Salut à tous,
Voici une petite scénette de 0,280m de large, profonde de 0,225m et haute de 0,145m. Elle représente une
petite scène de bivouac banale mais ses acteurs font partie des personnages qui ont ma préférence,
à savoir ceux, comme auxiliaires, qu'on voit rarement parce qu'ils ne brillent pas sur le devant de la scène,
parce qu'ils ne sont pas démonstratifs, n'attirent pas l'attention et parce que leur tenue est d'une stricte simplicité.
Ce sont ceux qu'Edmond Rostand, dans l'Aiglon, définit comme "les petits, les obscurs, les sans-grade"...
Ils n'en sont pas moins importants par leur rôle.
C'est le cas de ces ouvriers d'artillerie. Il s'agissait d'excellents professionnels, peut-être les meilleurs qui aient été
dans leur temps,
recrutés dans des métiers divers qui, tous, ont trait au matériel militaire de combat ou de transport, à sa maintenance,
à son renouvellement, bref couvrant une partie ce que de nos jours nous appelons logistique lourde.
Destinés à flanquer étroitement le corps de l'artillerie, enfant chérie de l'Empereur comme on sait,
on ne s'étonnera pas que, dans un souci bien compréhensible, il ait voulu soumettre ces hommes à la discipline
militaire et les militarisant et en les instruisant.
Certes, ils n'étaient pas destinés à combattre en ligne mais ils devaient être capables de défendre solidement
leurs installations (ateliers, dépôts, en campagne ou non), leurs convois et leurs cantonnements.
Ils étaient donc organisés militairement et formés en compagnies d'environ 200 hommes mais, hiérarchiquement,
ils n'étaient pas soumis au commandement de l'artillerie mais rattachés au commandement d'armée,
c'est-à-dire l'échelon le plus haut. C'est dire l'importance relative que l'Empereur leur accordait.
Ils étaient habillés à la française comme les artilleurs, mais avec quelques distinctives de couleur pour
les différencier. Afin de bénéficier, avec eux, des meilleures expériences professionnelles,
ils n'étaient forcément pas des jeunes conscrits mais des hommes d'âge mûr. En principe, il leur était attribué
une solde plus importante que celle des hommes du rang, comme dans la Garde Impériale, soit "la haute paye".
Une sorte de hiérarchie (pour ne pas dire une "aristocratie" informelle) existait même parmi eux.
En tête et à part égale, venaient les serruriers (de précision) - armuriers, auxiliaires indispensables des artilleurs-armuriers,
et les forgerons. Venaient ensuite les charrons et les charpentiers (plus souvent attachés au matériel des
pontonniers, dépendant de l'artillerie). Venaient ensuite les selliers-bourreliers qui avaient fort à faire à réparer et souvent reconstituer selles et harnais (les professionnels théoriquement rattachés aux états-majors des corps étant souvent manquants ou surchargés de besogne).
Les compagnies dévolues au corps de l'artillerie (la plus grande partie) étaient généralement basées soit au dépôt
des unités en campagne, soit au grand parc d'artillerie, qui était la réserve suprême sur laquelle l'Empereur comptait.
En campagne, dès la fin des combats, les artilleurs récupéraient tout ce qui pouvait être réutilisé et les apportaient
aux ouvriers, charge à ces derniers de remettre en état voire de reconstruire les matériels endommagés. Il existait même tout un barème de récompenses financières versées avec la solde pour ceux qui rapportaient des éléments de matériel et
autres accessoires utiles.
Ces récompenses étaient valables non seulement pour les artilleurs mais pour tout soldat du rang, quel que soit son
arme ou son corps. En tête venait un canon intact pris à l'ennemi. Tout de suite après, venait la prise d'un caisson
ou d'un cheval d'officier (généralement une monture de choix), puis un cheval de troupe, de selle ou de trait, etc., etc.
En fin de liste, la plus petite récompense était attribuée à qui rapporterait un ou plusieurs boulets.
Ca peut faire sourire mais les grognards ne négligeaient aucune occasion de pouvoir, si peu que ce soit,
améliorer leur rude condition.
Sur la scénette, que j'ai située en Allemagne, en 1809, époque où, malgré les ponctions pour la guerre d'Espagne, beaucoup de garnisons françaises s'étaient sédentarisées, on voit un homme en grande tenue, revenant de son tour de garde et
prenant un pot avec ses compagnons avant le repas. Les deux autres sont en tenue de travail, la plus portée
ordinairement, veste bleu foncé à boutons de cuivre, pantalon de coutils blanc ou écru par dessus les guêtres et coiffés du
pokalem, remplaçant dans de nombreux corps le bonnet de police à la dragonne. Cette coiffure, disgracieuse mais
confortable en hiver, avait été ramenée en France à la fin de la campagne de Prusse et Pologne de 1806-1807. Le
numéro sur le devant est celui de la compagnie.
Enfin, l'attention - invisible mais incontestable - de l'Empereur envers ces hommes et, surtout, le confort qu'ils
savaient organiser pour leurs cantonnements du fait du matériel et des matériaux dont il disposaient, excitait
la jalousie des hommes de la Ligne. La Garde Impériale aussi était jalousée. C'était humain.
