faisait partie d’un « Group Build » réalisé à cinq sur une année.
Qu'est-ce qu'un "Group Build" ? (ben tout le monde n'est pas obligé de connaitre)
C'est un groupe de maquettistes répartis sur la planète entière et qui décident de monter la même maquette ou le même type de maquette, chacun de son côté, mais en même temps.
En général, on détermine le sujet avec plus ou moins de latitude (ici, c'était : la maquette Niko du Vermont avec ses mâts-cage).
Ensuite on se donne un délai (ici c'était souple et on attendait que le dernier ait fini... c'était moi, oups)
Puis on décide en général de publier ensemble notre résultat final sur un ou plusieurs forums, de façon groupée.
Tout au long du montage, il n'y a pas d'esprit de compétition avec, par exemple, nomination du meilleur à la fin. Juste l'émulation et c'est déjà énorme.
Quels en sont les avantages ?
Le premier est évident à l'âge d'Internet : on n'est plus seul dans son coin. En cas de difficulté ou au contraire quand on a trouvé une astuce, on partage aussitôt. La réactivité des autres est très grande, quelquefois même plus rapide que sur un forum.
On peut aller plus loin en s'échangeant (par courrier cette fois) des pièces, du matériel.
Dans le cas du Vermont, j'ai conçu et fourni à trois des autres membres un set de photo découpe plus complet et surtout plus fin que l'original. L'un des membres m'a fourni en retour quatre canons en laiton tourné de sa boite à rabiot : des tubes embarqués sur le Dreadnought qui pouvaient parfaitement remplacer les moulages Nikko moyennant un petit raccourcissement.
Les montages ne sont pas identiques (enfin, c'est le genre de truc qui se décide ou pas), donc les modèles montés peuvent correspondre à des époques différentes. Vous pouvez vous amuser, en comparant les photos ci-dessous à chercher les différences. Elles couvrent en gros les modifications du Vermont entre 1909 et 1916.
Voici comment l’un de nos membres, Bruce Kapito, a présenté l’affaire :
La marque Polonaise Niko Models a sorti fin 2008 une version avec mâts-cage d'un cuirassé US de la classe Connecticut (pré-Dreadnought) sous le nom de son sister ship, le Vermont (BB-20). Un groupe s'est alors formé avec l'idée de l'assembler en mode "Group Build" pour rendre un hommage à cet obscur, mais curieux navire.Chacun a commandé son exemplaire chez son fournisseur préféré et nous avons défini une date pour le début du montage.Les règles étaient les suivantes : 1- Pas de compétition pour déterminer quel serait le meilleur2- Chacun gardait la liberté totale de partager ou non ses observations ou techniques pendant l'assemblage.3- Pas de date limite fixée : c'est tout de même un hobby !4- A la fin, nos œuvres seraient publiées en commun sur des forums. Si l'un d'entre nous ne voulait pas, il était libre de ne pas le faire. Avec ces règles en tête, chacun s'est lancé, à son rythme, dans la construction. Quelques temps après, Bruno Gire a conçu et fabriqué son propre set de photo découpe et ceux qui l'avaient choisi ont utilisé ce set de préférence à celui d'origine qui, bien que bon, pouvait profiter des améliorations sur les bastingages, les mâts-cage, les vergues supérieures. De l'avis général, ce group build a été pour ses membres l'un des meilleurs moments dans notre activité de maquettistes. Comme vous le savez, il est difficile de confier nos trouvailles et nos "problèmes" pendant la construction d'un kit à notre entourage qui ne partage pas notre passion.Faire partie d'un groupe de copains enthousiastes qui construisent le même kit en même temps est merveilleux. Et mes copains de ce groupe espèrent maintenant participer à un autre groupe. Voici des photos des autres réalisations :
De Bob Cicconi (Pennsylvanie) :
De Bruce Kapito (New York) :
De Neal Clarke (Oklahoma) :
De Rob Kernaghan (Londres) :
_Bruno
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Hi Bob!
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases
Si Vis Pacem Parafilmum
La sous-couche, c'est un apprêt que l'on met avant
Si on bricolait plus souvent on aurait moins la tête aux bêtises
Omnes stulti, et deliberationes non utentes, omnia tentant
Une journée au cours de laquelle on n'a pas ri est une journée perdue
Espérons que le fond de la mer est étanche
Oh, ça c'est le Quacta qui se moque du Stifling
Telle est la Voie !