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description3 Floréal An II de la République (22 avril 1794) - Historex - 1/32e Empty3 Floréal An II de la République (22 avril 1794) - Historex - 1/32e

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Parachevons notre passage par la Révolution par le symbole suprême. Ames sensibles s'abstenir.

Ce titre - anodin - me paraît préférable à celui que pourrait suggérer l'instrument principal de cette présentation. Le "rasoir national", "la veuve", le "moulin à silence, la "cravate à Capet", la "bascule à Charlot" et d'autres encore que j'oublie, sont des expressions émanant de l'inépuisable humour macabre des sans-culottes. Je n'ai pas voulu les emprunter. Si notre histoire moderne et notre régime politique sont fondés sur quelques uns des principes de cette période, l'image qu'on retient avant tout de la Révolution française est celle, sinistre, de ces bois de mort, intentionnellement surélevés, afin que nul n'en ignore la menace. Il est curieux que ce symbole mortifère soit celui qui ait été choisi par ceux qui s'érigeaient en farouches défenseurs de la liberté et des Droites de l'Homme.

3 Floréal An II de la République (22 avril 1794) - Historex - 1/32e 40-3_131

L'échafaud dressé place de la Révolution: le peuple a faim, on lui offre des têtes... (Photo série initiale)


Avec cette plaquette de 0,645m x 0,400m, nous sommes à Paris, Place de la Révolution, (actuelle Concorde), le 3 Floréal An II (22 avril 1794). Comme la plupart des noms qui sont fictifs (sauf ceux de la fin de ce texte), la date est prise au hasard mais dans une période bien réelle de notre histoire.
Je pense que je ne vous apprendrai rien, je me bornerai à quelques rappels. Mais, dans la mesure où il y avait déjà longtemps que j'avais envie d'aborder un thème de cette époque, sachez que je me suis fait plaisir en réalisant cette scène.

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Sur cette place, ci-devant Royale, la guillotine se dresse face au piédestal de l'ancienne statue du Roi... précédent. La statue, comme la monarchie, a été renversée. Il ne reste que le socle, le peuple, tout un symbole. 


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Une image qui donnait le frisson: pourquoi des régimes démocratiques ont-ils besoin d'avoir recours à la terreur?


Apportons quelques précisions sur le contexte de la scène. Depuis 1791, en matière criminelle, la peine capitale est appliquée par décapitation uniquement, dans un souci d'égalité, après le vote de l'Assemblée Nationale Constituante sur proposition du Docteur Guillotin. Cela, tout le monde le sait. Mais, à la fin de la même année, la guillotine ou "machine" est définitivement prête. Elle a été fabriquée par Tobias Schmidt, facteur de clavecins (ah bon!) d'origine prussienne (eh oui!), après les mises au point techniques du Docteur Louis, de l'Académie de Chirurgie et les conseils de Charles Henri Sanson , le bourreau.

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Pour la mise au point de la guillotine, peut-on imaginer meilleur 'conseiller technique" que Charles Henri Sanson, titulaire de la charge, père d'Henri officiant ici.


Soumises aux caprices de la météo, les exécutions sont suspendues par temps de pluie (ou interrompues par un orage imprévu). La guillotine est alors bâchée de même que la nuit. Pour ceux qui s'étonneraient de la lourdeur de l'échafaud supportant la guillotine, il faut savoir que le montage se doit d'être solide, et exempt de jeu, de vibrations ou d'oscillations, un 
vrai challenge pour les charpentiers. En effet, encore rudimentaire, le couperet doit glisser entre deux glissières creusées dans le bois des deux montants. Les garnitures métalliques des glissières, ajustées et lubrifiées, ne viendront que beaucoup plus tard. Le bois est enduit de suif, seul 'lubrifiant" disponible et il faut donc que la masselotte d'environ 35 kg (plus le couperet:
8 kg à lui tout seul), chute sans frein ni obstacle, ce que des vibrations parasites ou des oscillations pourraient provoquer, faisant ainsi rater l'exécution. 

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Un échafaud ultra-solide dont la lourdeur assure la stabilité, condition essentielle du bon fonctionnement de la "machine".


