Le second jour de la bataille
Le 9 mars 1862, au lever du soleil,le Virginia revient sur Hampton Roads,au confluent de la James River et de la Chesapeake,
pour affronter ce qui reste de l'escadre nordiste.Il doit aller vers l'ouest mais pour rester dans le chenal où
il a suffisamment d'eau sous la quille, il doit d'abord aller vers l'est puis tourner.
Le brouillard gène la visibilité et le cuirassé sudiste attend qu'il se dissipe suffisamment.
Vers 8 h 30, il reprend sa route vers les navires nordistes qu'il a l'intention d'envoyer par le fond.
Le lieutenant Jones voit ce qu'il avait d'abord pris pour une barge de ravitaillement se détacher du Minnesota et
se diriger vers lui. Le bruit sonore d'un boulet frappant et rebondissant sur la cuirasse montre que le nouveau venu
est le « cuirassé d'Ericsonn », le Monitor.
Pendant près de quatre heures, les deux monstres cuirassés vont se canonner sans résultat, souvent à bout portant.
Ils se sépareront alors, persuadés chacun de leur victoire.
Le tir,de chaque côté, est assez lent.Le Virginia tire par bordées, c'est-à-dire que tous les canons d'un même côté
font feu en même temps. Il lui faut donc attendre que tous les canons soient prêts avant de tirer.
De plus, il lui faut attendre que le Nordiste entre dans le champ de tir,limité,de ses canons,qui sont placés sur les côtés;
ou bien essayer de manœuvrer pour pouvoir le prendre pour cible.
Comme le Monitor tire, lui, toutes les 8-10 minutes, le combat semble épisodique.
Ce sont les batteries côtières des deux camps, et les batteries des autres vaisseaux nordistes présents,tirant sans discernement
sur les deux cuirassés, qui assurent le spectacle entre-temps.
Les marines embarqués tirent comme ils peuvent par les sabords.Ils visent les sabords de la tourelle du Monitor et la timonerie.
Ils ne semblent pas avoir causé grand dommage,bien que le commandant nordiste croie nécessaire de rappeler cette menace
à son équipage.
Le commandant du Virginia, le lieutenant Catesby ap Jones, pense obtenir un résultat plus rapide en éperonnant le Monitor
plutôt qu'en le canonnant. Bien que son éperon soit resté la veille dans le flanc du Cumberland, il pense que la masse de son navire
devrait suffire pour que le choc soit fatal au petit Nordiste.
Il lui faudra près d'une heure de manœuvres pour trouver une position favorable.Mais il ne peut porter son coup à pleine vitesse,
faute de pouvoir prendre son élan.Le choc est sans résultat pour le Monitor,mais cause une inquiétante voie d'eau à son agresseur.
Plus tard, le Virginia, qui fait route au nord, se plante dans un banc de vase.
Toujours sous le feu du Monitor,des autres navires nordistes et des batteries côtières,il doit impérativement se dégager
ou terminer piteusement sa carrière,échoué.La machine est poussée à son maximum mais cela ne suffit pas.
Dans une tentative désespérée, les mécaniciens vont jeter dans la chaudière tout ce qui peut brûler,au risque de la faire exploser.
Ils vont ainsi y jeter de la térébenthine,bloquer les valves de surpression.
Finalement, toujours sous les tirs de ses adversaires,le Virginia glisse lentement en arrière et retrouve sa liberté de mouvement.
Constatant l'absence de résultats des tirs sur la cuirasse de son petit adversaire,le commandant Jones donne l'ordre
de viser la timonerie, sur l'avant du Monitor.C'est à ce moment que le Monitor tente d'éperonner son adversaire,
visant l'arrière dans le but de détruire l'hélice et le gouvernail, non protégés.
Il rate sa cible de peu. Le lieutenant Wood, qui commande la pièce arrière, voit le cuirassé nordiste défiler devant son canon.
Il fait viser la timonerie. L'obus éclate juste sur cette cible. Pas de dégâts apparents, mais le Monitor semble perdre la tête.
Il continue sa route, au nord, où les eaux sont trop peu profondes pour que le Virginia puisse le suivre.
Le cuirassé sudiste attend près de trois quarts d'heure, dit-il, le retour de son adversaire,toujours sous le feu
des batteries côtières et, épisodiquement, sous les bordées du Minnesota.
Persuadé que son adversaire a pris la fuite,il entreprend la tâche toujours laborieuse pour lui,de virer vers la frégate Minnesota.
Il pense couler le Nordiste échoué, sans défense.
Mais le sort ne lui est plus favorable. Les pilotes du Virginia, alarmés par la marée descendante,craignent de ne pouvoir éviter l'échouement du cuirassé, ce qui le laisserait à la merci de ses ennemis.
