:pirat: Merci à tous et en particulier à AD'HOC pour sa documentation remarquable (a la fin je joindrai des photos également)
Bon on se rapproche de la fin justement..accrochez vous!
Il se dégage de ce message une drôle d’impression, comme si le führer lui-même semble ne plus y croire. Il faut dire que depuis l’affaire du Graf Spee et des pertes en Norvège, il se méfie des combats navals.
Haloïs Haberditz tente de s’endormir. Il pense à ces histoires de marins mitraillés en mer par les Anglais. Vaut-il mieux mourir ou être capturé ?.
Von Müllenheim-Rechberg lui ne fait guère d’illusions. Le Bismarck est trop loin de la France et désemparé pour espérer le moindre secours. Peu de temps auparavant en pleine tempête, il avait aperçu un destroyer au télémètre stéréoscopique s’approcher pour lancer ses torpilles (le Cossack).
Dans la salle des machines, les orifices de ventilation sont bloqués et l’air n’est pas renouvelé. Les hommes sont épuisés et n’ont pas mangé depuis des heures, à part un peu de chocolat mélangé à de la caféine.
—Nous allons crever là dedans ! marmonne Hans Zimmermann.
En poste dans la salle des chaudières il transpire abondamment dans sa combinaison de cuir. Hans doit surveiller les conduits d’alimentation. Au bout de plusieurs heures exposé à la chaleur, il ne tient plus et sort de la salle pour griller une cigarette. Immédiatement d’autres mécaniciens font de même.
— Vite fait les gars, on risque 28 jours de cachot !
En réalité malgré l’interdiction formelle, les officiers ferment les yeux. A bord du Bismarck chacun pense à sortir de cet enfer.
Herbert Wohlfarth à bord de l’U556 n’est toujours pas parti. Il veut rameuter les autres sous marins et lance des messages à tout va pour sauver son cuirassé. Un destroyer fonce sur lui l’obligeant à plonger. Dans cette tempête l’Anglais a du mal à balancer ses charges et Wohlfarth peut rester sur place à surveiller les combats.
A bord du Bismarck les hommes sont harassés par la chaleur et le manque de sommeil. La peur se lit sur les visages, car le cuirassé ne manœuvre plus et se déplace au gré de la tempête.
Comment faire pour échapper aux Anglais ?. Se demande l'équipage.
Adolf Eich est témoin d’une scène étonnante. Le lieutenant Aengeneyndt lui a donné la permission de monter sur le pont pour respirer quelques minutes. Il voit l’amiral Lutjens et Lindemann sourire aux lèvres décerner la croix de chevalier au premier officier d’artillerie Adalbert Schneider.
—Pour votre rôle dans le naufrage du Hood. Dit l’amiral.
Schneider droit comme un I est aux anges. Il ne s’attendait pas à ça !.
Lutjens semble détendu et Eich s’empresse de redescendre :
—L’amiral a décoré Schneider de la croix de chevalier !.
—C’est vrai ?. Demandent en cœur les autres marins.
—Oui, et il est souriant !.
Ca c’est vraiment un événement plus que la décoration. Si l’amiral sourit c’est qu’il y a un espoir.
Du coup, le moral remonte en flèche parmi les hommes.
27 mai 6h :
On ouvre les entrepôts du navire et les marins peuvent se servir. Chacun sait ce que cela signifie. C’est le signe de la fin.
—Stoppez les machines. Ordonne Lutjens.
Gerhard Junack proteste. Le navire tangue fortement et ça sera pire à l’arrêt mais surtout le fait de stopper va mettre les turbines en surchauffe et même les déformer si on ne libère pas progressivement la pression. Il demande :
—Puis-je faire une marche au ralenti ?.
Le capitaine Lindemann fait une réponse surprenante :
—Faites comme vous voulez !!.
A bord de l’U556 on voit avec soulagement l’arrivée de l’U47 qui a répondu à son appel.Enfin on va pouvoir faire quelque chose pour le Bismarck. Les deux commandants s’envoient des signaux.
—Sommes endommagés par grenades sous marines. Impossible utiliser torpilles ! Dit l’U47.
Wohlfarth en trépigne de rage. Néanmoins les 2 sous marins restent à proximité pour guider les renforts arrivant de tous côtés. Finalement complètement à court de carburant l’U556 quitte les lieux en donnant la dernière position du cuirassé(Wohlfarth recevra la croix de chevalier pour son assistance au Bismarck).
Lutjens réunit Lindemann et ses officiers et leur dit d’une voix grave :
—J’ai l’intention de sauver le journal de bord du Bismarck afin que le grand amiral Raeder ait connaissance des détails de l’opération Rhin. Faites préparer un Arado pour rejoindre la côte Française.
Aussitôt on apporte le précieux document à bord de l’hydravion. Un pilote monte à bord.Moteur en marche, il fait signe qu’il est prêt. Mais la catapulte refuse de fonctionner. Les conduites d’air comprimé ont été faussées par les tirs du Prince of Wales. Document et pilote redescendent.
—Inutile de garder cet avion bourré de carburant à bord. Balancez le à la mer !.Ordonne Lindemann.
On replie les ailes de l’Arado, perce ses flotteurs puis l’hydravion est poussé par-dessus bord.
—Demandez au groupe ouest que tout sous-marin situé à proximité, vienne chercher le journal.Demande Lutjens.
Trop tard pour l’U556. Aucun sous marin ne se présente.
27 mai 8h :
Le jour est levé.
« Pourquoi les Anglais n’attaquent-ils pas » ?. Se demande Müllenheim Rechberg.
Il s’arrête au carré des officiers où les hommes sont attablés dans une atmosphère lugubre.Les regards sont vides. La nourriture est avalée machinalement comme si c’était une corvée.
Rechberg monte sur la passerelle et tombe sur Lindemann équipé de son gilet de sauvetage. Il le salue, mais le capitaine ne lui rend pas son salut. Pourtant Rechberg l’a servi en tant que major aux chantiers Blohm et Voss de Hambourg.
Lindemann finit son petit déjeuner, le regard ailleurs tourné vers l’océan. Il semble écrasé par son destin et l’ampleur de sa tâche. Ses conflits avec l’amiral l’ont fait douter de sa capacité à commander un tel navire. Lui-même aurait-il fait mieux ?.
Par contre l’amiral arrivant sur la passerelle, croise Rechberg et lui rend son salut mais reste aussi muré dans son silence.
—Alerte navires ennemis en approche !.
Les sirènes hurlent et les hommes se précipitent abandonnant leur déjeuner.
Lutjens et Lindemann fixent l’horizon à la jumelle.
—Ils arrivent par l’ouest, vent arrière. Ce sont des malins, le Bismarck se détache parfaitement devant le soleil levant. Remarque l’amiral.
—Et ils arrivent de face. Ajoute Lindemann.
Deux gros navires de guerre (le Rodney et King George V) arrivent à toute allure et commencent à tirer.
—Feu à volonté. Ordonne Lutjens.
A+