Dans ce décor du pavé de la Place ci-devant Royale, aménagée par l'architecte Gabriel à la demande de Louis XV pour l'offrir aux Parisiens, le socle tronqué qu'on voit à un bord est celui d'une statue équestre du Roi, renversée par les patriotes et envoyée à la fonderie pour en récupérer le bronze. Il m'a fallu tricher dans la mise en place. L'espace entre ce socle et l'échafaud a été considérablement réduit en raison de l'échelle des figurines au 1/32e: le respect intégral des distances aurait nécessité une plaquette de plus de 4 mètres de long, ce qui est évidemment inconcevable. 

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L'espace entre le socle et l'échafaud a été volontairement réduit: tricherie nécessaire pour éviter une plaquette hors normes.


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La réduction de l'espace est encore plus saisissante sous cet angle. 


Maintenant, un petit retour sur notre Histoire pour le contexte et l'ambiance de l'époque. Nous ne sommes pas encore à la Grande Terreur mais elle s'annonce pour bientôt au rythme des lois et des décrets de la Convention Nationale. Les amis d'hier sont aujourd'hui devenus des suspects, demain des ennemis de la Révolution ou de la Liberté et traînés au sacrifice. La Révolution se dévore elle-même. Après les Girondins, politiquement abattus et en grande partie éliminés, est venu le tour des hébertistes et des chefs Cordeliers, dont Camille Desmoulins, avec celui de Danton, exécutés sur cette même place il y a dix-sept jours à peine. 

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Le Roi, le Reine, bien sûr, mais tant d'autres têtes illustres sont tombées dans le panier de Sanson, même celle de Danton qui appellera sous peu celle de Robespierre. Justice ?

La jeune République est attaquée de toutes parts. L'Autriche, bien sûr, en raison des liens familiaux des dynasties, l'Electorat de Hanovre, les Provinces Unies (actuels Pays-Bas), le Piémont-Sardaigne, l'Espagne, la Prusse et l'inévitable Angleterre, sur terre à Hondschoote et à Toulon et sur mer, par le blocus de tous nos ports en Méditerranée comme en Atlantique et en Manche. La situation est grave. On a déclaré "la Patrie en danger".

Les soldats de la Révolution ont le ventre vide. Ils sont parfois pieds nus et dépenaillés mais ils ne manquent pas de vaillance et souvent s'élancent en désordre en dépit des consignes. L'Assemblée révolutionnaire frappe les chefs défaillants. Malheur à qui est vaincu ou accusé de mollesse ou simplement de maladresse en raison de l'indiscipline de sa troupe: il joue sa tête. 

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A la guerre, la Convention ne reconnaît que deux issues: la victoire ou la mort et c'était écrit sur les drapeaux. Celui-ci aura connu la mort, mais pas au feu...


La désorganisation révolutionnaire affecte aussi les campagnes. Les récoltes sont abandonnées et pourrissent sur pied, l'approvisionnement des villes se tarit, la disette s'installe malgré les lois sur le "Maximum", les décrets menaçants contre les accapareurs et spéculateurs de tout poils. Des queues interminables, le plus souvent en vain, se forment devant les magasins d'alimentation, insuffisamment approvisionnés ou carrément vides. On peut vendre des stocks épuisés. Le peuple a faim et commence à gronder et le Comité de Salut Public le sait car il l'entend.
A situation d'exception, mesures d'exception. D'autant plus qu'aux envahisseurs étrangers s'ajoutent les ennemis de l'intérieur. Le Midi royaliste s'est révolté et a livré Toulon, sa rade et une partie de la flotte à l'Angleterre (qui va incendier l'Arsenal), le Sud-Ouest royaliste a fait cause commune avec les Fédéralistes Girondins à Bordeaux contre la Convention, tout comme à Lyon, en provoquant des révoltes et des assassinats de conventionnels. Ces révoltes sont néanmoins matées. L'insurrection vendéenne, qui, appellera bientôt l'Angleterre à l'aide, a soulevé la plus grande partie de l'Ouest, immobilisant des forces armées importantes qui manquent aux frontières.