L'accès à l'Elizabeth River devenant impossible, il faudrait passer la nuit à portée des nordistes, sans espoir de ravitailler.
La discussion est vive entre les pilotes et les officiers qui voudraient d'abord incendier la frégate nordiste mais, finalement,
le commandant Jones donne l'ordre de quitter Hampton Roads et de regagner Norfolk.
Le Virginia qui s'éloigne est toujours en état de combattre.
Certes, la perte, la veille, de son éperon l'a privé d'une arme efficace.Mais sa cuirasse, martelée par les canons nordistes,
est quasiment intacte. En revanche il manœuvre toujours plus mal. Sa cheminée criblée,par manque de tirage,diminue la puissance
déjà faible de ses chaudières. La consommation de ses réserves de charbon l'a fait remonter sur l'eau et l'avant de sa coque,
non protégée, est presque offerte aux coups de ses adversaires.
Ravitaillé, il serait prêt à reprendre le combat, contrairement à ce que clament les Nordistes.
Le Virginia reviendra sur Hampton Roads plusieurs fois, mais les deux cuirassés éviteront soigneusement de se retrouver face à face.
De chaque côté, on veut éviter de flétrir les lauriers généreusement auto-accordés lors du premier combat.
Les impacts sur la tourelle du monitor
Conséquences
Les deux camps ayant revendiqué la victoire à Hampton Roads,le CSS Virginia deviendra le modèle à partir duquel
seront dessinés les cuirassés fluviaux que la Confédération construira tout au long de la guerre.
Après la guerre, le modèle n'aura pas de suite, les différentes marines préférant le système à tourelle du Monitor
à la casemate du Virginia ; mais surtout, préférant des modèles ayant des qualités marines plus évidentes
que les combattants de ce premier duel de cuirassés.
Cela n'empêchera pas la France d'acheter deux de ces genres de cuirassé aux États-Unis,l'un à casemate,type Merrimack,
et l'autre à tourelles, type Monitor (le Dunderberg, rebaptisé Rochambeau, pour l'un, et le Onondaga, pour l'autre).
L'usage de l'éperon dans la destruction du Cumberland,usage conforté par la bataille de Lissa,en 1866, sera à l'origine
de la vogue de cette arme jusqu'à la veille de la 1ere Guerre mondiale.
le Monitor Onondaga a 2 tourelles
source
http://cssvirginia.org/
Le 9 mars 1862, au lever du soleil,le Virginia revient sur Hampton Roads,au confluent de la James River et de la Chesapeake,
pour affronter ce qui reste de l'escadre nordiste.Il doit aller vers l'ouest mais pour rester dans le chenal où
il a suffisamment d'eau sous la quille, il doit d'abord aller vers l'est puis tourner.
Le brouillard gène la visibilité et le cuirassé sudiste attend qu'il se dissipe suffisamment.
Vers 8 h 30, il reprend sa route vers les navires nordistes qu'il a l'intention d'envoyer par le fond.
Le lieutenant Jones voit ce qu'il avait d'abord pris pour une barge de ravitaillement se détacher du Minnesota et
se diriger vers lui. Le bruit sonore d'un boulet frappant et rebondissant sur la cuirasse montre que le nouveau venu
est le « cuirassé d'Ericsonn », le Monitor.
Pendant près de quatre heures, les deux monstres cuirassés vont se canonner sans résultat, souvent à bout portant.
Ils se sépareront alors, persuadés chacun de leur victoire.
Le tir,de chaque côté, est assez lent.Le Virginia tire par bordées, c'est-à-dire que tous les canons d'un même côté
font feu en même temps. Il lui faut donc attendre que tous les canons soient prêts avant de tirer.
De plus, il lui faut attendre que le Nordiste entre dans le champ de tir,limité,de ses canons,qui sont placés sur les côtés;
ou bien essayer de manœuvrer pour pouvoir le prendre pour cible.
Comme le Monitor tire, lui, toutes les 8-10 minutes, le combat semble épisodique.
Ce sont les batteries côtières des deux camps, et les batteries des autres vaisseaux nordistes présents,tirant sans discernement
sur les deux cuirassés, qui assurent le spectacle entre-temps.
Les marines embarqués tirent comme ils peuvent par les sabords.Ils visent les sabords de la tourelle du Monitor et la timonerie.
Ils ne semblent pas avoir causé grand dommage,bien que le commandant nordiste croie nécessaire de rappeler cette menace
à son équipage.
Le commandant du Virginia, le lieutenant Catesby ap Jones, pense obtenir un résultat plus rapide en éperonnant le Monitor
plutôt qu'en le canonnant. Bien que son éperon soit resté la veille dans le flanc du Cumberland, il pense que la masse de son navire
devrait suffire pour que le choc soit fatal au petit Nordiste.
