Bonsoir,
Quelques aperçus de ce que peut la volonté d'un Souverain (des mers) :
Saviez-vous que le
Sovereign of the Seas a dû être restructuré à mi-parcours de sa longue existence pour remédier à son instabilité imputable à son poids excessif dans les hauts : pour l'alléger et améliorer sa tenue à la mer, tout le troisième pont avait alors été rasé, avec, bien sûr, les sculptures qui l'encombraient au niveau des pavois
Les contemporains avaient d'ailleurs surnommé ironiquement la première version
le Diable doré...
Il y a eu pire dans la mégalomanie : je pense à François Ier, jaloux du paranoïaque Henri VIII d'Angleterre qui avait fait bâtir un vaisseau surnommé
Great Harry (son vrai nom était
Henry grâce à Dieu, en toute modestie) avec un grand mât de 60 m de haut, pour épastrouiller la galerie, et dont certaines voiles, perchées en haut d'un invraisemblable fouillis de cordages, étaient impossibles à manoeuvrer
Alors, notre bon Roi commanda le même à ses chantiers, sauf qu'il demanda (imposa, devrais-je plutôt écrire) à ses "architectes" de doubler la taille du Great Harry, c'est ça la mégalomanie...
Manque de bol, comme c'était impossible avec les moyens de l'époque, il se contentèrent d'en doubler le tonnage
Et là, patatras : bien qu'ayant attendu les grandes marées, le jour de l'inauguration, la Grande Françoise (quelle ironie, encore...) ne put jamais franchir la passe du port du Havre pour gagner la haute mer : quand le Roi commande, le cerveau du courtisan, fût-il architecte naval de surcroît, s'arrête instantanément de fonctionner, c'est bien connu
Ce monstre improbable fut démoli après avoir été couché par une tempête, abandonné au bord d'un quai, et le bois récupéré permit de bâtir tout un quartier de la vieille ville du Havre
Plus tard, Louis XIII eut
la Couronne, vaisseau si médiocre que sa carrière de monstre marin ne dura pas plus de deux ou trois ans, en ayant failli tuer ses occupants à chaque sortie : à bord, la chambre royale était plus grande que celle du Louvre !
Toujours dans la saga des m'as-tu-vu, il y eut le célèbre Wasa, avec sa fin déchirante et ridicule, le jour de son lancement
Plus près de nous, l'insubmersible Titanic
Je m'arrête là, non sans jeter un regard inquiet vers le dernier-né de cette folie du gigantisme : le fameux (et mal nommé) Harmony of the Seas, la super barre HLM des océans...
J'espère vous avoir diverti un court instant avec cette mini-chronique de la folie ordinaire
La morale de cette fable (qui nous ramène à notre sujet, le modélisme naval) est que sur de tels modèles, vous auriez bien tort de brider votre créativité, même dans la plus grande fantaisie, vous êtes sûr de rester dans le sujet...
Amitiés,
Christian