(à suivre)...

Armand dit gribeauval83

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(suite)

Cependant, la situation militaire se redresse. Le 8 septembre précédent, Jourdan a été vainqueur à Honsdchoote, bataille où, après une fameuse charge des gendarmes de la nation, les volontaires en furie, pourtant affamés mais pleins de courage, ont enfoncé les lignes anglaises à la baïonnette. Les survivants se sont enfuis et les républicains ont récupéré... de quoi manger. Le 2 Frimaire (22 novembre 1793), la Convention, après l'expérience non concluante de l'amalgame, a pris conscience de la nécessité fondamentale de la cohésion des troupes et voté l'incorporation dans les armées. Le 22 Frimaire (12 décembre), Marceau met en déroute les Vendéens au Mans et le 29 Frimaire, Salicetti, représentant en mission, écrit à la Convention pour annoncer la reprise de Toulon  en grande partie grâce à l'énergie d'une chef de bataillon d'artillerie du nom de Bonaparte qu'il fait promouvoir général sur le champ. Le 3 Nivôse, Kléber anéantit l'arrière-garde vendéenne à Savenay, préfaçant l'exécution de deux mille Vendéens  à Ancenis le mois suivant, en vertu du décret de la Convention Nationale condamnant à la mort immédiate tout insurgé pris les armes à la main.

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Au pied des marches, un "brigand royaliste", tels sont les termes des décrets de la Convention pour désigner les Vendéens, en ordonnant qu'il ne leur soit pas fait de quartier.


A voir le peu d'affluence populaire autour de l'échafaud, on peut en conclure que c'est une journée ordinaire. Pourtant volontiers badaud, le peuple de Paris est de plus en plus blasé du spectacle de la "Veuve". Il commence même à se dégoûter de tout ce sang répandu. Il préférerait une ration quotidienne de pain et sa colère monte jusqu'au Comité de Salut Public obligé de reconnaître de facto son impuissance. C'est pourquoi, dans moins d'un mois, la guillotine sera démontée et installée Place du Trône-Renversé (actuelle place de la Nation) d'où elle ne reviendra que pour l'exécution de Robespierre et de ses partisans. On est donc loin des foules massées derrière de forts rideaux de troupes comme lors des exécutions fameuses de personnages de haut rang ou de grande notoriété: le Roi en janvier 1793, Charlotte Corday en Messidor, la Reine en Vendémiaire, les députés Girondins et Madame Roland en Brumaire, Camille Desmoulins et Danton en Germinal, juste le mois précédent... On pourrait dire que le peuple choisit son "affiche". 

Autour de la "machine", la force publique est donc réduite à peu. A pied ou à cheval pour l'escorte de la charrette, elle est assurée par la Légion de Paris de la Gendarmerie Nationale, première du nom. 

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Gendarmes à pied et à cheval.


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Gendarme et sans-culotte.


Des patriotes de la section éponyme; armés de la redoutable pique, prêtent main forte à ces troupiers dans une relative décontraction.
Petit détail en passant. Comme il n'y avait pas de manufacture officielle, aucun texte ne réglemente la fabrication des armes. Chaque section se fournit chez les artisans forgerons de son ressort pour lesquels cette fabrication devient un devoir civique. Si l'aspect général correspond bien à l'usage qu'on en attend, on constate des disparités de forme d'un atelier à l'autre. Seul point notable, beaucop de piques sont estampées AN pour "Armes Nationales". La longueur des hampes n'est donc pas vraiment définie et on voit un peu de tout. Il y a cependant une vague instruction qui fixe la longueur minimale du fer, hors douille, à 0,45m de façon "à transpercer de part en part le corps d'un homme" et le clouer à un arbre, une poutre ou une porte.
Occupons-nous maintenant des personnages. Il va de soi que mon choix est arbitraire mais, toutefois, je le crois logique. Ici, le bourreau est Henri Sanson, fils de Charles Henri, connu sous le surnom de Charlot (que l'on trouve dans l'expression populaire déjà citée de "bascule à Charlot"). Il y a un an que Charles Henri a délégué la pratique exécutoire à son fils Henri tout en restant titulaire de la  "charge" d'Ancien Régime. Les charges ayant été abolies par la Révolution, celle-ci a été officiellement transformée en fonction contractuelle par la Convention sous le titre "d'exécuteur des actes criminels". Cette fonction donne lieu au versement d'une indemnité "aux frais de la Nation", selon la terminologie officielle couvrant les charges et dépenses acceptées et approuvées par l'Assemblée. Elle comprend le traitement de l'exécuteur, de deux commis et de quatre aides. Sont ajoutés des ouvriers fournis par la Commune insurrectionnelle de Paris qu'elle a choisi parmi les patriotes sans emploi ou indigents. 

