HMS Rodney [scratch 1/72°] de Stéphane POTTIER

Bonjour,
Un nouveau sujet commencé en février dernier, et sur lequel je peux d'ores-et-déjà montrer quelques étapes. C'est un HMS Rodney au 1/72°, donc trois mètres de long : l'esthétique très particulière de ces navires m'a toujours fascinée, dès l'enfance (j'ai 56 ans), et j'avais toujours prévu d'en réaliser un à une assez grande échelle.

Etant designer industriel de profession, son image résultant directement de sa conception et de son cahier des charges d'origine ne pouvait que me motiver !

Je réalise cette maquette avec une certaine philosophie personnelle dont je donne ici les grandes lignes :
- pourquoi le Rodney : je le construis dans ma maison à 2km d'Omaha Beach, et je pense que l'on pouvait clairement entendre de là ses 406 mm au matin du 6 juin 1944
- fabrication scratchbuilt à 95% : je n'achète dans le commerce que de petits éléments répétitifs et fastidieux à réaliser en "scratch"
- documentation : un jeu complet de plans au 1/72° achetés chez ProfileMorskie en Pologne. A part cela, j'ai dû collecter au fil des années tout ce qui a pu être publié sur le sujet, plus de nombreuses photos sur le web
- économie : par jeu, j'aime faire ces maquettes avec un minimum de moyens, voire de la récup' : je suis par exemple un grand acheteur de caddies entiers de chutes de bois (15 € chez Bricomarché) dans les rayons "découpe" des grandes surfaces de bricolage...
- exactitude : je ne suis pas un geek du nombre de rivets, donc je m'autorise quelques licences, entre autre sur les diverses configurations du navire au cours de sa vie, choisissant les détails qui me plaisent le plus. Exemple : la catapulte et son Walrus sur la tourelle X, démontés en 1942, cohabiteront avec certains armements simplement mis à jour en 1943... C'est encore une fois mon choix personnel, et je ressens aucun besoin de m'en justifier 
- waterline : je ne fais que des maquettes statiques, et je pense (c'est personnel) que l'image d'un navire s'apprécie de cette façon, d'où ce choix

Je commence donc par "l'épine dorsale" de la coque, un bon tasseau de 2,50m bien droit (celui-ci il a bien fallu l'acheter), puis tous les couples découpés dans les fameuses chutes... Les photos montrent tout ceci "en l'air", mais bien entendu le positionnement a été fait sur une surface rigide et plane !

Bien, deuxième étape donc, consistant à habiller les faces du squelette pour en faire un caisson très rigide et maîtrisé géométriquement, car ce sera la base de toute la maquette : de la rigueur donc à ce stade...

Habillage du dessus et du dessous (toujours les caddies de chutes de découpe...), vissé-collé sur les couples en CP de 10 mm. Le poids n'a aucune importance en statique, encore qu'un Rodney au 1/72° peut déjà représenter une certaine masse à manipuler ! 

Ensuite habillage des flancs en CP de 2mm (acheté celui-là), les zones non développables de la proue et de la poupe étant traitées avec ce même CP découpé en bandes de 10mm.

Stéphane,

Je vais suivre avec d'autant plus de plaisir que j'aime ta "philosophie".

L'achat d'after market semble être aujourd'hui la règle pour de nombreux : ponts en bois, photo-découpe, ajouts en résine, etc.  Loin de moi critiquer cette façon de faire : chacun fait ce qu'il veut puisque nous sommes dans le domaine des loisirs et du plaisir personnel !

P.-H.

Au 1/72 !

Seigneur....

Je vais suivre ceci avec grand intérêt, surtout que ta démarche personnelle le mérite.

Bon travail

Bonjour Stéphane,
Voila un sacré beau morceau   Je suis curieux de connaitre le poids qu'atteindra ton modèle une fois terminé  
Il faut prévoir aussi un grand espace de stockage, ce qui n'est pas simple, bref, je vais suivre ta réalisation  
Jean

Bonjour,

merci pour vos encouragements, je vais publier la suite car les choses ont avancé depuis...

Merci également pour l'espace entre les photos : comment puis-je le gérer moi-même pour la suite ?

Cordialement.

Donc, voici la suite.