Il lui faudra près d'une heure de manœuvres pour trouver une position favorable.Mais il ne peut porter son coup à pleine vitesse,
faute de pouvoir prendre son élan.Le choc est sans résultat pour le Monitor,mais cause une inquiétante voie d'eau à son agresseur.
Plus tard, le Virginia, qui fait route au nord, se plante dans un banc de vase.
Toujours sous le feu du Monitor,des autres navires nordistes et des batteries côtières,il doit impérativement se dégager
ou terminer piteusement sa carrière,échoué.La machine est poussée à son maximum mais cela ne suffit pas.
Dans une tentative désespérée, les mécaniciens vont jeter dans la chaudière tout ce qui peut brûler,au risque de la faire exploser.
Ils vont ainsi y jeter de la térébenthine,bloquer les valves de surpression.
Finalement, toujours sous les tirs de ses adversaires,le Virginia glisse lentement en arrière et retrouve sa liberté de mouvement.
Constatant l'absence de résultats des tirs sur la cuirasse de son petit adversaire,le commandant Jones donne l'ordre
de viser la timonerie, sur l'avant du Monitor.C'est à ce moment que le Monitor tente d'éperonner son adversaire,
visant l'arrière dans le but de détruire l'hélice et le gouvernail, non protégés.
Il rate sa cible de peu. Le lieutenant Wood, qui commande la pièce arrière, voit le cuirassé nordiste défiler devant son canon.
Il fait viser la timonerie. L'obus éclate juste sur cette cible. Pas de dégâts apparents, mais le Monitor semble perdre la tête.
Il continue sa route, au nord, où les eaux sont trop peu profondes pour que le Virginia puisse le suivre.
Le cuirassé sudiste attend près de trois quarts d'heure, dit-il, le retour de son adversaire,toujours sous le feu
des batteries côtières et, épisodiquement, sous les bordées du Minnesota.
Persuadé que son adversaire a pris la fuite,il entreprend la tâche toujours laborieuse pour lui,de virer vers la frégate Minnesota.
Il pense couler le Nordiste échoué, sans défense.
Mais le sort ne lui est plus favorable. Les pilotes du Virginia, alarmés par la marée descendante,craignent de ne pouvoir éviter l'échouement du cuirassé, ce qui le laisserait à la merci de ses ennemis.
L'accès à l'Elizabeth River devenant impossible, il faudrait passer la nuit à portée des nordistes, sans espoir de ravitailler.
La discussion est vive entre les pilotes et les officiers qui voudraient d'abord incendier la frégate nordiste mais, finalement,
le commandant Jones donne l'ordre de quitter Hampton Roads et de regagner Norfolk.
Le Virginia qui s'éloigne est toujours en état de combattre.
Certes, la perte, la veille, de son éperon l'a privé d'une arme efficace.Mais sa cuirasse, martelée par les canons nordistes,
est quasiment intacte. En revanche il manœuvre toujours plus mal. Sa cheminée criblée,par manque de tirage,diminue la puissance
déjà faible de ses chaudières. La consommation de ses réserves de charbon l'a fait remonter sur l'eau et l'avant de sa coque,
non protégée, est presque offerte aux coups de ses adversaires.
Ravitaillé, il serait prêt à reprendre le combat, contrairement à ce que clament les Nordistes.
Le Virginia reviendra sur Hampton Roads plusieurs fois, mais les deux cuirassés éviteront soigneusement de se retrouver face à face.
De chaque côté, on veut éviter de flétrir les lauriers généreusement auto-accordés lors du premier combat.
Les impacts sur la tourelle du monitor
Conséquences
Les deux camps ayant revendiqué la victoire à Hampton Roads,le CSS Virginia deviendra le modèle à partir duquel
seront dessinés les cuirassés fluviaux que la Confédération construira tout au long de la guerre.
Après la guerre, le modèle n'aura pas de suite, les différentes marines préférant le système à tourelle du Monitor
à la casemate du Virginia ; mais surtout, préférant des modèles ayant des qualités marines plus évidentes
que les combattants de ce premier duel de cuirassés.
Cela n'empêchera pas la France d'acheter deux de ces genres de cuirassé aux États-Unis,l'un à casemate,type Merrimack,
et l'autre à tourelles, type Monitor (le Dunderberg, rebaptisé Rochambeau, pour l'un, et le Onondaga, pour l'autre).
L'usage de l'éperon dans la destruction du Cumberland,usage conforté par la bataille de Lissa,en 1866, sera à l'origine
de la vogue de cette arme jusqu'à la veille de la 1ere Guerre mondiale.
le Monitor Onondaga a 2 tourelles
source
http://cssvirginia.org/