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Le bourreau Henri Sanson, fils de Charles Henri. 


(à suivre...)
Armand dit gribeauval83

description3 Floréal An II de la République (22 avril 1794) - Historex - 1/32e EmptyRe: 3 Floréal An II de la République (22 avril 1794) - Historex - 1/32e

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Salut Armand.
Tes réalisations sont toujours aussi magnifiques.
Bonne journée et à plus tard.
Jacques.

_________________
À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).




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Décor "simpliste" pour refaire, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.

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Encore un excellent travail d'histoire et de dio, bravo ! Wink

_________________
Amicalement,
Pierre
3 Floréal An II de la République (22 avril 1794) - Historex - 1/32e Richel10

description3 Floréal An II de la République (22 avril 1794) - Historex - 1/32e EmptyRe: 3 Floréal An II de la République (22 avril 1794) - Historex - 1/32e

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Fabuleuse reconstitution !
Même si le sujet est un peu gore, le travail de weathering est vraiment une réussite ! sourire

_________________
3 Floréal An II de la République (22 avril 1794) - Historex - 1/32e Tete50px-56522c4 3 Floréal An II de la République (22 avril 1794) - Historex - 1/32e Signature2022-5941241

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Saisissant de réalisme. Belle reconstitution.
Amitiés.
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Désolé, l'ancien, ce n'est qu'une reconstitution, un peu imaginaire, en réduction mais c'est aussi une page d'Histoire, même si elle est sombre. 
Notre pays est passé par là, on ne peut en faire l'impasse.
Merci aux collègues qui ont apprécié.
Je précise que, lors des expositions publiques, cette pièce connaît un gros succès parmi les visiteurs et, 
le plus curieux dans mes observations, c'est la fascination que cette image exerce sur le public féminin. 
Je ne suis pas psy, je n'en tire aucune conclusion. Je suis simplement sidéré par ce constat.

A+
Armand dit gribeauval83

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Puisque tu connais bien cette période et au sujet de la gent féminine penses aux tricoteuses au pied de l'échafaud.
Amitiés.
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(suite 2 et fin )

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Autre vue de Sanson donnant ses ordres. 


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Le bourgeois Sanson gagne sa vie à supprimer celle des autres. La dynastie familiale des Sanson détiendra le triste record des têtes coupées. 


Les deux commis ne sont pas présents. L'un est aux écritures chez Sanson, l'autre au Greffe du Tribunal Révolutionnaire ou à la Conciergerie. Les aides sont autour des condamnés, deux qui vont en lier un à la planche à bascule, un qui coupe les cols de chemise ou les cheveux trop longs quand cela n'a pas déjà été fait dans la geôle, un qu'on voit ranger la tête d'un supplicié avec le corps dans la caisse qui va être versée à la charrette de la fosse commune. 

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Même coupée, une tête est parfois traitée avec respect par certains.

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Deux aides autour du supplicié imminent. Ils vont le sangler à la planche (parfois même pas) et la basculer en avant en soulevant le bas à hauteur des pieds. Poussée en avant, la planche va glisser entre les deux rainures, la tête du condamné s'engageant dans l'orifice de la lunette. L'exécuteur l'immobilise - et parfois l'étourdit - en abaissant d'un coup sec la moitié supérieure et déclenche la chute du couperet qui tranche au ras de la lunette. En principe, l'opération prend de 4 à 5 secondes.


