Le projet de restauration du char allemand de Vimoutiers (Orne) fait parler, bien au-delà
des frontières régionales. Reste à savoir ce que les élus veulent en faire… et à quel prix.
L’avenir du char Tigre de Vimoutiers, vestige de la Seconde Guerre Mondiale, suscite des réactions au-delà des frontières de l’Orne, de la région, même du pays. « J’ai été contacté
par des Australiens, des Néerlandais, des Allemands, etc., indique Régis Martin, architecte
aux Monuments historiques, qui doit réaliser le diagnostic avant la restauration.
Tous me demandent ce qui est projeté, et si nous avons besoin d’aide. »
Des lettres et e-mails pleuvent à la mairie. « Alors qu’aucune souscription n’est encore lancée, les gens de l’extérieur sont déjà nombreux à aire savoir qu’ils sont prêts à nous aider financièrement », s’étonne Fatima Zahmoun, directrice générale des services de la mairie.
Restaurer la mécanique ?
Le Tigre est classé aux Monuments historiques depuis 1975. L’étude de Régis Martin porte
sur les possibilités de restauration et sur les pistes envisagées pour sa protection et sa mise
en valeur. « Est-ce qu’on restaure juste l’enveloppe ou aussi la mécanique ?
On proposera plusieurs pistes pour que la municipalité puisse choisir ».
Cette étude sera remise d’ici la fin du mois.
« Elle sera soumise à la Direction régionale des affaires culturelles », indique le maire,
Guy Romain.
Sur le char, Régis Martin explique « qu’extérieurement il présente bien, mais il est très abîmé par la rouille. Il a subi pas mal d’avaries, notamment lors du sabordage par son équipage. » L’architecte interroge : « Sera-t-il destiné à rouler ou à rester fixe ? »
Le coût serait très différent.
Dans le premier cas de figure, « il présenterait un intérêt international ».
En France, il ne reste que deux exemplaires de ce blindé allemand
(l’autre est au musée des blindés à Saumur).
Dans le monde, il en reste six, « dont deux qui n’ont pas encore été restaurés :
celui-ci et un autre en Russie ».
De 200 000 un million d’euros
Jacques van Djike fait partie des nombreuses personnes que ce projet interpelle.
Ce colonel en retraite de l’armée hollandaise est tellement passionné par la Poche de Chambois qu’il a une résidence près de Trun depuis vingt ans. Il a rédigé un livre sur la gestion
de la retraite de l’armée allemande en août 1944.
L’ex-ingénieur en chef dans l’armement a son idée sur le projet du Tigre.
Il a d’ailleurs fourni son rapport aux élus et des croquis d’éléments du char à l’architecte.
Se basant sur la restauration récente de deux chars Tigre par ses associés allemands Hoebig,
il estime que remettre en état la partie basse du char coûterait d’environ 200 000 €.
Et 100 000 € de plus avec la tourelle. Une opération de quatre à neuf mois de travaux.
« Une remise en état de marche me semble hors de prix, autour d’un million d’euros,
et techniquement quasi impossible », note Jacques van Djike, souriant amèrement
en pensant aux 10 000 € votés pour l’étude préalable. « Ce sont sans doute les subtilités
de la bureaucratie française qui l’incitent à se dispenser de mes conseils gratuits… »
L’officier suggère aussi d’apposer une plaque commémorative en l’honneur de Michel Dufresne, vétéran de la 2e DB, qui a sauvé le char des ferrailleurs en 1975.
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