Salut à tous,
Je suis de retour avec mes figurines et une plaquette de largeur: 0,43m; profondeur: 0,40m; hauteur: 0,35m. Le titre sera expliqué dans le bref historique ci-après.
L'opportuniste, c'est un paysan très aisé qui est devenu marchand de chevaux. Sur la grand route, sa maison de maître, derrière laquelle s'étend son domaine, est situé juste en face du relais de la poste aux chevaux. C'est un homme de la terre, réaliste qui ne s'embarrasse pas de convictions: il est toujours du parti des puissants en place. Sa seule vérité est celle des écus sonnants et trébuchants. Il sait lire et écrire (avec beaucoup de fautes) mais nul ne sait mieux que lui compter les écus et les faire fructifier. La Révolution, avec ses événements précipités, est certes une époque troublée mais il sait, avec une agilité exceptionnelle, toujours retomber sur ses pattes et trouver à gagner l'oreille de ceux qui ont le pouvoir.
La fortune de notre homme a vraiment démarré un jour du printemps de 1790 où un escadron de dragons s'arrêta chez lui, sur une information reçue. Un officier demande s'il a des chevaux disponibles à vendre pour les besoins de la remonte dans le régiment. Notre homme a 25 très belles bêtes disponibles qui intéressent les militaires. Ils les retiennent sans discussion au tarif proposé. Le lendemain, ils reviennent avec une bourse d'or et la transaction est conclue. Avant de voir partir ses chevaux, notre homme, malin, fait savoir qu'il peut fournir des chevaux débourrés pour l'armée à raison de 40 à 50 têtes toutes les six semaines.
L'information est transmise au Commissaire des Guerres responsable des remontes de l'armée. La proposition de bêtes de selle est étendue aux bêtes de trait pour les attelages. C'est ainsi qu'il devient fournisseur officiel de l'Armée et que les commandes arrivent régulièrement.
La Révolution devient de plus en plus dure et, après la fuite du Roi et son arrestation, la guerre éclate et la France est envahie au Nord et à L'Est. Notre homme obtient d'être payé en or et non en assignats. Les besoins étant de plus en plus pressants,
les acheteurs se plient à ses exigences: il est en position de force. Malin, il s'est inscrit au Club des Jacobins de son chef-lieu et fait des dons patriotiques aux nécessiteux de sa commune, surtout les veuves de volontaires tués au feu et mère d'enfants à élever. Son activité en fait le plus gros employeur de sa contrée et sa popularité en fait un notable respecté.
Son rêve de toujours est de devenir maître de poste tout en vendant des chevaux. La chance lui sourit. Un jour, la diligence de Paris arrive sur les 8 heures et trouve porte close au relais. Il n'y a plus personne à la poste aux chevaux, ni aux écuries ni à l'auberge. Notre homme fait ouvrir la grille et, avec les chevaux de l'écurie, procède aux changements de l'attelage de la diligence qui peut repartir. Il fait constater la vacance de la charge publique de la poste aux chevaux par le comité révolutionnaire de la commune, demande sa réunion à la municipalité le jour même et fait déclarer le domaine bien national.
Il propose de faire fonctionner le relais mais non l'auberge avec les chevaux existants et ceux des siens qu'il ajoute selon les besoins.
Un député de la Convention, représentant aux Armées, s'arrête chez lui. Mis au courant de l'action du marchand de chevaux, il le félicite, lui fait décerner un certificat de civisme et la Convention lui accorde une indemnisation pour son activité au relais et ses fournitures de chevaux. La Direction des Postes le nomme maître de poste et, au tribunal du chef-lieu, lorsque le domaine "bien national" est mis aux enchères, il rachète le tout et le paye en assignats, c'est-à-dire en monnaie de singe. On sait qu'il est malin. Son rêve est réalisé et il devient encore plus riche car son commerce est florissant. Il rafle tous les chevaux de la contrée avec un argument imparable: "Je vous achète vos bêtes à un juste prix. Votre intérêt est de vendre plutôt que de voir vos bêtes réquisitionnées sans indemnisation".
Entre-temps, notre homme s'habille en sans-culotte sans crainte du ridicule et, aux volontaires qui montent au front, il tient table ouverte. Il finance les repas offerts par la commune aux indigents. Son enseigne "au canon royal" devient "au canon de la nation"
Curieusement, sa popularité ne lui attire pas d'envieux ni de délateurs. Mais une enquête et des langues qui se sont déliées apprennent aux villageois que l'ancien maître de poste s'est enfui, soudoyé par un aristocrate des environs, gros propriétaire mais surtout agent royaliste en intelligence avec l'Angleterre et recherché pour cela par le Comité de Sûreté Générale. La femme et tout le personnel avait fui également. Pour l'époque, c'est la peine de mort sans discussion.
Lorsque Robespierre tombe, l'opportuniste respire un peu mais continue ses activités, avec un seul regret, l'impécuniosité du Directoire qui lui paye mal ou très tard ses chevaux.
Sous le Consulat, Bonaparte remet de l'ordre dans la maison France et les paiements reprennent régulièrement, en francs germinal argent.
L'apothéose ce sera l'Empire avec ses guerres continuelles et ses besoins en chevaux sans cesse grandissants. Payés en beaux napoléons d'or tous neufs. L'enseigne devient "au canon impérial".
Sous la Restauration, l'enseigne est encore repeinte "au canon royal" mais le commerce périclite: il n'y a plus de guerres.
Tant pis, sa fortune est faite depuis longtemps et, faisant nommer maître de poste son premier commis, il décide de devenir rentier.
On tient table ouverte pour volontaires qui montent en ligne, dame, la Patrie est en danger.
Du scratch pour les meubles et bien d'autres choses.
That's all, Folks !