Le statut officiel de Sanson est donc celui d'un entrepreneur contractant au service de l'Etat, qui recrute et appointe son personnel à partir de l'indemnité versée. La besogne ne manque pas. 
Le costume de Sanson vous étonne ? Sachez que son statut social fait de lui un bourgeois aisé, d'où son habit (qui deviendra un peu plus "peuple" après Thermidor). Cet habit n'est autre que celui du Tiers Etat aux Etats Généraux de 1789. Il est encore porté par beaucoup de députés de la Convention. Habit noir, culotte, gilet, bas de soie, chemise à jabot de dentelle apparent, dentelle aux poignets, perruque poudrée à queue enrubannée, chapeau et souliers à boucles. 

Préfiguration de l'émancipation des femmes ? Des personnages féminins ont marqué cette époque et, dans l'humble vie quotidienne, des femmes ne se privent pas de se montrer et de manifester (surtout leur mécontentement !). Ici, avec les patriotes, une citoyenne du peuple, d'aspect peu farouche mais fière dans sa posture martiale, tient fermement un briquet d'infanterie. L'histoire ne dit pas si, comme ses compères masculins, elle est sans culotte, mais, si c'est le cas, l'abondance de ses jupons lui permet de ne pas braver la décence publique...
En guise de pendant, de l'autre côté des marches fatales, se tient un sectionnaire "gradé" qui s'est emparé de l'esponton d'un sergent des Suisses lors de l'assaut des Tuileries en août 1792. C'est une arme d'apparat ou de frime, peut-on dire, impropre au combat mais bien plus légère et maniable qu'une pique. 

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La femme et le sectionnaire au premier plan. 


Assiste à l'exécution un Commissaire de la Convention qui aurait le titre de Représentant en mission ou Représentant aux Armées en dehors du district de Paris), avec son escorte de trois gendarmes tirés de la Garde Ordinaire de l'Assemblée. 

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Commissaire de la Convention avec son escorte de gendarmes de l'Assemblée. Le tricolore ne passe pas inaperçu. 


Les autres personnages relèvent de la fantaisie (il en faut bien un peu...). Sur l'échafaud, le marquis de Hautfort des Gontries,
ancien page du Roi à Fontenoy - il avait 12 ans - , ci-devant colonel du régiment des chevau-légers, héros de la campagne de Valmy mais fâcheusement compromis (victime collatérale) dans la trahison de "l'infâme Dumouriez". Il a été dénoncé et arrêté par les patriotes avant sa fuite (supposée) chez les Autrichiens. A l'époque, il en faut moins que cela pour être raccourci. Emprisonné depuis un an, son exécution a été maintes fois ajournée mais ses états de service pour la République n'ont pu le sauver. 

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Le marquis de Hautfort des Gontries à l'instant suprême: le calme et le courage des condamnés injustement. 


Au pied des marches, le chevalier de Saint-Hilaire, aide de camp d'Etat-Major, arrêté en même temps que le marquis et sous le même chef d'accusation. En ces temps troublés de grande purge, de suspicion systématique et de décisions expéditives, il suffit d'une particule et d'une naissance pour être considéré comme ennemi de la République ou comploteur royaliste, avec le sort qu'on devine...

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Le chevalier de Saint-Hilaire, aide de camp d'Etat-Major: une absolution tout de même.

A ses côtés, un chef vendéen. "Brigand royaliste", pas moins, telle est la désignation officielle dans les décrets de la Convention Nationale qui ne prévoit pour eux aucune mesure de grâce. Entravé comme il se doit, il se détourne brusquement pour repousser l'absolution d'un prêtre "jureur", c'est-à-dire qui a prêté serment à la Nation sur la Constitution Civile du clergé, condamnée par Rome et, ipso facto, excommunié. Or, il est évident que seuls les "jureurs" sont, à la rigueur, tolérés sur les lieux d'exécution. Les religieux non jureurs sont considérés comme réfractaires, pourchassés et condamnés à la clandestinité. Par conséquent, les jureurs sont, on s'en doute, honnis par les "intégristes" catholiques que sont les Vendéens et plus tard les Chouans, d'où le sursaut pour se détourner du sacrement non canonique. En revanche, le chevalier met un genou en terre, considérant, pour sa conscience, qu'une absolution républicaine vaut mieux que pas d'absolution du tout. 