Après premier ponçage et rebouchage des défauts de planéité au Sintofer (pas de photos pendant cette phase), j'ai traité les deux faces latérales de la coque en stratification, résine polyester et mat de verre. Le but est d'obtenir une surface bien plane et régulière, avec une bonne surface de prise pour l'habillage de surface réalisé en carte plastique. Barbouillage général également au Rustol pour imperméabiliser sur le long terme (bouche-pore) et offrir une surface "collable".

Ensuite, le calepinage représentant les différentes épaisseurs de la "peau" de surface de la coque est réalisé en carte plastique de deux épaisseurs différentes, 0.5mm et 1mm, découpée selon le plan de coque. Un traçage précis a été réalisé au préalable directement sur la coque (avec les espaces d'1mm), et les bandes de carte sont également découpées très précisément.

Les pièces de carte plastique sont ensuite collées une à une à la Cyano, en maîtrisant les intervalles et espaces avec des cales ensuite rapidement retirées.

Pour la représentation des trois types d'éléments apparents sur la surface de la coque (hublots, bouchons de blindage et câble de dégaussage), fidèle à la philosophie exposée plus haut, j'ai longuement cherché sur le web des petites pièces mécaniques aux dimensions correspondantes. Je me refusais en effet à acheter pour 150 € de hublots décolletés en laiton...

J'ai donc trouvé sur le EBay Chinois Alibaba des rivets et riveklés aluminium aux dimensions recherchées : 5 € les 500 pièces (!), 3 ou 4 € de port, le tout livré sur mon bureau deux semaines plus tard : imbattable...

Idem pour les pièces de tenue du câble de dégaussage : une boîte d'agrafes de bricolage du commerce, les plus étroites (5mm). Là aussi, 5 €, et j'ai de quoi faire quatre ou cinq bateaux comme celui-ci !

Ensuite, beaucoup de traçage, pointage, perçage et collage, et surtout de la rigueur car je ne déteste rien moins que ce type d'éléments mal alignés...

Dernière étape pour le moment, correspondant aux travaux d'il y a quelques jours : pour me changer les idées, j'ai commencé le volume porteur des superstructures.

Là aussi, j'ai depuis quelques années arrêté ma méthode pour un bon rapport qualité/satisfaction du modéliste (le seul critère qui m'intéresse, sinon tout ceci ne sert à rien !) : base structurelle CP, habillage de surface carte plastique.

Cela permet d'apporter tout le détail souhaité à ce qui est apparent (dont les détails de pavois ou de pare-lames en 3/10° ou 5/10°), sans se soucier de l'intégrité structurelle sur le long terme, assurée par l'âme en CP.

En effet, la carte plastique, comme tout matériau aggloméré tel le medium, a la caractéristique de "fluer" sous contrainte, c'est-à-dire de se déformer. Le seul matériau plastique qui ne flue pas trop est le PMMA (Plexiglas), mais il est dur à travailler, et cassant dans les très petites épaisseurs.

Ce sont des choses que j'ai apprises lors de mes études de design vers 1980, et mes maquettes en plexi de l'époque n'ont pas bougé.

Donc à nouveau traçage soigné, assemblage sur une base stable et rigide pour garantir une bonne géométrie de base, sinon c'est la sanction, jusqu'au bout du chantier, d'un ensemble tout de travers... Usage intensif et permanent de l'équerre pour les mêmes raisons.

Mes encouragements également . Les maquettes de cette taille ne sont pas courante en waterline et je trouve ce choix très intéressant .

Pierre

Beau et impressionnant !!!

Eh beh...

comme les copains, je prends un siège pour profiter de ce montage

Je suis un peu comme toi, je trouve les navires (et surtout les cuirassés) plus jolis en waterline
mais ca doit venir de ma passion pour le 1/700

Petit essai pour l'espacement des photos... On reste dans le sujet quand même. Je pense que c'est bon, j'envoie !

Démat
Voilà une sacrée bête Bon courage pour ce montage

Beuh... Pas de copyright... ces photos ont été glanées sur le web au fil du temps pour un usage tout à fait personnel (la maquette objet de ces envois) et j'avoue ne pas y avoir réfléchi en les mettant en ligne ! Désolé si j'ai commis une erreur, je ne suis pas très coutumier des règles des forums.

Je pense qu'il est assez facile de les retrouver, comme je l'ai fait, en Gogolant "images" avec "HMS Rodney" ou "HMS Nelson".

