Bonjour à tous,
Petit retour à l'Empire si vous le voulez bien avec ma vieillerie n°4. Elle remonte à 1979.
C'est une scène paysanne qui mérite quelques explications. Nous sommes en 1813. Pressé de reconstituer son armée détruite pendant la campagne de Russie, l'Empereur est rentré en France à toute la vitesse de ses traîneaux et de ses calèches. Après le désastre, il se doute que toutes les monarchies d'Europe vont se liguer contre lui, avec l'aide de l'or de la Banque d'Angleterre, bien entendu, pour profiter de sa faiblesse militaire. C'est donc à une incroyable course de vitesse qu'il se livre pour accélérer la conscription de plusieurs classes, les habiller, les instruire, refaire son artillerie et ses charrois et, surtout, reconstituer une cavalerie réduite à néant ou presque. La plupart des régiments ont disparu, hommes et montures.
Contrairement au peuple des villes et chez les ouvriers où l'Empereur était extraordinairement populaire - durant tout l'Empire, Napoléon s'est toujours opposé à l'augmentation du prix du pain, base de l'alimentation - , les ruraux avaient deux motifs principaux de grogne voire d'hostilité envers le régime: d'abord la conscription qui les frappait prioritairement, ensuite la réquisition des bêtes, d'abord, essentiellement celle des chevaux.
Or, vous connaissez le tableau. La campagne de Russie s'est achevée en désastre. Sur le plan humain, en tués, blessés abandonnés, morts de faim, d'épuisement et de froid, prisonniers et disparus, la Grande Armée a perdu plus de 300.000 hommes (les historiens continuent à évaluer les pertes réelles). Pour l'époque, c'était une énormité, du jamais vu. Mais ce n'est pas tout. Il faut aussi compter avec le martyre animal de la cavalerie et du train. On estime à 150.000 les chevaux perdus, bêtes de selle ou de trait. En juin 1812, dès le passage du Niémen, les ennuis ont commencé. Vous savez tous que les Russes, en se retirant toujours plus loin à l'intérieur de l'immensité de leur contrée, ont pratiqué la politique de la "terre brûlée". Non contents d'incendier leurs habitations, ils ont mis le feu aux stocks de fourrage. Or, la physiologie des chevaux implique une alimentation qui peut être mixte mais où le fourrage sec (foin) est quantitativement plus important que le fourrage vert. Sans foin, les chevaux de la Grande Armée ont été réduits à brouter de l'herbe verte uniquement ou pire, des blés, seigles, orges et autres céréales vertes. Moralité, dans les six premières semaines, 70.000 chevaux avaient péri. Une catastrophe pour les régiments de cavalerie, contraints de battre le pays pour trouver des chevaux de remplacement. Une misère pour le Train d'artillerie et des équipages (600 canons, au moins 2500 caissons, 3500 fourgons et véhicules spéciaux).
Donc, à la fin de la campagne, il n'y avait pratiquement plus de chevaux, même pour les officiers supérieurs.
De retour à travers l'Allemagne, la remonte est décevante: on manque de chevaux. Les haras sont vides, les élevages appauvris (parfois volontairement pour soustraire les rares bêtes disponibles), et, même à prix d'or, on ne parvient pas à suppléer aux pertes.
Vous avez là la tableau de 1813. L'Empereur décrète la réquisition de tous les chevaux à travers les 130 départements que compte l'Empire à cette époque. Les cours s'envolent et des officiers de cavalerie, flanqués de vétérinaires, parcourent le pays avec des bourses énormes, prêts à payer en bon or, des bêtes de selle et de trait. En 1813, qui a des chevaux est riche!
Qui est chargé de l'application de la réquisition, de la répression des fraudes et des dissimulations en tous genres, c'est bien entendu la Gendarmerie Impériale. Etalons, hongres, juments, tout est réquisitionnable. Pour les juments, une seule exception est admise: les poulinières et les femelles saillies sont exemptées.
Que font donc les paysans qui ont une ou plusieurs juments? Vous avez gagné, ils s'empressent d'aller la faire couvrir. Un vétérinaire certifie que la femelle est pleine et elle échappe ainsi à la réquisition puisqu'elle va pouliner.
C'est tout le sens de cette plaquette où l'on voit le propriétaire de Pâquerette passer fièrement devant les pandores avec sa jument. A noter que cette bête, à l'élégante robe alezane, relativement rare, était le type même de l'animal convoité, surtout par les officiers. On en a vu se ruiner pour acheter de telles montures.
Quelques transformations mineures pour faire des paysans à partir de grognards n'ont pas besoin d'explications. Passons aux photos.
Comme déjà expliqué, on a affaire ici à la Gendarmerie Impériale des Départements (on dirait aujourd'hui territoriale ou métropolitaine), différente, par les tenues et les missions, de la Gendarmerie aux Armées ou Prévôté, qui opère hors de France. Il y a dans cette plaquette des erreurs de débutant: grande tenue (c'est toujours celle qui est décrite en premier dans les illustrations) au lieu du surtout de service quotidien, port du fusil qui n'est pas usité hors des opérations d'envergure, plumets et aiguillettes ne sont pas portés dans ces cas-là, etc.
J'espère que cela vous intéressera.
That's all Folks!!!
