Ils sont innombrables dans l'histoire maritime, ces hommes à qui va notre profond respect. Vous aurez, j'en suis sûr, plaisir à les honorer en fouillant votre mémoire et vos docs.
Capt. Johan Lindemann
Nous sommes le 26 août 1883, dans le détroit de la Sonde. Le Krakatoa vient d'entrer en éruption.
J.H. Lindemann commande le Gouverneur Generaal Loudon, un navire basé à Batavia et qui sert aux messageries maritimes, transporte des passagers et fait même des excursions.
Le 26, le Loudon appareille d'Anjer au nord de Java. Il transporte des passagers. Des colons hollandais et 300 coolies.
Dès 6.00am, il reçoit une importante pluie de cendres. Il se déroute vers le village de Telok Betong, dans la baie de Lampong. Il envoie des signaux pour qu'un sloop soit envoyé pour débarquer ses passagers. Personne ne vient. Lindemann envoie son second avec son unique canot. Il revient au bout d'une heure, impossible d'accoster à cause des courants et des rouleaux. Un navire qui a essayé de quitter le port, a coulé. Lindemann entend les cloches d'alarme d'autres navires. Il fait noir, à cause du nuage de cendres. Pour éviter une collision, Lindemann s'éloigne.
Le 27 à 7.00am, arrive la première vague de tsunami. Le Loudon résiste. De la passerelle, Lindemann voit une foule d'Européens qui regardaient le phénomène depuis le pier, emportés. La vague emporte aussi la canonnière Berouw et la projette dans les cocotiers.
En milieu de matinée, la pluie de cendres redouble et s'accompagne de chutes de pierres ponces. L'air est irrespirable, l'odeur de soufre et la poussière de cendre gênent la respiration des marins qui travaillent sur le pont pour le dégager. En 10 minutes, il y aura 30cm de cendres. Bientôt 60. Et les vents sont maintenant devenus cyclone.
Lindemann sait qu'une seconde vague va venir. Il fait jeter ses ancres et conserve son moteur en demi-vitesse pour lutter contre les courants. Il oriente le Loudon face pleine mer. Puis, pour conserver de la stabilité, fait descendre tous ses passagers dans la cale ou sont parqués les coolies. Scandale! Les Hollandais s'offusquent de cette promiscuité avec des pue-la-sueur. Lindemann menace de les jeter par dessus bord. Ils obtempèrent.
Il ne reste plus qu'à attendre. Lindemann s'encorde à la roue de gouvernail. Son second qui a refusé de le quitter, s'attache également.
Puis c'est l'enfer. La vague frappe le Loudon de plein fouet. Dans la cale, les passagers et l'équipage sont projetés dans tous les sens. Pourtant les ancres tiennent bon. Lindemann n'a pas bougé. Il s'en tire avec quelques égratignures. Il vient de sauver son navire et plus de 300 personnes.
A midi, il n'y a plus un souffle de vent. La côte est dévastée, jonchée de morts.
A 2.00pm, les cendres ne tombant plus qu'en pluie fine, Le Loudon appareille et retourne à Anjer.
Pour son courage, la Hollande décernera la Médaille d'Honneur à Johan Lindemann.
Vous revivrez cette histoire si vous avez l'occasion de voir l'excellent docu-fiction, Krakatoa, the last days, réalisé par la BBC en 2006, déja passé plusieurs fois sur M6 et Arte. C'est lui qui m'a permis de connaître l'histoire du Loudon et de son courageux commandant.
Source: Journal de J.H. Lindemann.
Dernière édition par Andy le 30/06/10, 08:21 pm, édité 2 fois
Capt. Johan Lindemann
Nous sommes le 26 août 1883, dans le détroit de la Sonde. Le Krakatoa vient d'entrer en éruption.
J.H. Lindemann commande le Gouverneur Generaal Loudon, un navire basé à Batavia et qui sert aux messageries maritimes, transporte des passagers et fait même des excursions.
Le 26, le Loudon appareille d'Anjer au nord de Java. Il transporte des passagers. Des colons hollandais et 300 coolies.
Dès 6.00am, il reçoit une importante pluie de cendres. Il se déroute vers le village de Telok Betong, dans la baie de Lampong. Il envoie des signaux pour qu'un sloop soit envoyé pour débarquer ses passagers. Personne ne vient. Lindemann envoie son second avec son unique canot. Il revient au bout d'une heure, impossible d'accoster à cause des courants et des rouleaux. Un navire qui a essayé de quitter le port, a coulé. Lindemann entend les cloches d'alarme d'autres navires. Il fait noir, à cause du nuage de cendres. Pour éviter une collision, Lindemann s'éloigne.
Le 27 à 7.00am, arrive la première vague de tsunami. Le Loudon résiste. De la passerelle, Lindemann voit une foule d'Européens qui regardaient le phénomène depuis le pier, emportés. La vague emporte aussi la canonnière Berouw et la projette dans les cocotiers.
En milieu de matinée, la pluie de cendres redouble et s'accompagne de chutes de pierres ponces. L'air est irrespirable, l'odeur de soufre et la poussière de cendre gênent la respiration des marins qui travaillent sur le pont pour le dégager. En 10 minutes, il y aura 30cm de cendres. Bientôt 60. Et les vents sont maintenant devenus cyclone.
Lindemann sait qu'une seconde vague va venir. Il fait jeter ses ancres et conserve son moteur en demi-vitesse pour lutter contre les courants. Il oriente le Loudon face pleine mer. Puis, pour conserver de la stabilité, fait descendre tous ses passagers dans la cale ou sont parqués les coolies. Scandale! Les Hollandais s'offusquent de cette promiscuité avec des pue-la-sueur. Lindemann menace de les jeter par dessus bord. Ils obtempèrent.
Il ne reste plus qu'à attendre. Lindemann s'encorde à la roue de gouvernail. Son second qui a refusé de le quitter, s'attache également.
Puis c'est l'enfer. La vague frappe le Loudon de plein fouet. Dans la cale, les passagers et l'équipage sont projetés dans tous les sens. Pourtant les ancres tiennent bon. Lindemann n'a pas bougé. Il s'en tire avec quelques égratignures. Il vient de sauver son navire et plus de 300 personnes.
A midi, il n'y a plus un souffle de vent. La côte est dévastée, jonchée de morts.
A 2.00pm, les cendres ne tombant plus qu'en pluie fine, Le Loudon appareille et retourne à Anjer.
Pour son courage, la Hollande décernera la Médaille d'Honneur à Johan Lindemann.
Vous revivrez cette histoire si vous avez l'occasion de voir l'excellent docu-fiction, Krakatoa, the last days, réalisé par la BBC en 2006, déja passé plusieurs fois sur M6 et Arte. C'est lui qui m'a permis de connaître l'histoire du Loudon et de son courageux commandant.
Source: Journal de J.H. Lindemann.
Dernière édition par Andy le 30/06/10, 08:21 pm, édité 2 fois