Même si j'ai certaines de ces photos depuis des années et que je regarde régulièrement, j'en trouve encore régulièrement de nouvelles (ou tout au moins qui n'avaient pas encore été scannées et chargées sur des sites ou forums). Il faut néanmoins chercher sur les sites Anglo-Saxons, il n'y a bien entendu rien en Français sur un tel sujet !

Chantier hors norme que je vais suivre avec beaucoup d'intérêt... Bon courage pour la suite...

Bonjour,

merci pour tous vos encouragements, même si comme vous tous je suis ici pour le pur plaisir...

Je reviens sur quelques aspects évoqués dans les échanges, dont l'échelle et le temps.

Pour l'échelle 1/72°, c'est en fait presque une solution de facilité ! J'aime les maquettes très détaillées et avec la finesse nécessaire (c'est-à-dire pas avec des pavois qui font 30 cm d'épaisseur échelle 1), et je n'ai tout simplement pas l'habileté manuelle (ni la vue) nécessaire pour les extraordinaires réalisations que je peux voir au 1/350° ou même au 1/700°. J'admire vraiment, mais j'en suis juste incapable... Les grandes échelles (disons à partir du 1/100°) autorisent détails et respect de l'échelle sans avoir un diplôme d'horloger et une vue de pilote de chasse !

Ensuite, j'aime bien les assez grandes maquettes, et là je peux en retracer l'origine dans mon passé de petit Parisien des années 60 qui passait ses jeudis au Musée de la Marine, à l'époque de sa grandeur maintenant largement disparue (ceux qui connaissent comprendront). J'ai entre autre le souvenir très vif du Richelieu au 1/100°, qui me fascinait : il était à l'époque isolé au centre d'une des salles, et non relégué comme actuellement au fond d'une vitrine murale collective. Je le regardais avec ma taille d'enfant, et il semblait alors immense... J'ai toujours sa "Monographie" du Musée de la Marine (avec les plans au 1/100°), achetée au début des années 70 après plusieurs semaines d'économie d'argent de poche. Le Heller au 1/400° a d'ailleurs dû être ma première "grosse" maquette, je me souviens l'avoir acheté 65 NF de l'époque (vers 72 ou 73 probablement) après en avoir longtemps rêvé.

Enfin le temps : je me donne entre cinq et dix ans pour la réalisation, d'ailleurs sans objectif particulier. L'âge rend plus patient, et je n'ai plus comme autrefois l'envie de "finir avant d'avoir commencé", avec comme corollaire un certain bâclage... De plus cette échelle donne énormément d'opportunités de traitement du style "maquette dans la maquette", c'est-à-dire par exemple de traiter une cheminée ou une tourelle comme une réalisation en soi, avec un résultat satisfaisant à assez court terme. Cela évite l'éventuel découragement du chantier que l'on ne voit pas avancer quand on prend tout de front en même temps...

Voilà pour les digressions, qui intéresseront peut-être quelques-uns d'entre vous et y trouveront une résonance : ce passe-temps n'est pas innocent dans nos vies, il correspond à une recherche et à un besoin (comme toute activité de loisir librement choisie), et j'aime à y réfléchir un peu.

Bonne journée à tous !

Monstrueux pour du "waterline" waouh !
.....Mais comme il aurait pu être magnifique sur l'eau
Bon courage !

Ah, statique ou naviguant, vaste débat... Personnellement je suis 100% "statique et waterline" pour ce genre de bâtiments, car je n'ai jamais eu le sentiment d'une vision convaincante d'une maquette navigante à petite échelle : vitesse totalement irréaliste (cuirassés hors-bord...), mouvements sur les vagues comme un youyou de 3m...

J'ai un projet à plus long terme pour une maquette navigante : une Elco 80 au 1/10°. J'ai modélisé la coque en 3D à partir de sections des plans d'époque, et là je pense pouvoir avoir un rendu du déplacement assez réaliste en terme de vitesse et d'attitude sur l'eau.

A nouveau j'exprime ici une position totalement personnelle - mais j'aime partager mon point de vue, l'argumenter, et participer au débat - et je respecte totalement toute autre position. A nouveau nous sommes dans une activité de loisir sans interaction sur la vie des autres, et seul le plaisir personnel qui en est retiré compte !