Armand dit gribeauval83
Je suis de retour avec mes figurines et une plaquette de largeur: 0,43m; profondeur: 0,40m; hauteur: 0,35m. Le titre sera expliqué dans le bref historique ci-après.
L'opportuniste, c'est un paysan très aisé qui est devenu marchand de chevaux. Sur la grand route, sa maison de maître, derrière laquelle s'étend son domaine, est situé juste en face du relais de la poste aux chevaux. C'est un homme de la terre, réaliste qui ne s'embarrasse pas de convictions: il est toujours du parti des puissants en place. Sa seule vérité est celle des écus sonnants et trébuchants. Il sait lire et écrire (avec beaucoup de fautes) mais nul ne sait mieux que lui compter les écus et les faire fructifier. La Révolution, avec ses événements précipités, est certes une époque troublée mais il sait, avec une agilité exceptionnelle, toujours retomber sur ses pattes et trouver à gagner l'oreille de ceux qui ont le pouvoir.
La fortune de notre homme a vraiment démarré un jour du printemps de 1790 où un escadron de dragons s'arrêta chez lui, sur une information reçue. Un officier demande s'il a des chevaux disponibles à vendre pour les besoins de la remonte dans le régiment. Notre homme a 25 très belles bêtes disponibles qui intéressent les militaires. Ils les retiennent sans discussion au tarif proposé. Le lendemain, ils reviennent avec une bourse d'or et la transaction est conclue. Avant de voir partir ses chevaux, notre homme, malin, fait savoir qu'il peut fournir des chevaux débourrés pour l'armée à raison de 40 à 50 têtes toutes les six semaines.
L'information est transmise au Commissaire des Guerres responsable des remontes de l'armée. La proposition de bêtes de selle est étendue aux bêtes de trait pour les attelages. C'est ainsi qu'il devient fournisseur officiel de l'Armée et que les commandes arrivent régulièrement.
La Révolution devient de plus en plus dure et, après la fuite du Roi et son arrestation, la guerre éclate et la France est envahie au Nord et à L'Est. Notre homme obtient d'être payé en or et non en assignats. Les besoins étant de plus en plus pressants,
les acheteurs se plient à ses exigences: il est en position de force. Malin, il s'est inscrit au Club des Jacobins de son chef-lieu et fait des dons patriotiques aux nécessiteux de sa commune, surtout les veuves de volontaires tués au feu et mère d'enfants à élever. Son activité en fait le plus gros employeur de sa contrée et sa popularité en fait un notable respecté.
Son rêve de toujours est de devenir maître de poste tout en vendant des chevaux. La chance lui sourit. Un jour, la diligence de Paris arrive sur les 8 heures et trouve porte close au relais. Il n'y a plus personne à la poste aux chevaux, ni aux écuries ni à l'auberge. Notre homme fait ouvrir la grille et, avec les chevaux de l'écurie, procède aux changements de l'attelage de la diligence qui peut repartir. Il fait constater la vacance de la charge publique de la poste aux chevaux par le comité révolutionnaire de la commune, demande sa réunion à la municipalité le jour même et fait déclarer le domaine bien national.
Il propose de faire fonctionner le relais mais non l'auberge avec les chevaux existants et ceux des siens qu'il ajoute selon les besoins.
Un député de la Convention, représentant aux Armées, s'arrête chez lui. Mis au courant de l'action du marchand de chevaux, il le félicite, lui fait décerner un certificat de civisme et la Convention lui accorde une indemnisation pour son activité au relais et ses fournitures de chevaux. La Direction des Postes le nomme maître de poste et, au tribunal du chef-lieu, lorsque le domaine "bien national" est mis aux enchères, il rachète le tout et le paye en assignats, c'est-à-dire en monnaie de singe. On sait qu'il est malin. Son rêve est réalisé et il devient encore plus riche car son commerce est florissant. Il rafle tous les chevaux de la contrée avec un argument imparable: "Je vous achète vos bêtes à un juste prix. Votre intérêt est de vendre plutôt que de voir vos bêtes réquisitionnées sans indemnisation".
Entre-temps, notre homme s'habille en sans-culotte sans crainte du ridicule et, aux volontaires qui montent au front, il tient table ouverte. Il finance les repas offerts par la commune aux indigents. Son enseigne "au canon royal" devient "au canon de la nation"
Curieusement, sa popularité ne lui attire pas d'envieux ni de délateurs. Mais une enquête et des langues qui se sont déliées apprennent aux villageois que l'ancien maître de poste s'est enfui, soudoyé par un aristocrate des environs, gros propriétaire mais surtout agent royaliste en intelligence avec l'Angleterre et recherché pour cela par le Comité de Sûreté Générale. La femme et tout le personnel avait fui également. Pour l'époque, c'est la peine de mort sans discussion.
Lorsque Robespierre tombe, l'opportuniste respire un peu mais continue ses activités, avec un seul regret, l'impécuniosité du Directoire qui lui paye mal ou très tard ses chevaux.
Sous le Consulat, Bonaparte remet de l'ordre dans la maison France et les paiements reprennent régulièrement, en francs germinal argent.
L'apothéose ce sera l'Empire avec ses guerres continuelles et ses besoins en chevaux sans cesse grandissants. Payés en beaux napoléons d'or tous neufs. L'enseigne devient "au canon impérial".
Sous la Restauration, l'enseigne est encore repeinte "au canon royal" mais le commerce périclite: il n'y a plus de guerres.
Tant pis, sa fortune est faite depuis longtemps et, faisant nommer maître de poste son premier commis, il décide de devenir rentier.
On tient table ouverte pour volontaires qui montent en ligne, dame, la Patrie est en danger.
Du scratch pour les meubles et bien d'autres choses.
That's all, Folks !
Armand dit gribeauval83