A+
gribeauval83
Petit retour à l'Empire si vous le voulez bien avec ma vieillerie n°4. Elle remonte à 1979.
C'est une scène paysanne qui mérite quelques explications. Nous sommes en 1813. Pressé de reconstituer son armée détruite pendant la campagne de Russie, l'Empereur est rentré en France à toute la vitesse de ses traîneaux et de ses calèches. Après le désastre, il se doute que toutes les monarchies d'Europe vont se liguer contre lui, avec l'aide de l'or de la Banque d'Angleterre, bien entendu, pour profiter de sa faiblesse militaire. C'est donc à une incroyable course de vitesse qu'il se livre pour accélérer la conscription de plusieurs classes, les habiller, les instruire, refaire son artillerie et ses charrois et, surtout, reconstituer une cavalerie réduite à néant ou presque. La plupart des régiments ont disparu, hommes et montures.
Contrairement au peuple des villes et chez les ouvriers où l'Empereur était extraordinairement populaire - durant tout l'Empire, Napoléon s'est toujours opposé à l'augmentation du prix du pain, base de l'alimentation - , les ruraux avaient deux motifs principaux de grogne voire d'hostilité envers le régime: d'abord la conscription qui les frappait prioritairement, ensuite la réquisition des bêtes, d'abord, essentiellement celle des chevaux.
Or, vous connaissez le tableau. La campagne de Russie s'est achevée en désastre. Sur le plan humain, en tués, blessés abandonnés, morts de faim, d'épuisement et de froid, prisonniers et disparus, la Grande Armée a perdu plus de 300.000 hommes (les historiens continuent à évaluer les pertes réelles). Pour l'époque, c'était une énormité, du jamais vu. Mais ce n'est pas tout. Il faut aussi compter avec le martyre animal de la cavalerie et du train. On estime à 150.000 les chevaux perdus, bêtes de selle ou de trait. En juin 1812, dès le passage du Niémen, les ennuis ont commencé. Vous savez tous que les Russes, en se retirant toujours plus loin à l'intérieur de l'immensité de leur contrée, ont pratiqué la politique de la "terre brûlée". Non contents d'incendier leurs habitations, ils ont mis le feu aux stocks de fourrage. Or, la physiologie des chevaux implique une alimentation qui peut être mixte mais où le fourrage sec (foin) est quantitativement plus important que le fourrage vert. Sans foin, les chevaux de la Grande Armée ont été réduits à brouter de l'herbe verte uniquement ou pire, des blés, seigles, orges et autres céréales vertes. Moralité, dans les six premières semaines, 70.000 chevaux avaient péri. Une catastrophe pour les régiments de cavalerie, contraints de battre le pays pour trouver des chevaux de remplacement. Une misère pour le Train d'artillerie et des équipages (600 canons, au moins 2500 caissons, 3500 fourgons et véhicules spéciaux).
Donc, à la fin de la campagne, il n'y avait pratiquement plus de chevaux, même pour les officiers supérieurs.
De retour à travers l'Allemagne, la remonte est décevante: on manque de chevaux. Les haras sont vides, les élevages appauvris (parfois volontairement pour soustraire les rares bêtes disponibles), et, même à prix d'or, on ne parvient pas à suppléer aux pertes.
Vous avez là la tableau de 1813. L'Empereur décrète la réquisition de tous les chevaux à travers les 130 départements que compte l'Empire à cette époque. Les cours s'envolent et des officiers de cavalerie, flanqués de vétérinaires, parcourent le pays avec des bourses énormes, prêts à payer en bon or, des bêtes de selle et de trait. En 1813, qui a des chevaux est riche!
Qui est chargé de l'application de la réquisition, de la répression des fraudes et des dissimulations en tous genres, c'est bien entendu la Gendarmerie Impériale. Etalons, hongres, juments, tout est réquisitionnable. Pour les juments, une seule exception est admise: les poulinières et les femelles saillies sont exemptées.
Que font donc les paysans qui ont une ou plusieurs juments? Vous avez gagné, ils s'empressent d'aller la faire couvrir. Un vétérinaire certifie que la femelle est pleine et elle échappe ainsi à la réquisition puisqu'elle va pouliner.
C'est tout le sens de cette plaquette où l'on voit le propriétaire de Pâquerette passer fièrement devant les pandores avec sa jument. A noter que cette bête, à l'élégante robe alezane, relativement rare, était le type même de l'animal convoité, surtout par les officiers. On en a vu se ruiner pour acheter de telles montures.
Quelques transformations mineures pour faire des paysans à partir de grognards n'ont pas besoin d'explications. Passons aux photos.
Comme déjà expliqué, on a affaire ici à la Gendarmerie Impériale des Départements (on dirait aujourd'hui territoriale ou métropolitaine), différente, par les tenues et les missions, de la Gendarmerie aux Armées ou Prévôté, qui opère hors de France. Il y a dans cette plaquette des erreurs de débutant: grande tenue (c'est toujours celle qui est décrite en premier dans les illustrations) au lieu du surtout de service quotidien, port du fusil qui n'est pas usité hors des opérations d'envergure, plumets et aiguillettes ne sont pas portés dans ces cas-là, etc.
J'espère que cela vous intéressera.
That's all Folks!!!
A+
gribeauval83