Je ne vois plus rien d'autre à mentionner. Merci de votre patience et maintenant les photos.
Vue d'ensemble
Il y avait toujours, dans un coin des chariots qui leur étaient attribués, un coffret renfermant quelques bonnes bouteilles de vin du pays, cacheté, ce qui, à l'époque, constituait pour les troupiers, un luxe généralement inatteignable.
Autre luxe que de pouvoir manger dans des assiettes en étain, sur une table et assis sur des bancs, au lieu de se contenter
de manger sa gamelle sur ses genoux...
... avec un petit tonnelet de bon vin soit ramené, soit subtilisé quelque part, du vin non distribué par l'intendance
et qui changeait de cette bière allemande que les troupiers consommaient depuis des années... mais c'était tout de même mieux que de souffrir de la soif...
Enfin, le luxe suprême de pouvoir cuire la soupe (ou griller sa viande ou son lard) sur les braises d'un feu tout trouvé, celui de la forge... sans avoir à se préoccuper de la corvée de bois et de la façon de l'allumer quand il n'est pas sec et qu'il
fume comme une cheminée... Avec nos barbecues modernes , rien de nouveau...
La forge de campagne (souvent délaissée en raison de la réquisition d'un atelier local bien outillé...) mais qui servait en secondaire et... pour cuire la soupe.
Le soufflet et le coffret à outils.
Belle nature morte que le débrêlage du factionnaire. A l'arrière, l'avant train de la forge, dételé.
L'atelier.
Ce portique n'était pas une chèvre mais un outil de bricolage. Equipé d'une poulie simple, il pouvait en tenir lieu sans toutefois soulever des charges aussi importantes puisque non muni d'un treuil et d'un palan à moufle.
Le soufflet, la tuyère et le foyer.
Un établi de forgeron. Une planche en carte plastique de 15/10es, travaillée au pyrograveur. Un piétement en carotte
de grappe des kits Historex, travaillés aussi au pyro. Un peu de peinture bois, un jus de TOB et un dry brush léger
de gouache ocre-gris. C'est tellement simple et enfantin à réaliser que j'ai presque honte de vous le décrire.
Les outils. Les plots sur les plaques de fer servent à courber ou cintrer les fers chauffés au rouge orangé jaune.
Un gobelet avant de passer à table. La potée est prête. Bon appétit!
That's All, Folks !!!
J'espère que ça vous aura intéressé.
A+
gribeauval83
Voici une petite scénette de 0,280m de large, profonde de 0,225m et haute de 0,145m. Elle représente une
petite scène de bivouac banale mais ses acteurs font partie des personnages qui ont ma préférence,
à savoir ceux, comme auxiliaires, qu'on voit rarement parce qu'ils ne brillent pas sur le devant de la scène,
parce qu'ils ne sont pas démonstratifs, n'attirent pas l'attention et parce que leur tenue est d'une stricte simplicité.
Ce sont ceux qu'Edmond Rostand, dans l'Aiglon, définit comme "les petits, les obscurs, les sans-grade"...
Ils n'en sont pas moins importants par leur rôle.
C'est le cas de ces ouvriers d'artillerie. Il s'agissait d'excellents professionnels, peut-être les meilleurs qui aient été
dans leur temps,
recrutés dans des métiers divers qui, tous, ont trait au matériel militaire de combat ou de transport, à sa maintenance,
à son renouvellement, bref couvrant une partie ce que de nos jours nous appelons logistique lourde.
Destinés à flanquer étroitement le corps de l'artillerie, enfant chérie de l'Empereur comme on sait,
on ne s'étonnera pas que, dans un souci bien compréhensible, il ait voulu soumettre ces hommes à la discipline
militaire et les militarisant et en les instruisant.
Certes, ils n'étaient pas destinés à combattre en ligne mais ils devaient être capables de défendre solidement
leurs installations (ateliers, dépôts, en campagne ou non), leurs convois et leurs cantonnements.
Ils étaient donc organisés militairement et formés en compagnies d'environ 200 hommes mais, hiérarchiquement,
ils n'étaient pas soumis au commandement de l'artillerie mais rattachés au commandement d'armée,
c'est-à-dire l'échelon le plus haut. C'est dire l'importance relative que l'Empereur leur accordait.
Ils étaient habillés à la française comme les artilleurs, mais avec quelques distinctives de couleur pour
les différencier. Afin de bénéficier, avec eux, des meilleures expériences professionnelles,
ils n'étaient forcément pas des jeunes conscrits mais des hommes d'âge mûr. En principe, il leur était attribué
une solde plus importante que celle des hommes du rang, comme dans la Garde Impériale, soit "la haute paye".
Une sorte de hiérarchie (pour ne pas dire une "aristocratie" informelle) existait même parmi eux.
