Cédric a écrit: Je ne visualise pas trop comment la structure pouvait tourner (sans même imaginer le choc que devait encaisser la coque avec le tir de ces deux pièces).
Bonsoir Cédric,
La tourelle tournait autour de son pivot, mais pour assurer l'étanchéité elle devait être soulevée de 20cm puis reposée pour pouvoir le faire.
Ceci nécessitait de l'air comprimé et l'opération était retardée d'autant avant que les canons puissent tirer une fois le sous-marin en surface.
D'une manière générale ce sous-marin impressionnant sur le papier fut handicapé toute sa carrière par de multiples et récurrents problèmes techniques dûs à des contraintes ingérables, une mauvaise conception et une construction pas toujours de bonne qualité. En prime c'était un prototype, avec tout ce que cela implique.
Ainsi il roulait méchamment (25°) même par temps peu agité et on imagine aisément la piètre qualité de la précision du tir. Le kiosque était trop bas et il était impossible de viser loin sans un télémètre situé en hauteur. Inutile de dire qu'avec le roulis un tir transversal ne servait vraiment à rien.
Il était trop petit pour sa fonction de croiseur sous-marin. Ainsi, au fur et à mesure qu'il tirait on devait remplir le fond de la soute à munition d'eau de mer pour compenser le poids des obus manquants et garder l'assiette du navire. Mais on ne pouvait pas construire plus grand : le Traité de Londres limitait le tonnage des sous-marins... Une mesure voulue par les anglais pour empêcher justement le développement de ces croiseurs sous-marins : leur M-1 ne donnait pas satisfaction mais ils craignaient que ce prototype inspire quand même les japonais...
Son gouvernail était fragile (il a été perdu aux essais)... mais ce défaut était commun à beaucoup de soums français de l'époque.
La machine tribord a posé de multiples problèmes avant qu'on réalise qu'elle était mal alignée d'origine. On a fini par remplacer les boulons de liaison dans les paliers par des soudures et elle est restée en l'état jusqu'à la fin.
Avant de partir pour le Pacifique via Panama il avait subi un grand carénage à Portsmouth, dans le Maine (USA). Le directeur du chantier s'arrachait les cheveux car non seulement les américains devaient fabriquer des pièces en métrique, mais plus ils réparaient, plus ils découvraient des choses supplémentaires à réparer. Il finit par appareiller pour le Pacifique avec la bénédiction des américains et aussi celle des anglais qui envisageaient sérieusement de le retirer du service et le transformer en batterie flottante vu sa faible valeur militaire.
S'il avait rejoint le Pacifique, peut-être aurait-il fini dans le port de San Diego ou de Papeete, immobilisé par les pannes mécaniques.
Source : Le croiseur sous-marin Surcouf, par Claude Huan, Marines Editions, 1996.N'empêche que c'était un beau navire.
_Bruno
Dernière édition par bgire le 22/01/20, 02:51 pm, édité 1 fois
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Hi Bob!
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases
Si Vis Pacem Parafilmum
La sous-couche, c'est un apprêt que l'on met avant
Si on bricolait plus souvent on aurait moins la tête aux bêtises
Omnes stulti, et deliberationes non utentes, omnia tentant
Une journée au cours de laquelle on n'a pas ri est une journée perdue
Espérons que le fond de la mer est étanche
Oh, ça c'est le Quacta qui se moque du Stifling
Telle est la Voie !