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Le prêtre "jureur" des derniers instants. Pour un Vendéen, c'est une offense qu'on ne peut accepter.  

Reste le peuple, qu'on pourra ultérieurement compléter (c'est l'avantage d'une plaquette ouverte). Il est symboliquement représenté par un portefaix qui a posé sa charge et se repose un moment, par un commis greffier du Tribunal Révolutionnaire qui en rajoute dans les vociférations inutilement hostiles et une humble ménagère qui, arrivée dans les premières à l'ouverture d'une boulangerie, a eu la chance d'obtenir une miche de pain. En ces temps de quasi famine, ce sera probablement la seule nourriture de sa famille pour la journée. 

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Une ménagère, un portefaix, un commis greffier qui devrait être en audience, c'est peu, bien sûr, pour une assistance. On complétera au fur et à mesure. 


Ce jour-là, une autre charrette va amener d'autres condamnés dont Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, peut-être le plus illustre juriste du ci-devant Parlement de Paris, défenseur du Roi à son procès. 
Les Vendéens sont dans l'ensemble défaits. A la tête des colonnes infernales, Turreau a importé la terreur et l'anéantissement dans le pays. Restent quelques bandes locales qui agissent par coups de main mais qui ne peuvent plus renverser la situation. 
Maintenant, avec des ventres vides mais des baïonnettes acérées, le passage du Saint-Bernard est sur le point d'être repris aux Piémontais. L'armée des Alpes va reprendre Saorge et Pichegru va battre Clerfayt à Menin et le forcer à la retraite.
Carnot, qui ne peut toujours pas subvenir au ravitaillement des troupes, porte son effort sur les fabrications de guerre d'armes et de munitions et fait savoir aux Représentants aux Armées que les troupes françaises doivent "vivre aux dépens de l'ennemi". C'est on ne peut plus clair. Dans un mois, l'amiral Villaret de Joyeuse, un des rares aristocrates officiers de Marine à n'avoir pas émigré, va forcer le blocus anglais, apportant du blé des Amériques et, un mois plus tard, ce sera pour Jourdan la consécration avec la victoire de Fleurus... Ah ! Ca ira, ça ira...

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Citoyen Gribeauval 

Quelques appendices sans trop de légendes:

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Le rémouleur et son aide. Dame, il faut bien affûter les couperets...


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Une marchande de boissons, de douceurs et de fruits. Un de ces innombrables petits métiers de Paris pour ne pas crever de faim, quoique la dame puisse supporter un peu de jeûne. Elle vend ce qu'elle trouve: du café, de la mauvais gnôle, du vin , des pommes... Toute sa fortune est dans sa brouette. A côté d'elle, j'ai placé un artisan vitrier, qui n'avait jamais été réalisé, sauf erreur ou confusion. Un vrai plaisir.


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La Charrette, un scratch total hormis les roues Historex refaites à 95 %. Un vrai plaisir à construire (carte plastique). 

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Une autre ménagère et un bourgeois qu'on ne voit pas à sa droite. 

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Harnachement complet et parfaitement exact pour un cheval de trait entre brancards.

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Pour ceux que ça intéresse, la réalisation a demandé de 600 à 700 heures de travail réparties sur plusieurs mois. La guillotine a été construite en bois de poirier, comme les vieux gréements d'Arsenal. Les ferrures sont en carte plastique.   

C'est tout. A une prochaine.
Armand dit gribeauval83

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A gavouot06 et à l'ancien, petite mise au point. 

Je crains, cher collègues, que vous ne fassiez une légère confusion. Les tricoteuses (ou des harangères qu'on appelait les "dames" de la halle), ne se tenaient pas au pied de l'échafaud où elles auraient gêné et où elles auraient été virées vite fait.
Il s'en trouvait probablement dans la foule. C'est quasiment sûr mais pas au pied de l'échafaud.

