Salut à tous,
Une autre histoire de naufrage, également sous le second empire.
Bien plus dramatique que la Méduse...
Le naufrage de la Sémillante
C’est l’histoire d’une belle frégate trois mats, plus grande encore que la Méduse.
Sa construction a couté fort cher. Après quelques retards pour cause de restrictions budgétaires, elle est lancée avec faste à Lorient le 16 février 1841. Au début elle sert surtout à la parade, mais en 1855 elle prend du service avec la guerre de Crimée.
On décide d’envoyer la Sémillante ravitailler les armées Anglaises, Piémontaises et Turques contre les Russes. On passera par Constantinople.
En janvier 1855 dirigée par le capitaine de frégate Jugan, elle quitte Lorient pour Toulon.
Dans ce port on la charge d’une énorme quantité de matériel dont de nombreux canons, mortiers, bombes et plus de 27.000 obus.
Un véritable arsenal dont on rempli les cales avec précaution.
Le chargement en hommes est également considérable. Qu’on en juge :
293 membres d’équipage et passagers montent d’abord à bord, puis viennent ensuite 393 militaires. Avec les membres d’état major on frôle les 700 personnes.
Le capitaine Jugan dirige l’opération. Parmi l’équipage certains superstitieux lui reprochent de ne pas avoir salué notre Dame de l’Armor à la sortie de Lorient. « présage de catastrophe » selon eux. A bord on a bien trop a faire pour écouter ces histoires.
— Larguez les amarres. Ordonne Jugan.
On est le 14 février 1855, le temps est magnifique, la mer calme.
A bord on se croirait sur les grands boulevards tant il y a de monde sur le pont. Jugan au milieu de ses officiers fait le point sur la route à suivre :
— Pour rejoindre la mer Egée on va passer par le sud de la Sardaigne, puis canal de Tunisie, de Malte et Cap Matapan.
— Bien capitaine
Les ordres sont donnés en conséquence. La sémillante fend la Méditerranée, laissant la Corse sur tribord. Tout va bien, le ciel est beau. Pourtant Jugan est inquiet.
— Quelque chose ne va pas capitaine ?. Demande le second.
— Regardez le baromètre.
Le second se penche sur l’aiguille. Il ne peut y croire :
— Il doit être déréglé, je ne l’ai jamais vu aussi bas.
— Non il ne l’est pas, regardez là bas.
La bas c’est un ciel noir comme de l’encre au Sud de la Sardaigne.
Rapidement se lève une tempête d’ouest sud ouest. Les vagues grossissent démesurément cognant sur la Sémillante alourdie par 400 tonnes de chargement.
Jugan n’aime pas cette tempête qui se lève, il veut se mettre à l’abri.
— A tribord toute, on va passer par les bouches de Bonifacio.
Les bouches de Bonifacio, c’est à dire le passage de 24 kms entre la Corse et la Sardaigne.
Chacun sait que se passage est parsemé d’iles et de rochers. Si par beau temps, il ne pose aucun problème il n’en est pas de même par gros temps.
La tempête déjà forte en eau libre se transforme en ouragan dévastateur dans ce passage resserré. Le plus gros ouragan jamais vu de mémoire de Corse. A Bonifacio des maisons voient leurs toits arrachés, une s’écroule sur ses habitants. Sur la mer la Sémillante se bat pour sa survie. Des lames gigantesques s’abattent sur le pont. On n’y voit rien devant tant le sel et les embruns volent haut.
— A la cape ! Hurle Jugan
— Impossible de mettre en travers capitaine, nous serons chavirés !.
Le gouvernail lâche brusquement. Désormais la Sémillante est perdue.
Mais Jugan dans un fol espoir fait jouer les voiles.
A 11 h le chef de phare de la Testa voit passer la frégate à sec de toile. Elle semble incontrôlable dans cette mer en furie. Au dernier moment avant de se briser sur les rochers, elle hisse sa trinquette et file sur bâbord.
Dans cet ouragan sans gouvernail la tâche est impossible. La Sémillante portée par le vent et les vagues touche une roche souterraine et se jette sur les rochers de Lavazzi.
Un des bergers de l’ile voit le fantôme d’un navire s’approcher à toute allure, puis entend « un grondement épouvantable comme le tonnerre ».
Il n’y aura aucun survivant.
700 hommes et 400 tonnes de matériels iront directement au fond.
A la suite d’une épuisante campagne de recherches on retrouvera 560 corps sur 700 affreusement mutilés et tous nus. Des parties importantes du navire sont dispersées sur l’ile de Lavazzi.
Le corps de Jugan sera identifié grâce à son uniforme (le seul à l'avoir encore).
Aujourd’hui le cimetière existe toujours et des hommages y sont régulièrement rendus*.
(*)Cette catastrophe n’ayant fait aucun survivant, certains dialogues ont bien entendu étés imaginés comme probables ou découlant de la marche du navire.
Surcouf-AD-2010
Ref image:
http://membres.multimania.fr/jlventura/semillante2.jpg
Dernière édition par surcouf le Lun 14 Juin 2010, 16:49, édité 1 fois
Une autre histoire de naufrage, également sous le second empire.