Point de vue particulièrement bien argumenté... et que je partage pour beaucoup...

salut,superbe cette maquette j'adore ces gros navire moi ,vivement la suite
a+

Stéphane POTTIER a écrit:

Bonjour,

merci pour tous vos encouragements, même si comme vous tous je suis ici pour le pur plaisir...

Je reviens sur quelques aspects évoqués dans les échanges, dont l'échelle et le temps.

Pour l'échelle 1/72°, c'est en fait presque une solution de facilité ! J'aime les maquettes très détaillées et avec la finesse nécessaire (c'est-à-dire pas avec des pavois qui font 30 cm d'épaisseur échelle 1), et je n'ai tout simplement pas l'habileté manuelle (ni la vue) nécessaire pour les extraordinaires réalisations que je peux voir au 1/350° ou même au 1/700°. J'admire vraiment, mais j'en suis juste incapable... Les grandes échelles (disons à partir du 1/100°) autorisent détails et respect de l'échelle sans avoir un diplôme d'horloger et une vue de pilote de chasse !

Ensuite, j'aime bien les assez grandes maquettes, et là je peux en retracer l'origine dans mon passé de petit Parisien des années 60 qui passait ses jeudis au Musée de la Marine, à l'époque de sa grandeur maintenant largement disparue (ceux qui connaissent comprendront). J'ai entre autre le souvenir très vif du Richelieu au 1/100°, qui me fascinait : il était à l'époque isolé au centre d'une des salles, et non relégué comme actuellement au fond d'une vitrine murale collective. Je le regardais avec ma taille d'enfant, et il semblait alors immense... J'ai toujours sa "Monographie" du Musée de la Marine (avec les plans au 1/100°), achetée au début des années 70 après plusieurs semaines d'économie d'argent de poche. Le Heller au 1/400° a d'ailleurs dû être ma première "grosse" maquette, je me souviens l'avoir acheté 65 NF de l'époque (vers 72 ou 73 probablement) après en avoir longtemps rêvé.

Enfin le temps : je me donne entre cinq et dix ans pour la réalisation, d'ailleurs sans objectif particulier. L'âge rend plus patient, et je n'ai plus comme autrefois l'envie de "finir avant d'avoir commencé", avec comme corollaire un certain bâclage... De plus cette échelle donne énormément d'opportunités de traitement du style "maquette dans la maquette", c'est-à-dire par exemple de traiter une cheminée ou une tourelle comme une réalisation en soi, avec un résultat satisfaisant à assez court terme. Cela évite l'éventuel découragement du chantier que l'on ne voit pas avancer quand on prend tout de front en même temps...

Voilà pour les digressions, qui intéresseront peut-être quelques-uns d'entre vous et y trouveront une résonance : ce passe-temps n'est pas innocent dans nos vies, il correspond à une recherche et à un besoin (comme toute activité de loisir librement choisie), et j'aime à y réfléchir un peu.

Bonne journée à tous !

bonjour Mr  Ppottier pour ma part dans ces année la outre le richelieu le terrible, mogador  et autre george Leygue me faisait bien réver aussi quant a leur présentation n'en parlons pas 

 votre projet est intéressant je vais suivre 

bon courage pour la suite

claude

Bonjour beau modèle je vais suivre. Amitié

Du gros et du lourd une autre approche de notre passion et j'aime moi aussi "Le grand" mais le mini m'a accaparé et j'en suis devenu amoureux J'aime tes idées et l'approche que tu en as pour les réaliser
Celle-ci est partie pour être un super montage qui va être très intéressant pour moi de suivre de par sa taille et les techniques employées 
Je m'installe avec les copains et je te souhaite une bonne suite

Merci pour vos commentaires : paradoxalement je considère - comme je m'en suis expliqué plus haut - le 1/72° plutôt comme une solution de facilité, eut égard à mes attentes en terme de détail et mes propres capacités !

J'avais également oublié d'ajouter, même si c'est vrai pour toutes les échelles standard, que cette échelle donne accès à beaucoup de productions d'accessoiristes Anglais (chandeliers en photodécoupe et autres petites pièces), sans parler bien entendu du Walrus sur sa catapulte de la tourelle X, qui n'existe qu'à cette échelle dans le commerce.

Stephane bonjour,

Comme je l'ai écrit , je suis ce montage avec beaucoup de plaisir.

Une petite question : sur la coque, pourquoi un espace entre les plaques d'acier ?

P.-H