Salut à tous,
Encore une petite vignette toute simple pour laquelle il n'y aurait rien à dire sauf que,
sentimentalement, pour moi, ce canon a toute une histoire.
Elle est née lorsque j'étais en seconde, au Lycée Michelet de Vanves, en 1954 et que j'étais tombé sur une gravure
le représentant en situation. Comment le déclic s'est-il fait, comment s'est opérée la magie qui transporte
dans les rêves, mystère. L'année suivante, en première, je rêvassais sur d'autres gravures de mon
Mallet-Isaac, le manuel d'Histoire bien connu des potaches de ce temps-là. On y voyait ce canon en position, à Toulon, avec Bonaparte qui y faisait ses premières armes victorieuses, en ligne devant l'Eglise Saint-Roch, toujours avec Bonaparte matant l'insurrection royaliste, au Grand Saint-Bernard, démonté et traîné dans des troncs d'arbre
avec Bonaparte encore à la veille de s'immortaliser en Italie...
Avec un copain qui avait trouvé dans son grenier un tube exact en bronze d'une quinzaine de centimètres, copie conforme en modèle réduit, on avait essayé de bricoler un affût mais, avec un seul couteau et du bois improbable, l'affaire tourna court.
Bien des années plus tard, après ma journée de boulot et ratant mon tain du soir à Montparnasse, je flânais dans le
quartier en attendant le suivant. A la devanture d'un marchand de jouets rue Edgar Quinet, je tombe sur mon canon monté mais non peint. C'était un HISTOREX, au 1/32e.
Bingo ! Tous mes souvenirs enfouis sont remontés à la surface.
Je rentre dans la boutique et j'achète la pochette correspondante.
Le marchand, pas fou, me dit que cette marque a des personnages à monter et à peindre et d'autres matériels, ainsi qu'une foule de pièces détachées. C'est de là qu'est née ma passion pour les figurines, pour ce canon, que j'ai bien dû décliner à au moins cinquante exemplaires, et pour la marque en particulier.
Du coup, j'ai aussi raté le tain suivant...
J'en ai fini avec la nostalgie. Deux photos et, d'abord, quelques données.
Comme les pièces de 4, 6 et 12, ce canon, particulièrement adopté par l'artillerie à cheval pour son poids médian
ne diminuant pas son efficacité, appartenait à l'artillerie de campagne.
A l'époque, les calibres ne s'exprimaient pas encore en millimètres (système métrique encore trop peu utilisé)
mais en poids du projectile tiré, exprimé en livres. Ce canon de 8 tirait donc des boulets d'environ 4 kilos.
Sa portée utile était d'environ 1600 mètres. En terrain meuble, sableux ou labouré, les ricochets des boulets étaient inexistants. Mais sur terrain rocheux aplani ou non ou sur la glace, les ricochets étaient particulièrement dangereux et la portée pouvait dépasser 2500 mètres.
Calibre métrique restitué: 106, 1 mm
Longueur totale de la pièce (quelques rares variantes dans les affûts), environ 3,70m.
Masse totale en ordre de marche (canon + avant-train) : 1650 kilos.
Attelage: 4 ou 6 chevaux selon les possibilités (6 dans les batteries d'artillerie à cheval).
Longueur du tube long : 2,00m. Poids du tube : 580 kilos.
Les boulets étaient soit libres avec une gargousse de poudre séparée, soit ensabotés, c'est-à-dire le boulet posé sur une couronne de bois à laquelle il était lié par deux bandelettes de métal plat en croix. La couronne servait de bouchon à la gargousse remplie de poudre et l'ensemble était introduit dans l'âme, la gargousse en premier.
C'était la préfiguration de l'obus moderne.
Masse du boulet encartouché: 5,6 kilos dont 4,1 kilos pour le boulet, ceci pour le tir ajusté à 1600 m avec les mêmes limitations pratiques que pour le canon de 12.
En tir à ricochet, mêmes performances que celles de la pièce de 12 (portée allongée).
Mais, pour le tir à mitraille (fin de combat, en dernière extrémité, lorsqu'on arrive à épuisement des munitions mais que l'ennemi progresse toujours ou charge avec la cavalerie) on emploie les boîtes à balles de 7 kilos (ancêtre du schrapnel) dont la portée efficace est de 600 m environ, avec une gargousse séparée pour le transport, boîte contenant 41 balles de 33 mm mais une portée de 500 m avec une boîte de 112 balles de 24mm . Ce tir désespéré était craint des assaillants parce que terriblement meurtrier. La dispersion des projectiles en éventail sur une troupe en ligne frontale (n'oublions pas que la guerre se faisait debout), pouvait dépasser 120 mètres et abattre de 15 à 20 homme ou 12 chevaux.
Le coffret d'affût contenait 15 cartouches à boulet, 20 étoupilles, 3 lances à feu et un bout de longueur de mèche.
Un des caissons servant la pièce et le coffret d'affût fournissaient 199 coups (3 caissons par pièce de .
Peloton de pièce: 13 servants, 8 canonniers artilleurs du corps d'artillerie, 5 auxiliaires fournis par l'infanterie.
Même cadence de tir que pour le canon de 12: 1 à 1, 1/2 coup à la minute en tir ajusté. 2, 1/2 à 4 coups en tir à mitraille à volonté sans remise en batterie après recul.
J'espère avoir tout dit.
Encore une petite vignette toute simple pour laquelle il n'y aurait rien à dire sauf que,
sentimentalement, pour moi, ce canon a toute une histoire.
