Bonjour à tous, j’ai réalisé il y a un an pour un ami la reconstitution au 1/48° d’un «bateau» des Indes Occidentales ayant servi en Martinique au début du XVIII°s. Ce modèle veut représenter l'un des deux navires commandés par son ancêtre pour la poursuite et la capture de pirates qui infestaient les Antilles françaises en 1721-1722. Ce capitaine, un particulier, avait été missionné fin 1721/début 1722 par le Gouverneur de la Martinique pour cette chasse à l’homme car les bateaux du roi étaient en mauvais état et leurs équipages en grande partie malades. Mon ami m’a fourni le document très détaillé et pittoresque relatant cette aventure à travers les Antilles et qui s’est terminée par quelques pirates pendus ou «rompus» et plusieurs amnistiés car ils avaient été enrôlés de force. Le terme «bateau» n’est pas ici un générique mais désigne un type de navire très particulier, probablement originaire des Bermudes ou de la Jamaïque et à coup sûr des Antilles (les «Indes Occidentales»). Ce «bateau» est l’ancêtre direct du côtre qui a eu son heure de gloire en Europe à la fin du XVIII°s, pendant les Guerres de la Révolution et de l’Empire; Jean Boudriot refuse d’ailleurs le terme «bateau» pour ce navire assez archaïque qu'il préfère qualifier de «côtre»; j’ai eu quelques difficultés pour rassembler ma documentation, les anglais étant cependant beaucoup plus prolixes sur la question; le Musée de la Marine de Paris, contacté il y a quelques années, n’avait pas pu me renseigner de manière précise mais une gravure d’Ozanne, quoiqu’un peu plus tardive que 1720, est très intéressante et très utile (voir la reproduction infra). Par ailleurs le suédois Chapman a donné d’excellents plans de la coque et de la mature que j’ai utilisés. Ces navires légers, portant une grande voile arrière et trois focs, étaient d’excellents et très maniables marcheurs, surtout au plus près, capables d’échapper facilement à leurs poursuivants ou de fondre sur leur proie à la vitesse de l’éclair; ils étaient également équipés de rames très utiles lorsque le vent tombait; pour ces raisons, c’étaient des bâtiments très prisés des pirates des Caraïbes au tournant des XVII°/XVIII°s (nous sommes ici dans la vérité historique, très loin des grotesques représentations des «Pirates des Caraïbes» de Disney); en revanche, ils marchaient moins bien par vent arrière et une vergue de fortune portant une voile carrée pouvait être montée très rapidement (j’en ai placé une à bâbord le long de ma coque, ainsi que sa drisse déjà installée sur le mat). Par ailleurs, la barre à roue n’ayant fait son apparition qu’à partir de 1700, et d’abord sur les gros navires de guerre, je pense que mon «bateau» était encore équipé d’un timon en 1720, configuration que j’ai choisie pour ce modèle.
Dernière édition par Gargousse le Lun 24 Avr 2023, 18:29, édité 1 fois
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