Nagato, ( en Japonais: 長門, du nom de la province de Nagato), était un cuirassé de la Marine impériale japonaise, premier navire de sa classe. Il était aussi le premier cuirassé au monde à porter des canons de 406 mm et fut le navire amiral de l'amiral Isoroku Yamamoto lors de l'attaque sur Pearl Harbor. Pendant la guerre, il ne combattit qu'une seule fois lors de la bataille du golfe de Leyte, du fait de la stratégie japonaise qui consistait à conserver les unités majeures en réserve pour la bataille décisive.
La quille du Nagato fut posée à l'Arsenal Naval de Kure le 28 août 1917 ; le navire fut lancé le 9 novembre 1919 et armé le 15 novembre 1920. Il subit une refonte importante en 1936 aucours de laquelle on remplaça ses chaudières à vapeur et on renforça son blindage et ses canons anti-aériens.
Lors de la déclaration de guerre, Nagato forma sous le commandement du capitaine de vaisseau avec son jumeau le Mutsu la première division. Le Nagato fut le navire amiral de Isoroku Yamamoto. Le 2 décembre, le Nagato envoya le signal Niitakayama nobore 1208 (« Grimper le Mont Niitaka le 12/08 (heure japonaise) ») qui ordonnait aux forces de frappe aéronavales d'attaquer Pearl Harbor.
Le 12 février 1942, l'Amiral Yamamoto transféra son pavillon sur le nouveau cuirassé : le Yamato.
Le Nagato navigua avec le Yamato, le Mutsu, le Hosho et le Sendai ainsi que neuf destroyers et quatre navires auxiliaires et formait le corps de bataille de la flotte de Yamamoto lors de la bataille de Midway, en juin 1942, mais il ne combattit pas. Il ramena les survivants du Kaga au Japon.
En 1943, sous le commandement du capitaine de vaisseau Hayakawa Mikio, le Nagato était basé à Truk dans les îles Caroline. Après l'évacuation de Truk en février 1944, il fut basé à Lingga près de Singapour.
En juin 1944, il participa à l'opération A-Go, une attaque sur les forces Alliées des îles Mariannes. Lors de la bataille de la mer des Philippines, il subit une attaque aérienne mais ne fut pas endommagé.
En octobre 1944, il prit part à l'opération Sho-1, une attaque des débarquements alliés de Leyte. Le 24 octobre 1944, lors de la bataille du golfe de Leyte, le Nagato fut attaqué par de nombreuses vagues de bombardiers américains. À 14h16, il était touché par deux bombes larguées depuis les avions de l’USS Franklin et de l’USS Cabot. La première neutralisa de nombreux canons et endommagea l'entrée d'air de la salle des machines no 1 ce qui empêcha une des turbines de fonctionner pendant 25 minutes jusqu'à ce que les dégâts soient réparés. La deuxième bombe toucha la cantine du navire et la salle radio avant, tuant 52 personnes et en blessant 106 autres. Le 25 octobre, la Force Centrale traversa le détroit de San-Bernardino et se dirigea vers le golfe de Leyte. Pendant la bataille au large de Samar, le Nagato attaqua les transporteurs et les destroyers du Groupe de Soutien américain 77.4.3. À 6h01, il ouvrit le feu sur le St. Lo; c'était la première fois que ses canons ouvraient le feu sur un navire ennemi, mais les obus manquèrent leur cible. À 6h54, le destroyer Heermann tira une volée de torpilles sur le Haruna. Les torpilles manquèrent le navire mais continuèrent en direction du Yamato et du Nagato qui suivaient des routes parallèles. Croyant les torpilles américaines aussi performantes que les leurs, les deux cuirassés nippons durent s'éloigner du combat vers le Nord sur plus de 10 milles (16 km) jusqu'à ce que, selon eux, les torpilles ennemies épuisent leur carburant. De retour sur le champ de bataille, le Nagato continua d'engager les transports américains et tira 45 obus de 406 mm et 92 obus de 140 mm.
A 9h10, l'amiral Takeo Kurita donna l'ordre à la flotte de rompre le combat et de mettre le cap au Nord. À 10h20, il ordonna de retourner vers le Sud mais, subissant une importante attaque aérienne, il réordonna la retraite de la flotte à 12h36. À 12h43, le Nagato fut atteint à la proue par deux bombes occasionnant de légers dommages.
Alors qu'elle battait en retraite le 26 octobre, la flotte japonaise subit une attaque aérienne. le Nagato fut la proie des bombardiers en piqué de l'USS Hornet et fut atteint par 4 bombes. Au cours de la journée, le navire tira 99 obus de 406 et 653 obus de 140 mm vers des cibles diverses, avec un succès non-documenté.
Le 25 novembre 1944, le Nagato arriva à Yokosuka pour des réparations. Le manque criant de carburant et de matériaux signifiait qu'il ne pourrait pas reprendre utilement du service et, en février 1945, il fut réassigné à la défense côtière. En juin 1945, son armement secondaire et anti-aérien fut même transféré sur la terre ferme. Le 18 juin 1945, il fut attaqué à Yokosuka par des bombardiers torpilleurs des porte-avions Essex, Randolph, Shangri-La et Belleau Woods et atteint par trois bombes ; la première, touchant la passerelle, tua sur le coup son officier commandant, le contre-amiral Otsuka Miki.
Le 30 août 1945, suite à la reddition du Japon, le Nagato, dernier cuirassé japonais encore en service, fut abordé et «sécurisé» par les marins Américains de l'USS Horace A. Bass.
En mars 1946, le Nagato fut envoyé jusqu'à l'atoll de Bikini pour l'opération Crossroads, une série de tests nucléaires. Au cours de ce dernier voyage, il était sous le commandement du capitaine de vaisseau W. J. Whipple avec un équipage de l'US Navy d'environ 180 hommes. Les réparations du navire étaient tellement médiocres que, au cours de cette traversée, il dut être remorqué jusqu'à l'atoll Eniwetok pour subir des réparations d'urgence.
Durant le premier test (Able, une explosion en plein air), le 1er juillet 1946, le Nagato se trouvait à 1 500 mètres de l'épicentre (ground zéro) et ne fut pas gravement endommagé. Lors du second test (Baker, une explosion sous-marine cette fois), le 25 juillet 1946, il fut sévèrement endommagé, mais ne chavira et coula que cinq jours plus tard, tant son système de compartimentation était élaboré.
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Lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leur parole, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus au-dessus d'eux l'autorité de rien ni de personne, alors c'est là en toute beauté et toute jeunesse le début de la tyrannie.
Platon,
La RépubliqueSi le savoir peut créer des problèmes, ce n'est pas l'ignorance qui les résoudra. I. Asimov