Elle est née lorsque j'étais en seconde, au Lycée Michelet de Vanves, en 1954 et que j'étais tombé sur une gravure
le représentant en situation. Comment le déclic s'est-il fait, comment s'est opérée la magie qui transporte
dans les rêves, mystère. L'année suivante, en première, je rêvassais sur d'autres gravures de mon
Mallet-Isaac, le manuel d'Histoire bien connu des potaches de ce temps-là. On y voyait ce canon en position, à Toulon, avec Bonaparte qui y faisait ses premières armes victorieuses, en ligne devant l'Eglise Saint-Roch, toujours avec Bonaparte matant l'insurrection royaliste, au Grand Saint-Bernard, démonté et traîné dans des troncs d'arbre
avec Bonaparte encore à la veille de s'immortaliser en Italie...
Avec un copain qui avait trouvé dans son grenier un tube exact en bronze d'une quinzaine de centimètres, copie conforme en modèle réduit, on avait essayé de bricoler un affût mais, avec un seul couteau et du bois improbable, l'affaire tourna court.
Bien des années plus tard, après ma journée de boulot et ratant mon tain du soir à Montparnasse, je flânais dans le
quartier en attendant le suivant. A la devanture d'un marchand de jouets rue Edgar Quinet, je tombe sur mon canon monté mais non peint. C'était un HISTOREX, au 1/32e.
Bingo ! Tous mes souvenirs enfouis sont remontés à la surface.
Je rentre dans la boutique et j'achète la pochette correspondante.
Le marchand, pas fou, me dit que cette marque a des personnages à monter et à peindre et d'autres matériels, ainsi qu'une foule de pièces détachées. C'est de là qu'est née ma passion pour les figurines, pour ce canon, que j'ai bien dû décliner à au moins cinquante exemplaires, et pour la marque en particulier.
Du coup, j'ai aussi raté le tain suivant...
J'en ai fini avec la nostalgie. Deux photos et, d'abord, quelques données.
Comme les pièces de 4, 6 et 12, ce canon, particulièrement adopté par l'artillerie à cheval pour son poids médian
ne diminuant pas son efficacité, appartenait à l'artillerie de campagne.
A l'époque, les calibres ne s'exprimaient pas encore en millimètres (système métrique encore trop peu utilisé)
mais en poids du projectile tiré, exprimé en livres. Ce canon de 8 tirait donc des boulets d'environ 4 kilos.
Sa portée utile était d'environ 1600 mètres. En terrain meuble, sableux ou labouré, les ricochets des boulets étaient inexistants. Mais sur terrain rocheux aplani ou non ou sur la glace, les ricochets étaient particulièrement dangereux et la portée pouvait dépasser 2500 mètres.
Calibre métrique restitué: 106, 1 mm
Longueur totale de la pièce (quelques rares variantes dans les affûts), environ 3,70m.
Masse totale en ordre de marche (canon + avant-train) : 1650 kilos.
Attelage: 4 ou 6 chevaux selon les possibilités (6 dans les batteries d'artillerie à cheval).
Longueur du tube long : 2,00m. Poids du tube : 580 kilos.
Les boulets étaient soit libres avec une gargousse de poudre séparée, soit ensabotés, c'est-à-dire le boulet posé sur une couronne de bois à laquelle il était lié par deux bandelettes de métal plat en croix. La couronne servait de bouchon à la gargousse remplie de poudre et l'ensemble était introduit dans l'âme, la gargousse en premier.
C'était la préfiguration de l'obus moderne.
Masse du boulet encartouché: 5,6 kilos dont 4,1 kilos pour le boulet, ceci pour le tir ajusté à 1600 m avec les mêmes limitations pratiques que pour le canon de 12.
En tir à ricochet, mêmes performances que celles de la pièce de 12 (portée allongée).
Mais, pour le tir à mitraille (fin de combat, en dernière extrémité, lorsqu'on arrive à épuisement des munitions mais que l'ennemi progresse toujours ou charge avec la cavalerie) on emploie les boîtes à balles de 7 kilos (ancêtre du schrapnel) dont la portée efficace est de 600 m environ, avec une gargousse séparée pour le transport, boîte contenant 41 balles de 33 mm mais une portée de 500 m avec une boîte de 112 balles de 24mm . Ce tir désespéré était craint des assaillants parce que terriblement meurtrier. La dispersion des projectiles en éventail sur une troupe en ligne frontale (n'oublions pas que la guerre se faisait debout), pouvait dépasser 120 mètres et abattre de 15 à 20 homme ou 12 chevaux.
Le coffret d'affût contenait 15 cartouches à boulet, 20 étoupilles, 3 lances à feu et un bout de longueur de mèche.
Un des caissons servant la pièce et le coffret d'affût fournissaient 199 coups (3 caissons par pièce de .
Peloton de pièce: 13 servants, 8 canonniers artilleurs du corps d'artillerie, 5 auxiliaires fournis par l'infanterie.
Même cadence de tir que pour le canon de 12: 1 à 1, 1/2 coup à la minute en tir ajusté. 2, 1/2 à 4 coups en tir à mitraille à volonté sans remise en batterie après recul.
J'espère avoir tout dit.
De gauche à droite: la pièce en position de tir, un ouvrier d'artillerie avec un levier de débardage, un coffret d'outils de forge et l'avant-train avec son timon enclaveté en position d'attelage. Entre la sellette de cheville ouvrière sur le corps d'essieu et la queue d'armon repose crosse de la pièce, j'ai placé le coffret d'affût que les canonniers vidaient
pour commencer le feu en attendant l'arrivée des caissons de munitions. Cette place était réglementaire au combat.
That's all, Folks !
Bonne soirée et à+
Armand..... du gribeauval83 (c'est aussi de cette histoire que j'ai tiré mon pseudo...)