Bien plus dramatique que la Méduse...
Le naufrage de la Sémillante
C’est l’histoire d’une belle frégate trois mats, plus grande encore que la Méduse.
Sa construction a couté fort cher. Après quelques retards pour cause de restrictions budgétaires, elle est lancée avec faste à Lorient le 16 février 1841. Au début elle sert surtout à la parade, mais en 1855 elle prend du service avec la guerre de Crimée.
On décide d’envoyer la Sémillante ravitailler les armées Anglaises, Piémontaises et Turques contre les Russes. On passera par Constantinople.
En janvier 1855 dirigée par le capitaine de frégate Jugan, elle quitte Lorient pour Toulon.
Dans ce port on la charge d’une énorme quantité de matériel dont de nombreux canons, mortiers, bombes et plus de 27.000 obus.
Un véritable arsenal dont on rempli les cales avec précaution.
Le chargement en hommes est également considérable. Qu’on en juge :
293 membres d’équipage et passagers montent d’abord à bord, puis viennent ensuite 393 militaires. Avec les membres d’état major on frôle les 700 personnes.
Le capitaine Jugan dirige l’opération. Parmi l’équipage certains superstitieux lui reprochent de ne pas avoir salué notre Dame de l’Armor à la sortie de Lorient. « présage de catastrophe » selon eux. A bord on a bien trop a faire pour écouter ces histoires.
— Larguez les amarres. Ordonne Jugan.
On est le 14 février 1855, le temps est magnifique, la mer calme.
A bord on se croirait sur les grands boulevards tant il y a de monde sur le pont. Jugan au milieu de ses officiers fait le point sur la route à suivre :
— Pour rejoindre la mer Egée on va passer par le sud de la Sardaigne, puis canal de Tunisie, de Malte et Cap Matapan.
— Bien capitaine
Les ordres sont donnés en conséquence. La sémillante fend la Méditerranée, laissant la Corse sur tribord. Tout va bien, le ciel est beau. Pourtant Jugan est inquiet.
— Quelque chose ne va pas capitaine ?. Demande le second.
— Regardez le baromètre.
Le second se penche sur l’aiguille. Il ne peut y croire :
— Il doit être déréglé, je ne l’ai jamais vu aussi bas.
— Non il ne l’est pas, regardez là bas.
La bas c’est un ciel noir comme de l’encre au Sud de la Sardaigne.
Rapidement se lève une tempête d’ouest sud ouest. Les vagues grossissent démesurément cognant sur la Sémillante alourdie par 400 tonnes de chargement.
Jugan n’aime pas cette tempête qui se lève, il veut se mettre à l’abri.
— A tribord toute, on va passer par les bouches de Bonifacio.
Les bouches de Bonifacio, c’est à dire le passage de 24 kms entre la Corse et la Sardaigne.
Chacun sait que se passage est parsemé d’iles et de rochers. Si par beau temps, il ne pose aucun problème il n’en est pas de même par gros temps.
La tempête déjà forte en eau libre se transforme en ouragan dévastateur dans ce passage resserré. Le plus gros ouragan jamais vu de mémoire de Corse. A Bonifacio des maisons voient leurs toits arrachés, une s’écroule sur ses habitants. Sur la mer la Sémillante se bat pour sa survie. Des lames gigantesques s’abattent sur le pont. On n’y voit rien devant tant le sel et les embruns volent haut.
— A la cape ! Hurle Jugan
— Impossible de mettre en travers capitaine, nous serons chavirés !.
Le gouvernail lâche brusquement. Désormais la Sémillante est perdue.
Mais Jugan dans un fol espoir fait jouer les voiles.
A 11 h le chef de phare de la Testa voit passer la frégate à sec de toile. Elle semble incontrôlable dans cette mer en furie. Au dernier moment avant de se briser sur les rochers, elle hisse sa trinquette et file sur bâbord.
Dans cet ouragan sans gouvernail la tâche est impossible. La Sémillante portée par le vent et les vagues touche une roche souterraine et se jette sur les rochers de Lavazzi.
Un des bergers de l’ile voit le fantôme d’un navire s’approcher à toute allure, puis entend « un grondement épouvantable comme le tonnerre ».
Il n’y aura aucun survivant.
700 hommes et 400 tonnes de matériels iront directement au fond.
A la suite d’une épuisante campagne de recherches on retrouvera 560 corps sur 700 affreusement mutilés et tous nus. Des parties importantes du navire sont dispersées sur l’ile de Lavazzi.
Le corps de Jugan sera identifié grâce à son uniforme (le seul à l'avoir encore).
Aujourd’hui le cimetière existe toujours et des hommages y sont régulièrement rendus*.
(*)Cette catastrophe n’ayant fait aucun survivant, certains dialogues ont bien entendu étés imaginés comme probables ou découlant de la marche du navire.
Surcouf-AD-2010
Ref image:
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Dernière édition par surcouf le Lun 14 Juin 2010, 16:49, édité 1 fois