Bien le bonjour à tous,
Ayant appris il n'y a pas plus tard que récemment que mon ancêtre, le chevalier de Adhoc, avait embarqué à bord de Aphrodite, il m'a paru opportun de vous livrer les Mémoires de mon aïeul (bi, tri, quadri au moins), sans en rien retrancher, sauf quelques passages oiseux. La graphie en est belle mais pas toujours lisible, aussi me pardonnerez-vous s'il se trouve quelque orthographe sujette à caution ou quelque expression difficilement compréhensible.
Je lui laisse donc la plume...
" Or donc je naquis en la bonne ville de Toulon ou pas loin, en mai de l'an guinsbourien 69, 54ème du règne de Louis qui n'était plus depuis belle lurette le Bien Aimé.
Né moco d'une mère assurément et d'un père à coup sûr qui eurent, dans l'incertitude sans doute de leur destin, le bon goût de me déposer le 29 de ce joli mois devant l'huis du monastère des Frères de Saint Bernardin.
Ces pieux moines eurent indescriptible plaisir à me recueillir. mon arrivée en ce saint lieu de haute réputation fut saluée comme particulièrement bienvenue, puisque survenant quelques jours après la fête du Saint fondateur de l'Ordre.
" Hic puer egregie adhoc advenit!!!" balbutia le Prieur Aymon en larmes. Cette opportune exclamation me valut le surnom qui devint mon nom.
Et ce jour célébrant la Saint Aymard, je fus très logiquement prénommé "Jean".
Les bons pères poussèrent force "Noël! Noël!" tout en se donnant recto verso le baiser de paix. Puis ils entamèrent la procession dite de la sainte chenille propitiatoire, non s'en m'avoir confié à la nonne Jeanneton dont j'eus grand plaisir, m'a-t'on dit, à engouler le téton.
Après ces fortes prières, les saints hommes me vinrent contempler alors que Jeanneton me talquait ce que de droit, et s'esbaudirent grandement en voyant, tatouée sur ma fesse dextre, une licorne à l'attribut fort opportunément tourné. Aussi,émus, redoublèrent-ils de psaumes rectotonaux et de bourrées adéquates.
Puis, dès que j'en eus l'âge, paternellement, les bons pères, fort pieux mais aussi fort versés en moult sciences, eurent à cœur que je fisse mes humanités.
Ainsi, outre la philosophie, l'exégèse, j'appris le latin, le grec, le franciot, le bogomile, l'art de faire sonner bellement le carillon avec la corde à nœuds, le maniement du goupillon, le chant choral, plain ou bourré, et bien d'autres disciplines.
L'ardente Rome et ses gladiateurs, le pays hellène et ses zoplites, n'eurent bientôt plus de secret pour moi, tant dans leur histoire et leur littérature que dans les mœurs de leur vie quotidienne.
Je reçus aussi quelques rudiments de géomètrie, car, comme le dit Platon: "Nul n'entre ici s'il n'est géomètre", le délicieux homme.
Les rudes exercices gymniques, le plus souvent de longues séries de pompes, à fin de mortification, ne me furent point ménagés.
Au prétexte que ces pieuses pratiques, selon leur lumineuse et débonnaire doctrine, se doivent, par une application raisonnée, de donner un avant-goût de Paradis, et non de Purgatoire, voire pire, ce saint ordre fut l'objet d'odieuses diffamations.
Je défie, au mousquet à 2 coups, les peu ragoûtants personnages, fussent-ils inquisiteurs, qui s'en iraient, colporter de tels ragots à l'odeur de fagot!
Ils n'ont pas compris, les ignobles sots, que mes bons pères avaient à grand cœur souci de connaître, et ce au plus profond, les affres des pécheurs afin de les mieux comprendre et de les amener ainsi à véritable et sincère repentance.
Je dois aussi rappeler que l'humanité leur serait très obligée d'avoir grande reconnaissance pour avoir su préserver un répertoire liturgique unique, bien qu'hélas bien incomplet, sauvé de l'incendie de l'incandescente bibliothèque d'Alexandrie, et qu'ils se transmirent de père en fils.
Mais je m'emporte, je m'emporte!!
Jeanneton fut chargée de parfaire mon éducation en science de l'homme, déjà fort poussée, s'il vous plait que je m'exprime ainsi.
Elle se chargea, de son propre chef mais pas seulement, de me faire connaître, quand le poil me vint, les secrets de la géographie et de m'initier à l'exploration de la terra incognita.
J'eus grand plaisir à découvrir la mer quand nous allions après messe nous ébattre dans quelque crique.
Nous enfourchions alors un curieux esquif, appelé pédal'eau, formé de deux peaux de phoques gonflées, accolées l'une à l'autre comme il se doit, et surmontées d'un curieux et mécanique attelage.
L'ensemble se pouvait mouvoir par des sortes de pales sises à l'arrière que deux frères l'un derrière l'autre faisaient mouliner d'un jarret vigoureux.
Ce pendant, sœur Jeanneton se faisait le maillot, avec de fines brucelles et des feuilles de chou enduites de cire. Ah, bucolique et maritime tableau!
Les années passèrent dans la méditation, l'étude et l'exercice, austère et douce à la fois.
