Bonjour l'Ancien,
"Le bonjour te va". Comme j'aime cette expression qui me rappelle la "Jument verte" ! C'était l'expression favorite du facteur rural, l'hilare Zavatta, quand il rencontrait Bourvil lors de ses tournées pédestres. C'est loin tout ça!
Bonjour à tous,
Voici ma 2e plaquette achevée en 1979. Par rapport à la première, je m'étais appliqué à l'amélioration. Il y avait un peu de mieux. Si le sujet, encore, est banal, il est de pure imagination et contraire à la vérité historique, mais cependant personne ne m'en fit le reproche à l'époque, parce c'était plausible. La scène se passe en France alors que, en 1813, les 4 escadrons de guerre et l'état-major entier se trouvaient en campagne en Allemagne.
La disposition, simpliste, reproduit le schéma d'une cour de quartier de cavalerie tel qu'en ont connu tant de villes de garnisons françaises: un mur avec une grille, un portail surmonté d'un panonceau annonçant le nom du Régiment et son numéro, une allée (un peu raccourcie, j'en conviens) séparant deux arènes sablées, l'indispensable lisse pour l'attache temporaire des chevaux, une fontaine abreuvoir..., bref du classique.
Les personnages: le Colonel chef de corps, son adjoint commandant en second, un sous-off d'ordonnance, un officier nouvellement affecté, deux trompettes, un vétérinaire, un planton et, devant l'entrée, un factionnaire (qui a perdu sa baÏonnette au mousqueton avec le temps, vu que cette plaquette a traîné dans plus de 150 expos). Les attitudes, assez peu réglementaires [un trompette monté, l'autre non et les instruments non actifs] font penser plus à une scène bon enfant qu'à une cérémonie officielle avec sa rigidité traditionnelle.
En fait, capturé en Espagne sur un officier anglais, ce magnifique cheval irlandais a été ramené du fin fond de la Galice jusque dans l'Est de la France pour être offert au Colonel, revenu de la campagne de Russie.. à pied. L'histoire ne dit pas, en regard des centaines et des centaines de kilomètres parcourus, combien de fois il aura fallu changer ses fers mais il y eut certainement plus d'un passage chez le maréchal-ferrant... Lors des captures (trop rares), les chevaux d'officiers anglais étaient très recherchés, pour leur robustesse et leur élégance.
Sa marque anglaise est soulignée par sa queue relevée (coquetterie très britannique, bien visible sur leurs gravures de chasse du XIXe). Passons aux photos.
Vue d'ensemble de dessus.
Le portail et le factionnaire.
Quartier Saint-Georges c'est banal, vu que le Saint-Georges en question était la patron de la cavalerie française.
Autre vue d'ensemble en enfilade.
De face, le chef de corps, son adjoint commandant en second, le sous-off d'ordonnance. De dos, le vétérinaire.
Le cheval et, en second plan, les trompettes.
Les trompettes. Le règlement de Bardin de 1812, paru 6 mois à peine avant le début de la campagne de Russie, habillait tous les trompettes de cavalerie de la livrée impériale, petit délire ornemental trop surchargé (cauchemar des peintres figurinistes qui la reproduisent rarement et pour cause). La campagne de Russie et ses désastres, outre les pertes humaines qu'on sait, ne permit pas la diffusion de cette fameuse livrée nouvellement réglementaire et seuls une infime partie des régiments la touchèrent pour leurs trompettes. Quoi qu'il en soit, mes recherches personnelles en iconographie ne m'ont jamais mis en présence de trompettes du 5e Cuir ainsi revêtus).
On notera enfin que, chaque fois que la remonte le permettait, les trompettes étaient montés sur des chevaux à la robe grise, avec des nuances, bien sûr). Pourquoi des trompettes ? Tout simplement parce que la voix humaine portant peu dans le fracas de la bataille, les ordres étaient transmis par des sonneries apprises par tous.
Le capitaine nouvellement affecté ( pour qui on cherche un bon cheval...)