En tête et à part égale, venaient les serruriers (de précision) - armuriers, auxiliaires indispensables des artilleurs-armuriers,
et les forgerons. Venaient ensuite les charrons et les charpentiers (plus souvent attachés au matériel des
pontonniers, dépendant de l'artillerie). Venaient ensuite les selliers-bourreliers qui avaient fort à faire à réparer et souvent reconstituer selles et harnais (les professionnels théoriquement rattachés aux états-majors des corps étant souvent manquants ou surchargés de besogne).
Les compagnies dévolues au corps de l'artillerie (la plus grande partie) étaient généralement basées soit au dépôt
des unités en campagne, soit au grand parc d'artillerie, qui était la réserve suprême sur laquelle l'Empereur comptait.
En campagne, dès la fin des combats, les artilleurs récupéraient tout ce qui pouvait être réutilisé et les apportaient
aux ouvriers, charge à ces derniers de remettre en état voire de reconstruire les matériels endommagés. Il existait même tout un barème de récompenses financières versées avec la solde pour ceux qui rapportaient des éléments de matériel et
autres accessoires utiles.
Ces récompenses étaient valables non seulement pour les artilleurs mais pour tout soldat du rang, quel que soit son
arme ou son corps. En tête venait un canon intact pris à l'ennemi. Tout de suite après, venait la prise d'un caisson
ou d'un cheval d'officier (généralement une monture de choix), puis un cheval de troupe, de selle ou de trait, etc., etc.
En fin de liste, la plus petite récompense était attribuée à qui rapporterait un ou plusieurs boulets.
Ca peut faire sourire mais les grognards ne négligeaient aucune occasion de pouvoir, si peu que ce soit,
améliorer leur rude condition.
Sur la scénette, que j'ai située en Allemagne, en 1809, époque où, malgré les ponctions pour la guerre d'Espagne, beaucoup de garnisons françaises s'étaient sédentarisées, on voit un homme en grande tenue, revenant de son tour de garde et
prenant un pot avec ses compagnons avant le repas. Les deux autres sont en tenue de travail, la plus portée
ordinairement, veste bleu foncé à boutons de cuivre, pantalon de coutils blanc ou écru par dessus les guêtres et coiffés du
pokalem, remplaçant dans de nombreux corps le bonnet de police à la dragonne. Cette coiffure, disgracieuse mais
confortable en hiver, avait été ramenée en France à la fin de la campagne de Prusse et Pologne de 1806-1807. Le
numéro sur le devant est celui de la compagnie.
Enfin, l'attention - invisible mais incontestable - de l'Empereur envers ces hommes et, surtout, le confort qu'ils
savaient organiser pour leurs cantonnements du fait du matériel et des matériaux dont il disposaient, excitait
la jalousie des hommes de la Ligne. La Garde Impériale aussi était jalousée. C'était humain.
Je ne vois plus rien d'autre à mentionner. Merci de votre patience et maintenant les photos.
Vue d'ensemble
Il y avait toujours, dans un coin des chariots qui leur étaient attribués, un coffret renfermant quelques bonnes bouteilles de vin du pays, cacheté, ce qui, à l'époque, constituait pour les troupiers, un luxe généralement inatteignable.
Autre luxe que de pouvoir manger dans des assiettes en étain, sur une table et assis sur des bancs, au lieu de se contenter
de manger sa gamelle sur ses genoux...
... avec un petit tonnelet de bon vin soit ramené, soit subtilisé quelque part, du vin non distribué par l'intendance
et qui changeait de cette bière allemande que les troupiers consommaient depuis des années... mais c'était tout de même mieux que de souffrir de la soif...
Enfin, le luxe suprême de pouvoir cuire la soupe (ou griller sa viande ou son lard) sur les braises d'un feu tout trouvé, celui de la forge... sans avoir à se préoccuper de la corvée de bois et de la façon de l'allumer quand il n'est pas sec et qu'il
fume comme une cheminée... Avec nos barbecues modernes , rien de nouveau...
La forge de campagne (souvent délaissée en raison de la réquisition d'un atelier local bien outillé...) mais qui servait en secondaire et... pour cuire la soupe.
Le soufflet et le coffret à outils.
Belle nature morte que le débrêlage du factionnaire. A l'arrière, l'avant train de la forge, dételé.
L'atelier.
Ce portique n'était pas une chèvre mais un outil de bricolage. Equipé d'une poulie simple, il pouvait en tenir lieu sans toutefois soulever des charges aussi importantes puisque non muni d'un treuil et d'un palan à moufle.
Le soufflet, la tuyère et le foyer.
Un établi de forgeron. Une planche en carte plastique de 15/10es, travaillée au pyrograveur. Un piétement en carotte
de grappe des kits Historex, travaillés aussi au pyro. Un peu de peinture bois, un jus de TOB et un dry brush léger
de gouache ocre-gris. C'est tellement simple et enfantin à réaliser que j'ai presque honte de vous le décrire.
Les outils. Les plots sur les plaques de fer servent à courber ou cintrer les fers chauffés au rouge orangé jaune.
Un gobelet avant de passer à table. La potée est prête. Bon appétit!
That's All, Folks !!!
J'espère que ça vous aura intéressé.
A+
gribeauval83