Ayant appris il n'y a pas plus tard que récemment que mon ancêtre, le chevalier de Adhoc, avait embarqué à bord de Aphrodite, il m'a paru opportun de vous livrer les Mémoires de mon aïeul (bi, tri, quadri au moins), sans en rien retrancher, sauf quelques passages oiseux. La graphie en est belle mais pas toujours lisible, aussi me pardonnerez-vous s'il se trouve quelque orthographe sujette à caution ou quelque expression difficilement compréhensible.
Je lui laisse donc la plume...
" Or donc je naquis en la bonne ville de Toulon ou pas loin, en mai de l'an guinsbourien 69, 54ème du règne de Louis qui n'était plus depuis belle lurette le Bien Aimé.
Né moco d'une mère assurément et d'un père à coup sûr qui eurent, dans l'incertitude sans doute de leur destin, le bon goût de me déposer le 29 de ce joli mois devant l'huis du monastère des Frères de Saint Bernardin.
Ces pieux moines eurent indescriptible plaisir à me recueillir. mon arrivée en ce saint lieu de haute réputation fut saluée comme particulièrement bienvenue, puisque survenant quelques jours après la fête du Saint fondateur de l'Ordre.
" Hic puer egregie adhoc advenit!!!" balbutia le Prieur Aymon en larmes. Cette opportune exclamation me valut le surnom qui devint mon nom.
Et ce jour célébrant la Saint Aymard, je fus très logiquement prénommé "Jean".
Les bons pères poussèrent force "Noël! Noël!" tout en se donnant recto verso le baiser de paix. Puis ils entamèrent la procession dite de la sainte chenille propitiatoire, non s'en m'avoir confié à la nonne Jeanneton dont j'eus grand plaisir, m'a-t'on dit, à engouler le téton.
Après ces fortes prières, les saints hommes me vinrent contempler alors que Jeanneton me talquait ce que de droit, et s'esbaudirent grandement en voyant, tatouée sur ma fesse dextre, une licorne à l'attribut fort opportunément tourné. Aussi,émus, redoublèrent-ils de psaumes rectotonaux et de bourrées adéquates.
Puis, dès que j'en eus l'âge, paternellement, les bons pères, fort pieux mais aussi fort versés en moult sciences, eurent à cœur que je fisse mes humanités.
Ainsi, outre la philosophie, l'exégèse, j'appris le latin, le grec, le franciot, le bogomile, l'art de faire sonner bellement le carillon avec la corde à nœuds, le maniement du goupillon, le chant choral, plain ou bourré, et bien d'autres disciplines.
L'ardente Rome et ses gladiateurs, le pays hellène et ses zoplites, n'eurent bientôt plus de secret pour moi, tant dans leur histoire et leur littérature que dans les mœurs de leur vie quotidienne.
Je reçus aussi quelques rudiments de géomètrie, car, comme le dit Platon: "Nul n'entre ici s'il n'est géomètre", le délicieux homme.
Les rudes exercices gymniques, le plus souvent de longues séries de pompes, à fin de mortification, ne me furent point ménagés.
Au prétexte que ces pieuses pratiques, selon leur lumineuse et débonnaire doctrine, se doivent, par une application raisonnée, de donner un avant-goût de Paradis, et non de Purgatoire, voire pire, ce saint ordre fut l'objet d'odieuses diffamations.
Je défie, au mousquet à 2 coups, les peu ragoûtants personnages, fussent-ils inquisiteurs, qui s'en iraient, colporter de tels ragots à l'odeur de fagot!
Ils n'ont pas compris, les ignobles sots, que mes bons pères avaient à grand cœur souci de connaître, et ce au plus profond, les affres des pécheurs afin de les mieux comprendre et de les amener ainsi à véritable et sincère repentance.
Je dois aussi rappeler que l'humanité leur serait très obligée d'avoir grande reconnaissance pour avoir su préserver un répertoire liturgique unique, bien qu'hélas bien incomplet, sauvé de l'incendie de l'incandescente bibliothèque d'Alexandrie, et qu'ils se transmirent de père en fils.
Mais je m'emporte, je m'emporte!!
Jeanneton fut chargée de parfaire mon éducation en science de l'homme, déjà fort poussée, s'il vous plait que je m'exprime ainsi.
Elle se chargea, de son propre chef mais pas seulement, de me faire connaître, quand le poil me vint, les secrets de la géographie et de m'initier à l'exploration de la terra incognita.
J'eus grand plaisir à découvrir la mer quand nous allions après messe nous ébattre dans quelque crique.
Nous enfourchions alors un curieux esquif, appelé pédal'eau, formé de deux peaux de phoques gonflées, accolées l'une à l'autre comme il se doit, et surmontées d'un curieux et mécanique attelage.
L'ensemble se pouvait mouvoir par des sortes de pales sises à l'arrière que deux frères l'un derrière l'autre faisaient mouliner d'un jarret vigoureux.
Ce pendant, sœur Jeanneton se faisait le maillot, avec de fines brucelles et des feuilles de chou enduites de cire. Ah, bucolique et maritime tableau!
Les années passèrent dans la méditation, l'étude et l'exercice, austère et douce à la fois.