Le lieutenant-Colonel, commandant en second. A l'époque, les distinctions de grade étaient subtiles. Faisant partie de l'état-major de l'unité, il avait droit au plumet blanc comme le Colonel (qui, lui, pouvait avoir une aigrette blanche) et avait les mêmes épaulettes argent que le patron. La seule différence était que les franges qui les composaient ne devaient pas dépasser le diamètre de 7mm alors que celles du Colonel pouvaient atteindre le diamètre de l'auriculaire
Inutile d'insister: au 1/32, cette nuance n'est pas réalisable
Le Colonel Christophe qui mènera le Régiment jusqu'à Waterloo et, à la tête de ses cavaliers (lourdes pertes), s'y comportera magnifiquement, hélas, pour rien (un maréchal des logis embrochera (et tuera) cependant de son sabre le Colonel Hamilton, commandant du célèbre régiment des Scots Greys, brisant net leur contre-charge.
Le sous-officier d'ordonnance, à deux brisques sur le bras signifiant qu'il comptait plus de dix ans de service (et de campagnes naturellement).
Enfin, de face, en bleu barbeau, le maréchal artiste vétérinaire. C'était son titre officiel. Sous-officier, il avait rang de sergent-major. Il y en avait un par régiment, avec, parfois, des aides. L'importance de la cavalerie, le prix élevé des chevaux, leur rareté croissante à la fin du règne, les besoins sans cesse renouvelés en raison des pertes (la Russie avait été le tombeau de la cavalerie), en faisaient des auxiliaires indispensables et appréciés, surtout quand les réquisitions des chevaux ruraux en métropole furent appliquées.
Terminant souvent les batailles par un écrasement final des carrés d'infanterie (et l'effroi que leur arrivée en masse ferrée au galop provoquait chez les fantassins), ils étaient respectés par les biffins français qui les recueillaient lorsqu'ils étaient démontés par chute, blessure ou abattage de la monture. On les surnommait affectueusement "les gros frères" ou "les gros talons". Ne me demandez pas pourquoi, certaines expressions militaires ont des origines restées mystérieuses.
J'espère que cela ne vous a pas barbé.
A la prochaine, amis marins.
gribeauval83
"Le bonjour te va". Comme j'aime cette expression qui me rappelle la "Jument verte" ! C'était l'expression favorite du facteur rural, l'hilare Zavatta, quand il rencontrait Bourvil lors de ses tournées pédestres. C'est loin tout ça!
Bonjour à tous,
Voici ma 2e plaquette achevée en 1979. Par rapport à la première, je m'étais appliqué à l'amélioration. Il y avait un peu de mieux. Si le sujet, encore, est banal, il est de pure imagination et contraire à la vérité historique, mais cependant personne ne m'en fit le reproche à l'époque, parce c'était plausible. La scène se passe en France alors que, en 1813, les 4 escadrons de guerre et l'état-major entier se trouvaient en campagne en Allemagne.
La disposition, simpliste, reproduit le schéma d'une cour de quartier de cavalerie tel qu'en ont connu tant de villes de garnisons françaises: un mur avec une grille, un portail surmonté d'un panonceau annonçant le nom du Régiment et son numéro, une allée (un peu raccourcie, j'en conviens) séparant deux arènes sablées, l'indispensable lisse pour l'attache temporaire des chevaux, une fontaine abreuvoir..., bref du classique.
Les personnages: le Colonel chef de corps, son adjoint commandant en second, un sous-off d'ordonnance, un officier nouvellement affecté, deux trompettes, un vétérinaire, un planton et, devant l'entrée, un factionnaire (qui a perdu sa baÏonnette au mousqueton avec le temps, vu que cette plaquette a traîné dans plus de 150 expos). Les attitudes, assez peu réglementaires [un trompette monté, l'autre non et les instruments non actifs] font penser plus à une scène bon enfant qu'à une cérémonie officielle avec sa rigidité traditionnelle.
En fait, capturé en Espagne sur un officier anglais, ce magnifique cheval irlandais a été ramené du fin fond de la Galice jusque dans l'Est de la France pour être offert au Colonel, revenu de la campagne de Russie.. à pied. L'histoire ne dit pas, en regard des centaines et des centaines de kilomètres parcourus, combien de fois il aura fallu changer ses fers mais il y eut certainement plus d'un passage chez le maréchal-ferrant... Lors des captures (trop rares), les chevaux d'officiers anglais étaient très recherchés, pour leur robustesse et leur élégance.