En revanche, les tricoteuses - dames de la halle - occupaient en force les travées du public du Tribunal Révolutionnaire
et nul ne pouvait ignorer leurs vociférations haineuses. Je me demande même si ces places ne leur étaient pas réservées en quelque sorte. Pour les débats, il arrivait à Fouquier Tinville de réclamer le silence, c'est dire.

A+
Armand dit gribeauval83

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Bonjour Gribeauval,

Un peu lugubre en effet, mais techniquement très bien réalisé et documenté.
J'ai au moins appris qu'il y avait encore des prêtres tolérés par le nouveau pouvoir à cette époque (chose que j'ignorais).
Mention spéciale pour la charrette et son attelage que je trouve criants de vérité, surtout pour un scratch quasi total. Superbe !

sourire

PS: Il me semble qu'Aurora avait produit en son temps une guillotine, un "collector" de nos jours.

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Labor omnia vincit

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Merci Cedric pour le commentaire.
Pour Aurora, c'est tout à fait possible, mais je n'en ai nulle connaissance. 

La guillotine, je l'ai réalisée d'après une photo d'une pièce de musée, je suppose. 
Aucun plan, aucune cote ni indication, il a fallu chercher pour produire une pièce crédible
mais à laquelle j'ai réfléchi en y apportant, par le raisonnement d'un point de vue mécanique, 
tous les éléments constitutifs d'un assemblage d'une grande solidité. 
Ici, c'est une machine lourde, fixe, destinée à fonctionner longtemps en place.
Je dis cela sans ironie. Il existait des "machines" plus légères, démontables, comme celles que les représentants en mission
traînaient avec eux lors de leurs déplacements, lorsqu'ils rendaient une justice sommaire sur place
après des verdicts de tribunaux complaisants.

A+
Armand dit gribeauval83

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Merci pour tes précisions sur les tricoteuses. Il y a toujours à apprendre. Bravo pour ta reconstitution de ces tristes moments.
Amitiés.
JPG

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Magnifique travail sur ces année terribles ou on exécuté à tour de bras...
Sergio  Wink

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et à tour de cou surtout... Laughing

A+

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Chantier en cours :      Kit Hachette 1/64ème de l'Hermione
(chantier repris quand j'ai le temps)

Philippe

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J'avais raté ce sujet!

Le thème est particulièrement grave, mais la réalisation est sans défaut, c'est vraiment remarquable de détail et de précision.
Ton public me fait penser à une "présentation des métiers de Paris", c'est très bienvenu et plein de détails sympas
J'ai beaucoup aimé ta présentation historique tout aussi sobre et précise!
Un grand bravo!

_________________
Amitiés à tous
Gilles(Lostiznaos)

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Grand merci, Gilles,
Tu sais combien j'attache de prix à tes appréciations et,
venant d'un maquettiste, maintenant de renom, doublé d'un observateur
solidement féru d'Histoire, quand elles sont sobres mais néanmoins élogieuses,
il y a de quoi se sentir honoré.
C'est fait.
A quand nous présentes-tu une oeuvre "Marine" ?
Merci et à bientôt.
Armand

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Aïe, n'en jetez plus!
Ben c'est moi qui me sent honoré là!

Avec la révolution Française tu tapes pile dans mes thèmes favoris, d'autant que ce fut ma spécialisation lors de mes études universitaires.
Bon on était en 1989 aussi...

Mais honnêtement je trouve ton travail remarquable de précision, et comment dire "d'esprit"...
C'est aussi pour cela que je t'embête avec des remarques sur les sols ou les bases qui mériteraient un poil plus de patine pour être dans l'esprit actuel si je puis dire, ou mieux dans celui des peintres de genre de la fin du XVIIIème.

Mais que cela ne t'empêche pas de nous montrer d'autres vignettes!

A propos de thèmes martitime, c'est oui, mes deux prochains projets sont des navires avec d'abord la fin de mon ponton!


_________________
Amitiés à tous
Gilles(Lostiznaos)

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