Bonjour,
Tout frais de chez Lela Presse (il sent encore l'encre !) le premier de deux volumes consacrés aux cuirassés "échantillon" de la marine française dans les années 1880 :
Ce très beau volume couvre en grand détails les cuirassés Brennus, Carnot et Charles Martel.
Rappelons le contexte historique :
Dans les années 1880 la marine française continue de se relever d'une crise politique qui l'a considérablement affaiblie : après la défaite de 1870 le gouvernement de la 3e République préparait activement "la Revanche" et décidait de mettre le paquet sur l'armée de terre. Par comparaison la Marine n'avait pas ou peu servi pendant ce conflit et son utilité était remise en cause. De plus cette époque correspondait à une révolution dans l'architecture navale avec l'apparition des "ironclad", ces navires blindés, tout en fer, avec des canons en tourelle et qui avaient percé pendant la Guerre de Sécession américaine 15 ans avant.
Dans un contexte d'instabilité politique (changements rapides de ministres de la Marine) de nouvelles théories furent mises en avant, en particulier celles de la "Jeune Ecole", un groupement d'officiers sous la houlette de l'amiral Aube.
Sa théorie était la suivante : la Marine n'a pas les moyens de ses missions et perd son temps et son argent dans la course aux grosses unités alors que les deux tendances montantes sont la torpille et la vitesse, contre lesquelles les cuirassés ne peuvent rien. Il faut en finir avec les batailles rangées et privilégier des actions rapides de petites unités armées de torpilles.
"Pour le prix d'un cuirassé on pouvait construire 60 torpilleurs" : l'argument qui fit mouche !
Dans ce cadre le cuirassé était virtuellement condamné, mais survécut néanmoins car les ministres successifs durent louvoyer entre "jeune" et "vieille" écoles. la construction de cuirassés fut décidée, mais en imposant une taille réduite, en ralentissant les programmes et durées de construction et en laissant de l'initiative pour les ingénieurs navals à partir d'un cahier des charges assez flou et qui changeait tout le temps.
Résultat : après l'aberrant Hoche les chantiers produisirent six cuirassés, tous différents, formant un groupe qu'on nomme aujourd'hui "groupe d'échantillons".
On peut encore préciser que même après leur construction qui dura très longtemps ils ne cessèrent d'être modifiés au cours de leur carrière, toujours dans le but de les alléger pour corriger leur stabilité.
Mentionnons enfin que les théories de la Jeune École furent à l'origine du "torpilleur" : petit, rapide, très dangereux pour les lents cuirassés son apparition sema la panique dans l'Amirauté anglaise qui était lancée dans sa course aux cuirassés. Celle-ci réagit en inventant vers 1880 le "torpedoboat destroyer" (destructeur de torpilleur) qui resta dans l'Histoire sous le nom de Destroyer.
Ce très beau livre est richement illustré : photos, dessins, plans, profils couleur et décrit les trois Brennus, Carnot et Charles Martel sous l'aspect technique et opérationnel.
En particulier les nombreuses modifications en cours de carrière sont décrites et illustrées par des profils.
En ce sens ce livre est vraiment le paradis des scratcheurs (Chris, tu m'entends ?) car il peut aider à une réalisation précise pour une époque donnée.
Un livre indispensable qui a mis du temps à sortir faute de précommandes. On attends maintenant avec impatience le second volume qui couvrira le Jauréguiberry, le Bouvet et le Massena et inclura en "bonus" très curieux Henri IV.
_Bruno
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Hi Bob!
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases
Si Vis Pacem Parafilmum
La sous-couche, c'est un apprêt que l'on met avant
Si on bricolait plus souvent on aurait moins la tête aux bêtises
Omnes stulti, et deliberationes non utentes, omnia tentant
Une journée au cours de laquelle on n'a pas ri est une journée perdue
Espérons que le fond de la mer est étanche
Oh, ça c'est le Quacta qui se moque du Stifling
Telle est la Voie !