Sa marque anglaise est soulignée par sa queue relevée (coquetterie très britannique, bien visible sur leurs gravures de chasse du XIXe). Passons aux photos.
Vue d'ensemble de dessus.
Le portail et le factionnaire.
Quartier Saint-Georges c'est banal, vu que le Saint-Georges en question était la patron de la cavalerie française.
Autre vue d'ensemble en enfilade.
De face, le chef de corps, son adjoint commandant en second, le sous-off d'ordonnance. De dos, le vétérinaire.
Le cheval et, en second plan, les trompettes.
Les trompettes. Le règlement de Bardin de 1812, paru 6 mois à peine avant le début de la campagne de Russie, habillait tous les trompettes de cavalerie de la livrée impériale, petit délire ornemental trop surchargé (cauchemar des peintres figurinistes qui la reproduisent rarement et pour cause). La campagne de Russie et ses désastres, outre les pertes humaines qu'on sait, ne permit pas la diffusion de cette fameuse livrée nouvellement réglementaire et seuls une infime partie des régiments la touchèrent pour leurs trompettes. Quoi qu'il en soit, mes recherches personnelles en iconographie ne m'ont jamais mis en présence de trompettes du 5e Cuir ainsi revêtus).
On notera enfin que, chaque fois que la remonte le permettait, les trompettes étaient montés sur des chevaux à la robe grise, avec des nuances, bien sûr). Pourquoi des trompettes ? Tout simplement parce que la voix humaine portant peu dans le fracas de la bataille, les ordres étaient transmis par des sonneries apprises par tous.
Le capitaine nouvellement affecté ( pour qui on cherche un bon cheval...)
Le lieutenant-Colonel, commandant en second. A l'époque, les distinctions de grade étaient subtiles. Faisant partie de l'état-major de l'unité, il avait droit au plumet blanc comme le Colonel (qui, lui, pouvait avoir une aigrette blanche) et avait les mêmes épaulettes argent que le patron. La seule différence était que les franges qui les composaient ne devaient pas dépasser le diamètre de 7mm alors que celles du Colonel pouvaient atteindre le diamètre de l'auriculaire
Inutile d'insister: au 1/32, cette nuance n'est pas réalisable
Le Colonel Christophe qui mènera le Régiment jusqu'à Waterloo et, à la tête de ses cavaliers (lourdes pertes), s'y comportera magnifiquement, hélas, pour rien (un maréchal des logis embrochera (et tuera) cependant de son sabre le Colonel Hamilton, commandant du célèbre régiment des Scots Greys, brisant net leur contre-charge.
Le sous-officier d'ordonnance, à deux brisques sur le bras signifiant qu'il comptait plus de dix ans de service (et de campagnes naturellement).
Enfin, de face, en bleu barbeau, le maréchal artiste vétérinaire. C'était son titre officiel. Sous-officier, il avait rang de sergent-major. Il y en avait un par régiment, avec, parfois, des aides. L'importance de la cavalerie, le prix élevé des chevaux, leur rareté croissante à la fin du règne, les besoins sans cesse renouvelés en raison des pertes (la Russie avait été le tombeau de la cavalerie), en faisaient des auxiliaires indispensables et appréciés, surtout quand les réquisitions des chevaux ruraux en métropole furent appliquées.
Terminant souvent les batailles par un écrasement final des carrés d'infanterie (et l'effroi que leur arrivée en masse ferrée au galop provoquait chez les fantassins), ils étaient respectés par les biffins français qui les recueillaient lorsqu'ils étaient démontés par chute, blessure ou abattage de la monture. On les surnommait affectueusement "les gros frères" ou "les gros talons". Ne me demandez pas pourquoi, certaines expressions militaires ont des origines restées mystérieuses.
J'espère que cela ne vous a pas barbé.
A la prochaine, amis marins.
gribeauval83